15 juin 2021

Le Jardin des silences




Un bal secret au coeur de l’hiver, une violoniste dont les notes soulèvent le voile des apparences, une dresseuse d’automates dépassée par sa création : à travers ces douze textes ciselés, découvrez ou retrouvez l’univers envoûtant de Mélanie Fazi, auteure rare à la plume délicate, qui joue des mots émotions avec une justesse bouleversante.



Pourquoi ce livre ? Très étrange d'en prendre conscience, j'ai découvert Mélanie Fazi par le biais de ses traductions, puisqu'elle s'occupe des dernières œuvres de Brandon Sanderson. Amoureuse de sa simplicité de style, de ses tournures poétiques aussi, j'avais très envie de me plonger dans un livre issu de sa propre imagination.

Ma première incursion concerne ce recueil de nouvelles, Le Jardin des silences. Attirée par sa couverture autant que par les commentaires sur Livraddict, j'étais très curieuse des différents textes rassemblés.

On commence notre exploration avec Swan le bien nommé. Un sujet fort, celui d'une famille recomposée dont la belle-mère tient le mauvais rôle de la marâtre des contes de fées. Le titre de la nouvelle coupe un peu la surprise, j'ai toutefois bien aimé l'ensemble même si j'ai eu l'impression de lire un résumé de Soeur des cygnes, entre le cygne, l'épreuve du tissage, le mutisme… Les enchaînements dans la narration sont très étranges, on suit difficilement le passage d'un état à un autre, je ressors néanmoins confiante quant à la suite. (14)

L'Arbre et les Corneilles fut une bonne lecture pleine d'émotions et de nostalgie. Un point ne m'a pas touchée, ne souhaitant pas d'enfant, toutefois j'ai trouvé la revisite de la madeleine de Proust bien formulée, bien retranscrite. C'est court et poétique. (15)

Je ne m'attendais pas à découvrir une lecture aussi touchante avec Miroir de porcelaine. Le début m'a semblé faire plonger dans un univers post-apocalyptique… et en réalité, c'est le cas, une âme en déroute après une grande catastrophe émotionnelle. Je n'étais pas préparée pour un tel revirement de situation, où les uns et les autres se déchirent pour une raison si horrible, repoussante. La détresse de la narratrice, sa solitude, sont palpables dès les premiers mots jusqu'aux derniers. Avec un ultime paragraphe qui laisse songeur… Une belle expérience. (17)

Alors même que je commençais à me dire que les hommes manquaient à l'appel dans ce recueil, L'Autre Route met en scène un père et sa fille. C'est une histoire dure, triste, tellement banale dans notre société. Une histoire de divorce et de rancœur, de souvenirs et de nostalgie. J'ai beaucoup aimé la métaphore que présente cette autre route, bien plus puissante que de simples mots. Je regrette simplement que l'homme n'est pas le beau rôle. (16)

J'ai grandement aimé les interrogations portées par Les Soeurs de la Tarasque, ce pensionnat qui "sacrifie" des adolescentes pour la sécurité de l'île. Si on comprend très vite le propos, c'est le discours indirect de ce beau-père étranger qui fait prendre conscience de la teneur de cette union avec l'Avatar. La réflexion porte ainsi sur la foi, les croyances, et tout ce que cela implique. Sur l'amour, aussi. Intéressant mais moins touchant que les précédentes nouvelles. (15)

Pour la première fois dans ce recueil, Pollen de minuit ne m'a pas du tout touchée, je ne suis jamais véritablement rentrée dedans. Une des plus courtes nouvelles depuis le début, j'ai trouvé l'idée très abstraite. À aucun moment on ne comprend ce qu'est le narrateur. On perçoit ses déboires, son envie voire besoin, mais comme je ne le partage pas du tout je n'ai jamais pu comprendre son désir, vécu comme un manque… Je suis donc malheureusement restée externe au récit. (12)

Manque de bol, j'ai trouvé que la nouvelle L'Été dans la vallée n'était pas très intéressante non plus. Le sujet traité est très personnel, sans que cela touche une sensible majorité d'individus… Oui, il y a la part de fantastique liée à tout cela, mais c'est un cas précis. On perçoit aisément la détresse de l'héroïne, sa souffrance résultant de sa différence, mais ça ne m'a pas touchée. (11)

J'ai bien aimé Le Jardin des silences, la nouvelle qui prête son titre au recueil. Une histoire d'amour à la Bonnie & Clyde, où l'émotion prend le pas sur les mauvaises actions. Le mélange passé présent est bien fait et contribue à cette ambiance onirique, cet instant de l'entre-deux. Je cherche encore la touche fantastique mais peut-être que ladite ambiance suffit à elle-même. (14)

Née du givre est une magnifique nouvelle au propos assez ouvert, le portrait d'une femme qui perd le contrôle au gré des saisons. Je ne suis pas sûre d'avoir compris le but, mais déroulé et plume splendide rendent cette nouvelle marquante. (16)

Bien que j’ai peu de chose à en dire, Dragon caché fut une lecture douloureuse dans laquelle la différence, proscrite, fait naître des actes abominables. La fin reste très belle, bien plus positive que ne le laissait présager tout le développement. (16)

Un bal d'hiver fut une lecture mélancolique, touchante encore une fois, un peu triste sans tirer sur la corde du pathos. Le sujet est fort, la mort, une famille recomposée, et le Noël des vivants qui observent les places vides. On ne s'apitoie pourtant pas, on continue à vivre et on retrouve de l'espoir dans les petites attentions, auprès des autres vivants. La touche de fantastique apporte la beauté dans cette noirceur. Sublime. (17)

Trois renards aussi touche à un sujet fort, toujours au cœur de l'actualité. Femme battue, et toujours des excuses pour le défendre, et toujours des secrets, pour se mentir et mentir aux autres. Là encore, le fantastique est une porte d'entrée vers l'espoir et le renouveau. J'ai visualisé comme les patronus dans Harry Potter, nés non pas de la baguette mais de l'archet. Grandiose. (17)



Quelques nouvelles passe-partout, pourtant je garderai un excellent souvenir de ce recueil aux messages forts et à la prose si douce, si poétique. Il est renseigné, après les textes, tous les prix gagnés par l'autrice. Je pense que ce n'était pas forcément nécessaire pour se rendre compte du talent de cette dernière : en un recueil, elle m'aura convaincue de poursuivre mon exploration dans son imaginaire, devenant pour moi une référence dans le fantastique francophone contemporain. Je vous conseille fortement cette expérience.



15/20




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