27 mai 2022

Les Livres de la Terre fracturée, tome 3 - Les Cieux pétrifiés




Le retour imminent de la Lune signifie-t-il la fin de l'humanité ou au contraire sa rédemption ? La réponse à cette question repose sur les épaules d'une femme et de sa fille. La première, Essun, entend se servir des pouvoirs qu'elle a hérités d'Albâtre pour bâtir un monde dans lequel les orogènes seraient libres. Mais pour la seconde, Nassun, il est trop tard. Elle a vu ce que le monde avait à offrir de pire, et elle a accepté ce que sa mère n'admettra jamais : qu'il est corrompu au-delà du point de non-retour, et que sa destruction est inévitable.



Pourquoi ce livre ? J'ai mis du temps à m'attaquer à cette saga. Entre les avis dithyrambiques et les abandons, je ne savais pas à quoi m'en tenir et elle a reposé peut-être deux ans sur mes étagères avant que je ne sorte le premier tome. Et puis j'ai rejoint le groupe des coups de cœur pour cet univers. Et puis le second tome fut peut-être moins bon, n'ayant plus l'apanage de la découverte, mais reste néanmoins excellent. Bref, une fois n'est pas coutume, j'ai enchaîné le mois suivant avec celui-ci, troisième et dernier opus de la trilogie.

Les Cieux pétrifiés se rapprochent énormément du précédent volume, La Porte de cristal, par son contenu. En effet, la première moitié du roman connaît un rythme assez lent. Entre la Comm d'Essun en quête d'un nouveau foyer où survivre et sa fille Nassun en route pour régler le problème de cette nouvelle Saison, nous traitons dans la poussière des chemins, avec quelques remous mais finalement très peu d'action.
Les choses évoluent énormément dans le dernier tiers, l'autrice n'hésitant pas à maltraiter ses personnages pour faire bouger les grandes lignes de l'Histoire. L'émotion est également au rendez-vous, même si ce fut moindre que ce que je craignais, étant donné que certains faits étaient prévisibles. La fin est plus tendue, avec pas mal de hasard et de violence, qui rend la toute fin vraiment surprenante. Je ne m'attendais à ça pour les personnages, à tant de dureté. C'est aussi ce qui fait le sel de cette série, l'autrice n'épargnant personne, ce qui correspond parfaitement à l'univers hostile qu'elle a pensé.
Au final, le récit m'a laissé une dernière surprise avec les rapports de Syl Anagist, permettant d'en apprendre un peu plus sur l'histoire et la génèse des Mangeurs de pierre. J'admets en avoir eu des frissons quand j'ai enfin compris qui a vouvoyé puis tutoyé Essun pendant tout ce temps !

C'est une série que j'affectionne pour sa qualité et sa régularité. On est plongé dans un univers réfléchi, construit et dévoilé pas à pas dans les précédents tomes, et même dans ce dernier opus on apprend encore pas mal de choses sur certaines ficelles, sur les saisons.

Les personnages sont parfaitement travaillés. No tout blanc ni tout noir, ils sont tellement nuancés qu'on en vient à se demander si le but de chacun sert vraiment la notion de "bien". J'ai adoré suivre Essun parce que j'ai adoré la voir trébucher, souffrir, se remettre en cause, peser le pour et le contre entre la famille et la survie de l'humanité. Ce n'est pas une bonne femme, ce n'est pas une bonne mère, c'est une excellente orogène qui maîtrise plus ou moins ses pulsions. Ses interactions avec les autres soulèvent toujours des questions ou des jugements, je pense notamment à Goa et Ykka. J'ai adoré la voir peiner pour mieux avancer.
C'est différent avec Nassun. L'autrice a davantage travaillé sur l'émotion avec elle, dans le sens où c'est une gamine qui n'a jamais connu l'amour familial et qui se raccroche à la première main tendue. De là, c'est évident que ça va de mal en pis dans sa personnalité mais c'est tellement cohérent que j'étais fascinée par elle.
Je me souviendrai à jamais de Hoa. Tellement différent, tellement imprévisible. Il est discret mais joue une place tellement importante dans cette histoire… Bref, un petit coup de cœur rien que pour lui.
Quant à Schaffa, je suis dans une position très étrange. Autant je me souviens de toute la souffrance qu'il a causée à Damaya et à tous ces autres enfants gêneurs, autant je trouve sa relation avec Nassun très touchante, d'autant plus qu'il lutte contre son besoin de tuer, ainsi condamné à une souffrance perpétuelle. On peut se dire que c'est bien peu de chose étant donné ses méfaits mais je n'arrive pas à ne pas éprouver de la compassion pour lui…

Comme pour les deux autres tomes, j'ai adoré la particularité de la syntaxe, où on a une partie de la narration en deuxième personne. On différencie très bien les deux voix narratrices et ça offre un certain charme à l'ensemble. En dehors de cela ça se lit toujours aussi bien, cela peut être une bonne porte d'entrée dans de la science-fiction, pour peu qu'on apprécie le tutoiement. Dites-vous qu'au moins, on finit par savoir le comment du pourquoi dans ce dernier volume.



Une lecture aussi passionnante que les précédents tomes. On obtient enfin les clés de l'univers, en même temps que les personnages risquent leur vie pour la sauvegarde de l'humanité. C'est un récit tendu, avec pas mal d’émotions sur la fin. Je me suis surprise à adorer des personnages qui me laissaient totalement indifférente auparavant, notamment Hoa. Et on comprend enfin d’où vient le vouvoiement/tutoiement, autant dire que ceux qui peinent à accrocher à cause de ça vont peiner jusqu’au bout - mais ça en vaut la peine ! Bref j’ai adoré !



17/20




Les autres titres de la saga :
1. La Cinquième Saison
2. La Porte de cristal
3. Les Cieux pétrifiés
- saga terminée -


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