15 oct. 2020

Jardin d'hiver




Dans le contexte du réchauffement climatique, un conflit est né en Europe entre des ingénieurs réunis sous la bannière du Consortium et des groupes écoterroristes de la Coop. Cette guerre dure depuis près de 20 ans, suite à un incident appelé " le crime du siècle ". Chaque camp a développé ses propres armes : des animaux-robots pour les ingénieurs, des plantes mécanisées pour les écologistes. L'histoire tourne autour d'une bande de contrebandiers cosaques qui récupèrent des pièces détachées après les batailles et dont la philosophie se résume à cette maxime : " Nous sommes des contrebandiers, des gens qui refusent d'appartenir à un camp au nom de notre choix d'emmerder le monde. " Un soir, ils tombent sur un inconnu amnésique au comportement étrange. Cette découverte leur fera traverser l'Europe à la recherche du passé et des germes du futur.



Pourquoi ce livre ? Il fait partie des livres que j’ai acquis en guise de salaire (un livre par jour) lors de mon stage à la librairie L’Atalante. Il m’aura fallu un challenge axé sur le mot “Jardin” pour le sortir de ma PAL, trois quatre ans plus tard.

Je l’annonce d’emblée, je suis contente d’avoir Jardin d’hiver dans ma bibliothèque. Le sujet est original, dans l’actualité, et je le trouve bien traité, point qui ne fait pas l’unanimité. J’ai vu sur Livraddict que certains déploraient son manque d’émotions, de décors, bouffés par un rythme soutenu. Je reconnais qu’on a les yeux totalement tournés dans cette lutte entre la science des ingénieurs et la science des écologistes. Et ça m’a plu, d’autant plus que j’ai personnellement réussi à m’attacher à la bande des contrebandiers, ceux qui ne s’attachent à aucun camp, même si finalement ils ne font pas toute l’intrigue, ce qui se traduit par une présence relativement restreinte dans la narration.
Dans l’agencement de l’intrigue, j’ai aimé avoir toutes les pièces du puzzle quasiment dès le départ. D’un côté les écologistes qui ont fait des végétaux une arme, de l’autre des ingénieurs qui ont fait des animaux des robots domestiques puissants (appelés daemons, si vous avez la référence). Le prologue décrit le mariage entre la cheffe écolo et un personnage puissant des ingénieurs. C’était sans compter une arme vivante, l’Épée, venant tout chambouler en tuant l’un des partis. On comprend aisément que la paix entre les deux camps, toute relative, ne sera pas pour le lendemain. À partir de là, nous allons rencontrer et suivre les trois camps jusqu’à la fin explosive.
Je préviens ceux qui, comme moi, adorent s’arrêter à un chapitre. Ils sont extrêmement longs, presque cent pages pour certains. La plupart des chapitres sont découpées en sous-partie mais je conseille de tout lire en une seule fois pour avoir la portée globale du chapitre ; il en devient plus percutant.
J’ai bien aimé la fin, même si je la trouve un peu vite balayée. Tout est construit puis utilisé à bon escient. Je n’avais pas du tout venir le twist autour de l’Épée alors que des indices étaient semés çà et là (je me suis sentie naïve, mais j’ai aimé me faire avoir !).

Comme dit auparavant, j’ai trouvé les contrebandiers attachants. Ils ne sont pas nombreux pour des matelots indépendants, ce qui m’a surpris, mais c’est pour cette raison que je les ai autant appréciés. On ne s’éparpille pas vers trente six visages, on en compte sept ou huit, on les aborde sans en délaisser aucun. Laurée est portée au premier plan alors qu’elle n’est pas forcément importante au départ, j’ai aimé son caractère libre et rieur et son évolution. Dunya m’a plu également, une sale teigne qui cache un cœur tendre. Natalia, la troisième femme et capitaine du navire, m’a également convaincue. Elle aime ses hommes et femmes, elle prend soin d’eux et n’hésite pas à le montrer, même si elle adopte parfois un ton dur pour montrer qui est le chef. Les hommes sont plus discrets, ils servent la force brute sans être de preux chevaliers. Pour les lecteurs en quête d’égalité et équité, vous serez servis avec ces contrebandiers !
J’ai également apprécié Innocent, même si je le trouve un peu trop puissant, ce qui est défendu par sa réputation.
Entre les écolos et les scientifiques, j’avoue ne jamais avoir pris position. En temps réel, j’aurais apporté mon soutien sans trop d’hésitation. Ici, le partage d’opinions est bien présenté mais j’ai trouvé que les deux partis manipulaient la technologie ou l’environnement pour en faire des objets offensifs ou défensifs, et j’ai trouvé ça à l’opposé du discours des écologistes tel qu’on le conçoit aujourd’hui. De fait, je ne me suis pas plus retrouver dans ce camp que dans celui-ci des ingénieurs.

La plume est très fluide, même si elle ne conviendra pas à tout le monde. Elle manque peut-être de personnalité, de décors, je l’ai malgré cela trouvé entraînante et chaque plongée dans le bouquin se faisait sous le joug du plaisir.



Dès le premier chapitre, j’ai eu le sentiment de me trouver dans un roman d’Andreas Eschbach, dans sa construction, l’approche de ses personnages, sa propension à se concentrer sur l’intrigue et non pas le décor. J’adore les livres de l’auteur d’origine allemande, je me doutais que celui-ci me plairait énormément, pour ses procédés et son sujet tendance et ça n’a pas manqué. Pour ses personnages attachants, le rythme, cette fin surprenante et détonante, je classe Olivier Paquet dans les auteurs que j’ai envie de suivre.



16/20





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