31 oct. 2015

Les Anges déchus, tome 2 - Crescendo

Synopsis :

            Nora aurait du deviner que sa vie était loin d'être parfaite. Même en entamant une relation avec Patch, son ange gardien (qui, malgré son nom, n'a rien d'angélique) et en survivant à une tentative de meurtre, les choses ne sont toujours pas au beau fixe. Patch prend du recul et Nora n'arrive pas à savoir si c'est pour son bien ou si ses intérêts se sont juste reportés sur son ennemi mortel : Marcie Millar. Sans oublier que Nora est hantée par des images de son père et qu’elle devient obsédée par l'idée de découvrir ce qu'il s'est vraiment passé la nuit où il a quitté Portland pour ne jamais y revenir.
Plus Nora s'enfonce dans le mystère de la mort de son père, plus elle se demande si sa lignée Néphilim n'aurait pas quelque chose à voir avec tout ça, expliquant aussi pourquoi elle semble plus en danger que n'importe quelle fille. Patch ne répondant pas à ses questions et se mettant dans son chemin, elle doit essayer de trouver les réponses par elle-même mais se reposant sur l'idée qu'elle a un ange gardien, elle prend de plus en plus de risques. Peut-elle vraiment compter sur Patch ou cache-t-il des secrets encore plus noirs que ce qu'elle peut l'imaginer ?

Mon avis :

            Etant donné le petit succès qu’a remporté le premier tome, j’étais assez curieuse de découvrir la suite, et puisque j’ai déjà la saga en ma possession, ce n’était qu’une question de jours avant que je ne me lance dans la suite des aventures de Nora (ou Patch !).

            Contrairement au premier tome, ce n’est pas vraiment la même tonalité qui nous est fait part ici. En effet, alors que je m’attendais à retrouver une tension palpable et un suspens allant crescendo (mouahahah, jeu de mots pourri…), je suis finalement restée sur ma faim pendant deux bons tiers du livre. Pendant cette première partie, l’intrigue rapporte seulement les déboires amoureux de Nora, qui a envie de Patch puis qui le jette, puis qui tombe à nouveau dans ses bras puis le rejette à nouveau (qu’on se le dise, à la place de Patch je l’aurai giflée et basta !). Un jeu de triangle amoureux se développe mais perd rapidement de son éclat. Ce n’est plus une intrigue très originale de nos jours et, si cela paraît attrayant pour un public de jeunes filles en chaleur (désolée de le formuler ainsi (ou pas)), mais c’est complètement dépassé pour un lectorat plus mature.
            Le troisième tiers se voit en revanche relevé par un aspect plus thriller, alliant rebondissements et émotions pour soulever l’intérêt du lecteur. Nora délaisse son côté pleurnicharde pour passer à l’action et obtenir enfin les réponses qui la rongent depuis le début du tome ou presque.
            La fin est également une accélération des faits, ce qui n’est pas pour déplaire car cela contraste vraiment avec le rythme lassant du début. On en revient également au parc de Delphic, un joli clin d’œil à l’intrigue du précédent tome. Et alors qu’on s’attendait à découvrir les réponses à toutes nos questions, le dernier paragraphe du livre est en réalité une ouverture sur le tome suivant, n’apportant aucune révélation mais au contraire amenant l’entrée en matière d’un personnage en chair et en os qui va accroître l’intérêt du tome suivant.
            Dans l’ensemble, que ce soit par les quelques réponses apportées ou par l’enchaînement des actions, j’ai ressenti un énorme effet brouillon, comme si l’auteure partait un peu dans un délire fantastique sans avoir dressé de plan auparavant. Dans certaines intrigues, cela passe bien auprès du lecteur, mais ici j’ai plus grimacé qu’autre chose…

            Parmi les personnages, nous retrouvons bien sûr Nora, agaçante à souhait avec son penchant à changer d’avis comme de chemises vis-à-vis de Patch. Elle se croit forte mais s’abandonne trop facilement à lui dans certains moments, si bien que j’avais souvent l’impression de découvrir le comportement d’une enfant gâtée.
            Patch, lui, est toujours aussi attirant par son côté bad boy et mystérieux, ces sourires en coin mais son air sérieux. Il est malheureusement un peu plus effacé de ce tome du fait des envies de Nora de s’éloigner de lui, ce qui est dommage puisque c’est lui qui crée toute l’intensité des émotions. Il réapparaît pourtant toujours quand on a besoin de lui, dans les meilleurs moments comme on dit.
            Quant à Vee, la meilleure amie de Nora, elle m’a tout autant agacée que cette dernière avec ses envies d’adolescente un peu stéréotypée. On croirait que l’auteure a voulu insuffler en elle un concentré de toutes les caractéristiques d’une adolescente de nos jours, et cela donne pour un résultat un cocktail assez fade finalement… La relation qu’elle noue avec Rixon, meilleur ami de Patch et jeune homme très discret, est assez surprenante mais donne un peu de piment dans ce récit.
            Un nouveau personnage entre en scène également avec Scott, qui soulève des énigmes dés sa première apparition aux côtés de sa mère. Si on comprend bien vite le rôle qu’il joue, de nombreuses part d’ombre subsistent et ne seront résolues qu’à la toute fin. Cependant, à l’instar de Patch, sous ses airs sombres et mystérieux on devine un grand cœur en mal d’affection.

            Le style est toujours aussi léger et entraînant, on se laisse porter par ce qu’on lit sans ressentir le besoin de se forcer pour connaître le fin mot de l’histoire. Autant dire qu’avec ce début chaotique quant à la vie amoureux de Nora, cela fait du bien car il aurait été difficile de terminer le livre, sinon !


            En conclusion, un tome un peu plus fade que le premier étant donné la lenteur dans la mise en route de l’intrigue. Pourtant, une fois lancée le rythme devient effréné et on retrouve le plaisir à suivre cette bataille entre Néphilims et Anges. Nora m’a agacée une bonne partie du récit mais la présence de Patch et Scott a su réveiller les intérêts du livre. La fin est tout simplement une invitation à poursuivre l’aventure, ce que je ferai d’ici quelques semaines malgré ce second tome moins bon.



Les autres titres de la saga :
2. Crescendo
3. Silence
4. Finale
- saga terminée -

Marche ou Crève

Synopsis :

            " Il m'a fallu du temps pour comprendre, mais c'est allé plus vite une fois que j'ai surmonté ce blocage mental. Marche ou crève, c'est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n'est pas une question de force physique, et c'est là que je me suis trompé en m'engageant. Si c'était ça, nous aurions tous une bonne chance. "
Ainsi Mc Vries définit-il l'horrible marathon auquel il participe ; marcher le plus longtemps possible, sans jamais s'arrêter, en respectant des cadences. Fautes de quoi, les concurrents de cette longue "longue marche" sont abattus d'une balle dans la tête.
Des cent concurrents au départ, il ne restera qu'un seul à l'arrivée qui aura, pour prix de son exploit, la possibilité de posséder tout ce qu'il désire. S'il désire encore quelque chose...

Mon avis :

            Par les mauvaises expériences que j’ai pu avoir avec deux nouvelles de Stephen King (Plein gaz co-écrit avec son fils et La Ballade de la balle élastique), j’avais envie de découvrir le style de l’auteur par un roman, afin de déterminer si c’est le style de l’auteur qui n’intéresse pas ou seulement les nouvelles.
            J’en ressors plus dubitative encore qu’avant d’avoir ouvert Marche ou crève (et ce n’est pas peu dire !).

            Pas le temps de larmoyer en ce début d’œuvre. Si les mères pleurent avant de quitter leur enfant, le lecteur, lui, ne sait pas encore ce que les jeunes hommes vont endurer et ne peut donc pas partager la douleur maternelle. Pourtant, le cauchemar va très vite basculer et l’horreur de la situation va nous sauter aux yeux.
            Car c’est bien de l’horreur dont il est question ici. Par orgueil ou ignorance, les adolescents se sont lancés à la fois consciemment et inconsciemment dans une sorte de course contre la mort, où s’arrêter de marcher à bonne allure vaut un avertissement, où trois avertissements valent un ticket. Un ticket pour quelle destination ? Votre tombe, bien sûr ! Ce système n’est sans rappeler les jeux de dépassement de soi que l’on peut voir à la télé (même si ces derniers sont néanmoins surveillés pour justement éviter tout risque de mort).
            J’ai eu beaucoup de mal à apprécier et à m’accrocher à l’intrigue. Le début est lent, les personnages apprennent à se connaître tout en sachant très bien que cela ne leur réussira pas de se faire des connaissances voire des amis. C’est lent, long et ennuyeux. Toutes les pensées sont tournées vers la marche, l’économie de l’énergie et le rationnement des vivres. Au fil des chapitres, le rythme gagne en intensité, les participants sont éliminés un par un, et la cruauté des uns n’est pas sans rappeler le proverbe « les malheurs des uns font le bonheur des autres ».
            Si je ne me suis pas sentie concernée au départ par cette marche cruelle, le style direct de Stephen King et sa manière de rapporter le moindre détail, même le plus macabre, si bien que l’on se sent happé par cette force réaliste. Dans les faits, j’ai commencé à « ressentir » la douleur des participants, au travers de leurs doutes et de leurs craintes.
            La fin est à la fois prévisible et poignante. Depuis le début on devine qui va remporter cette Longue-Marche, même si le doute survint encore à certains moments selon les péripéties qui ont lieu. Or, quand le dernier jeune homme tombe et que nous apprenons enfin le nom du vainqueur, celui-ci a un comportement tout à fait étonnant pour ne pas dire inexplicable (je crois qu’on peut dire que je n’ai pas compris cette fin, honte à moi).

Cependant l’horreur de la situation ne se consacre pas dans le jeu en lui-même, mais bien dans le fait qu’il est observé et soutenu par la population. En effet, les habitants des bourgades traversées se postent tout au long de l’œuvre le long de la route, et plus le nombre des jeunes participants s’amenuise, plus les badauds se multiplient.
            L’ironie de la situation, c’est également que le lecteur fait parti de ces badauds. En effet, en tenant le livre entre les mains jusque la fin, tenu en haleine pour obtenir le fin mot de cette longue épreuve, nous ne valons finalement pas mieux que ces spectateurs curieux ou encourageants dans le récit. Et dans cette prise de conscience, je n’ai pu que sourire, d’un sourire crispé.

             Les personnages sont multitudes dans ce livre, il est bien sûr impossible de connaître l’identité des cents participants. Si la plupart ne sont pas attachants, il faut reconnaître que certains marquent par leur force de caractère ou même par leur discrétion. Je pense là à Olson ou encore à McVries, dont la fin m’a réellement bouleversée.
            Le ballet des jours se voit et s’analyse par les pensées de Garraty, le favori de cette Longue-Marche. Si cela a permis d’en apprendre davantage sur les états d’esprit des participants, j’ai trouvé regrettable de ne pas avoir une perception interne du jeu, avec les pensées rapportées dans un discours direct, ce qui aurait été plus percutant vis-à-vis du lecteur. En effet, avec une perception externe subsiste encore une certaine distance, un gouffre entre l’horreur de cette « mascarade » et celui qui tient le livre. C’est rare que je demande après un récit à la premier personne, mais ici cela aurait été bénéfique (après, c’est peut-être cruel de ma part de réclamer un truc pareil dans un tel récit…).

            Comme j’ai pu le glisser en évoquant l’intrigue, le style de l’auteur est direct, révélateur du moindre détail scabreux. Stephen King ne cherche pas à nous épargner, et il ne nous épargne pas en effet. La plume manquait peut-être de fluidité dans le long terme, car il y a quand même certains passages où j’ai du m’accrocher pour avancer dans la lecture, ce qui est bien dommage… Mais passez un certain stade où on ne revient plus en arrière, on ne peut qu’avancer aux côtés des jeunes marcheurs.

            En conclusion, un récit aux tonalités amères où les personnages et le décor nous font ressentir toute l’horreur de la situation. Pourtant, le lecteur en tant que spectateur est tout aussi bien pris à parti que le badaud des bourgades du livre, et c’est finalement cela que je retiendrai de ce livre.


30 oct. 2015

Le Pacte des Marchombres, tome 3 - La Prophétie




Synopsis :

« L'ouverture est le chemin qui te conduira à l'harmonie.
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les forces qui constituent l'univers.
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui.
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre. »




Mon avis :

            La fin de cette aventure en Gwendalavir approche, et on commence à avancer comme à regret dans cet univers riche de découvertes et de promesses. D’un autre côté, il fut difficile de résister aux derniers pas aux côtés d’Ellana… raison pour laquelle j’en suis à poster cette chronique, d’ailleurs !
            Cela dit en passant, l’ensemble de cet avis risque d’être un flot de spoil donc les curieux qui n’auraient pas encore eu la bonne idée de tomber dans la marmite des tomes précédents feraient mieux de passer leur chemin. (Et on ne pourra pô dire que j’aurai pô prévenu !)

            Si l’on doit situer cette œuvre dans l’univers gwendalavirien, les deux premiers tomes du Pacte des Marchombres ont lieu avant les deux sagas concernant Ewilan. Si la fin du second tome laisse présager un parallèle entre les deux univers dans ce troisième tome du Pacte, ce dernier va plus loin puisqu’il rapporte la vie d’Ellana quelques années après la victoire face à la créature Amour. Des années qui furent bien mouvementées…

Le début est tout simplement incompréhensible. Alors que nous avions quitté une Ellana heureuse, épanouie, libre, dans le précédent tome, voilà qu’elle se retrouve dans cette position fâcheuse, rapportée avec tellement d’émotions et de « souffrances » par le Maître des Mots que le lecteur se voit incapable de refreiner son angoisse, voire des larmes pour les plus sensibles d’entre eux (*cache les trois paquets de mouchoirs vides*).
            Souffrance. Qu’elle soit physique, mentale, palpable et immatérielle, c’est cette émotion qui deviendra le fil conducteur de l’histoire, qu’elle concerne Ellana ou d’autres personnages. Il ne faut pourtant pas tomber dans l’idée que cette souffrance tombe dans l’obsession macabre, car ce serait se leurrer sur le pouvoir de l’auteur. En effet, ce dernier a eu l’intelligence d’agrandir l’intérêt de son récit par une alternance des temps, insérant de nombreux flashbacks, sous forme de souvenirs, pour permettre à son lecteur de faire le lien entre les aventures d’Ewilan et le moment présent où Ellana se retrouve blessée contre un arbre. Un meilleur moyen de faire monter la pression et le suspens pour connaître le fin mot de l’histoire, mais également de jongler avec l’émotion de son public, nous faisant passer de l’angoisse à la joie, de la joie à l’émerveillement, de l’émerveillement à la tension, de la tension à l’angoisse. Des larmes aux rires, des rires aux larmes. En d’autres termes, dans ces six cents pages on ne fait que revivre et comprendre les termes émotion et sensation.
            Ce tome, par l’intermédiaire de la rétrospection, permet également d’étoffer l’apprentissage de Salim, devenu un personnage à part entière, plus central (et beaucoup moins lèche botte d’Ewilan). Cela permet également à Pierre Bottero d’indiquer les similitudes et les variations dans l’apprentissage d’un marchombre, qui quoique ressemblant restera unique. L’Anh-Ju, le Rentaï, des étapes de son évolution qui ne sont pas sans rappeler celles d’Ellana (et du coup, on a envie de recommencer la saga ! Cercle vicieux, bouhouhou…).
            Le clin d’œil au sujet du monde des Petits est également l’occasion de verser sa petite larme. Oukilip et Philipip n’ont pas changé, restés insouciants et innocents malgré les ravages du temps. Et pourtant… Pourtant, ils avaient tout prévu. Et l’émotion revient, envahit le lecteur au triple galop.
            Je n’ai pas trop envie de m’attarder sur la fin, le combat final opposant Chaos à la Lumière. Si ce dernier nous offre enfin la réponse quant au nombre exact de marchombres, ça n’en est pas le plus important ici. Le plus important, c’est l’union de différents peuples, différentes civilisations rivales dans la tradition, mais qui s’allieront pour soutenir Edwin dans sa quête de vengeance (voilà voilà, vous en savez assez pour avoir l’eau à la bouche sans que j’ai besoin d’en dire plus sur l’intrigue !).

            Vous l’aurez compris, cette rétrospection permet un retour de nombreux personnages, vivants ou disparus, vus dans les sagas d’Ewilan ou dans les deux précédents tomes.
            Ellana évolue grandement dans ce tome-ci. Elle que l’on connaissait rebelle cynique, droite et fidèle, une battante à qui la simple idée de tuer pour le plaisir révulse, la voilà qui se dévoile sous un nouveau jour, entraînée par un esprit de vengeance. Prête à abandonner en début d’œuvre, c’est finalement le goût de la vengeance qui l’emporte sur sa faiblesse. Par ses émotions elle devient plus humaine, plus accessible, plus à la portée de son lecteur. Mais au fond, elle reste la même, une femme hors pair et juste.
            Salim est également mis en valeur dans ce tome. Lui qui apparaissait toujours dans l’ombre d’Ewilan, au point de passer pour un « gentil petit toutou », le voilà ici plus mature, plus évolué, plus solitaire également, bien que son attachement pour la jolie blonde aux yeux violets soit toujours d’actualité. Que cela soit du à un vieillissement ou aux progrès sur la voie marchombre, le rendu est vraiment agréablie à lire, si on compare aux sagas sur Ewilan.
            Cette dernière change également. Elle nous apparaît moins sûre d’elle, plus fragile à cause de la fluctuation de son don. Si cela contraste grandement face à ses sagas pour m’avoir fait tiquer à plusieurs reprises, cela n’en reste pas moins discret et on comprend facilement que l’auteur a voulu amoindrir son potentiel pour laisser plus de place aux capacités des autres. Effet réussi !
            Enfin Edwin, guerrier incommensurable. S’il ne faisait déjà pas très humain précédemment au vu de son potentiel, il nous apparaît ici vraiment comme une machine à tuer avec son désir de vengeance et sa volonté de retrouver ce qu’il a perdu… D’un autre côté, la douleur auquel il doit faire face l’humanise tout autant qu’Ellana, lui qui laissait peu de place à ses sentiments auparavant, ou du moins qu’il les cachait.
            Ce tome est également l’occasion de laisser place à Sayanel, personnage discret qui s’était davantage effacé lors de la trahison de Nillem. Je ne veux pas en dire beaucoup sur lui, mais c’est un personnage auquel j’accroche énormément si bien que je fus heureuse de le retrouver dans ce tome. De plus, c’est grâce à lui que l’aventure marchombre a commencé, il fallait bien qu’il fasse acte de présence de pour clore le chapitre et tourner la page (si je puis dire).

            Passons au style à présent. Mais que pourrais-je révéler de plus que je n’aurai pas déjà dit ? Le style de Pierre est de retour, toujours plus fort, au plus proche de la fluidité, la simplicité, au service de l’émotion et de la discrétion.
            Je suis tombée amoureuse de sa plume, je crois qu’aucune autre plume ne me fera jamais autant rêver et voyager que la sienne. Le penser est cruel, le clamer haut et fort tient du masochisme, mais c’est comme ça…

Un dernier grand merci au Maître des Mots, et on tourne cette fameuse page…
Pour y revenir.
Bientôt.

En conclusion, de l’émotion, de la rétrospection, de l’action. On passe par plusieurs états dans ce dernier volet, que ce soit la joie à la tristesse, de l’émerveillement à l’angoisse. Et toujours cette légèreté de la plume qui nous emmène au plus profond de notre émotion. On ne peut pas rester insensible à ces angoisses, ces pertes et ces retrouvailles. Le Pacte des Marchombres est la saga plus aboutie de l’œuvre de Pierre, et ce dernier tome est une de ses plus belles perles. Un coup de cœur, indéniablement.





"- Tu crois qu’elle reviendra cette fois ?
- Tu veux dire qu’elle reviendra pour de bon ?
- Oui, qu’elle reviendra pour de bon.
- Euh… ça je ne sais pas, en revanche je sais autre chose. Quelque chose que toi aussi tu sais.
- Et c’est quoi que tu sais et que je sais aussi ?
- Elle ne nous a jamais quittés."

Dialogue entre Oukilip et Philipip

Les autres titres de la saga :
1. Ellana
2. L'Envol
3. La Prophétie
- Saga terminée -

28 oct. 2015

Contes des Royaumes, tome 3 - Beauté




Synopsis :

            Cette fois, c'est l'histoire de la Belle au Bois Dormant qui va se prendre un petit coup de neuf ! Bien sûr, on y retrouvera tous les éléments classiques de ce conte (le beau prince, la terrible malédiction, la jeune fille endormie et le château hanté) mais de nouveau revus à la sauce moderne ! Toujours aussi drôle et sexy.




Mon avis :

            Enchantée par la lecture du second tome, j’ai enchaîné sur ce tome final sans attendre pour enfin terminer cette saga (ça en fera au moins une de faite dans toutes celles entamées !).

            Comme son prédécesseur, cet opus est l’occasion de marier divers contes connus de notre enfance, comme la Belle au Bois Dormant mais également, la Bête et la Bête, le Petit Chaperon rouge, etc. Si j’ai eu peur que ce flot de récits entraîne un effet brouillon calamiteux, avec un lecteur (moua) perdu dans les détails de tous ces contes, l’auteure maîtrise assez bien son sujet pour ne pas nous perdre dans cette broussaille. Ainsi, si certaines choses étaient prévisibles dans cette intrigue, d’autres m’ont étonnement surprise, si bien que mon intérêt allait crescendo au fil de ma lecture.
            Je fus quand même un peu plus mitigée quant à la « prolifération » des relations amoureuses. Certaines sont logiques, coulent de source (nous sommes dans un conte, et il est difficile de l’oublier). Cependant, d’autres sont un peu surprenantes, allant jusqu’à réécrire des contes célèbres. Si cela confère une tournure ironique et un joli bras d’honneur à la morale prédéfinie, il n’en reste pas moins que ce n’est clairement pas une lecture pour les lecteurs masculins.
            Et comme dans tout conte qui se respecte, heu… non, oubliez ça. Parce que si la fin est positive pour certains des personnages, alors qu’ils peuvent rentrer paisiblement au bercail avec le sentiment d’avoir accompli leur quête avec brio, il n’en reste pas moins que cette fin est triste pour d’autres. C’est le goût du sacrifice qui nous est révélé ici.

            Je n’ai pas envie de trop m’attarder sur les personnages car cela risquerait de spolier méchamment l’œuvre.
            On retrouve quand même la reine Belle et le prince, qui forme un couple équilibré où se mêlent envoûtement et schizophrénie. Si le premier intervient souvent dans les récits merveilleux, le second accentue cet effet de modernisation des contes.
            On découvre également le Petit Chaperon rouge et son amant, qui n’est vraiment chose pas courante dans les contes. Mais je ne peux pas vous en dire plus, héhé !
            Enfin, les autres personnages sont mis au service des intrigues royales et politiques, avec toujours cette séparation clairement délimitée entre le bien et le mal. Rien de très original dans cet aspect-là de l’intrigue.

            Le style est aussi léger que dans les deux précédents tomes, et j’ai pour ma part apprécié ce mélange de familiarités dans les termes, vifs et piquants. Bien sûr, ce n’est pas un style auquel on s’attache tous les jours, mais une fois de temps en temps cela fait du bien !

            Dans l’ensemble, j’ai adoré cette réécriture de contes. L’auteure fait la part des choses en respectant certains éléments clés de ces derniers tout en modernisant l’ensemble avec nos valeurs et nos coutumes actuelles, si bien que chacun peut se glisser dans la peau d’un ou des personnages. Cela n’est peut-être pas la saga de l’année, encore moins du siècle, mais j’ai apprécié la découvrir.

            En conclusion, ce conte est une fois de plus l’occasion de mélanger les récits qui ont bercé notre enfance, tout en le modernisant avec des valeurs de notre époque. Si les personnages sont parfois très blancs ou trop noirs, la plupart n’en sont pas moins attachants. Une bonne fin de saga.





Les autres titres de la saga :
1. Poison
2. Charme

3. Beauté
- saga terminée -

26 oct. 2015

#60 - 26 octobre au 1er novembre 2015



Livres loisirs :



- Terminer Le Pacte des Marchombres, tome 3 - La Prophétie de Pierre Bottero

Synopsis :


"L'ouverture est le chemin qui te conduira à l'harmonie. 
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les forces qui constituent l'univers. 
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui. 
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre." 




- Terminer Marche ou crève de Stephen King

Synopsis :

" Il m'a fallu du temps pour comprendre, mais c'est allé plus vite une fois que j'ai surmonté ce blocage mental. Marche ou crève, c'est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n'est pas une question de force physique, et c'est là que je me suis trompé en m'engageant . Si c'était ça, nous aurions tous une bonne chance. "
Ainsi Mc Vries définit-il l'horrible marathon auquel il participe ; marcher le plus longtemps possible, sans jamais s'arrêter, en respectant des cadences. Fautes de quoi, les concurrents de cette longue "longue marche" sont abattus d'une balle dans la tête.
Des cent concurrents au départ, il ne restera qu'un seul à l'arrivée qui aura, pour prix de son exploit, la possibilité de posséder tout ce qu'il désire. S'il désire encore quelque chose...







- Harry Potter, tome 5 - L'Ordre du Phénix de J. K. Rowling

Synopsis :


A quinze ans, Harry s'apprête à entrer en cinquième année à Poudlard. Et s'il est heureux de retrouver le monde des sorciers, il n'a jamais été aussi anxieux. L'adolescence, la perspective des examens importants en fin d'année et ces étranges cauchemars... Car Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour et, plus que jamais, Harry sent peser sur lui une terrible menace. Une menace que le ministère de la Magie ne semble pas prendre au sérieux, contrairement à Dumbledore. Poudlard devient alors le terrain d'une véritable lutte de pouvoir. La résistance s'organise autour de Harry qui va devoir compter sur le courage et la fidélité de ses amis de toujours..

19 oct. 2015

#59 - 19 au 25 octobre 2015



Livres loisirs :



- Terminer Le Pacte des Marchombres, tome 3 - La Prophétie de Pierre Bottero

Synopsis :


"L'ouverture est le chemin qui te conduira à l'harmonie. 
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les forces qui constituent l'univers. 
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui. 
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre." 





- Marche ou crève de Stephen King

Synopsis :

" Il m'a fallu du temps pour comprendre, mais c'est allé plus vite une fois que j'ai surmonté ce blocage mental. Marche ou crève, c'est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n'est pas une question de force physique, et c'est là que je me suis trompé en m'engageant . Si c'était ça, nous aurions tous une bonne chance. "
Ainsi Mc Vries définit-il l'horrible marathon auquel il participe ; marcher le plus longtemps possible, sans jamais s'arrêter, en respectant des cadences. Fautes de quoi, les concurrents de cette longue "longue marche" sont abattus d'une balle dans la tête.
Des cent concurrents au départ, il ne restera qu'un seul à l'arrivée qui aura, pour prix de son exploit, la possibilité de posséder tout ce qu'il désire. S'il désire encore quelque chose...



18 oct. 2015

Contes des Royaumes, tome 2 - Charme





Synopsis :

            Rappelez-vous les horribles belles-soeurs, le carrosse magique, le bal enchanté, la pantoufle de verre et l’éternel amour né au premier regard… et à présent, ouvrez ce livre et plongez dans la véritable histoire de Cendrillon, telle qu’elle n’a jamais été révélée… Cendrillon, le conte de fées revisité : cruel, savoureux, et tout en séduction.




Mon avis :

            Un peu déçue par le premier tome, les suivants étaient tout de même assez courts pour que j’ai l’envie de les découvrir. Et puis comme je les avais déjà achetés, je me sentais un peu obligée de m’y mettre !
            Ma lecture quant au second tome fut bien plus savoureuse, quoiqu’il manque toujours un petit quelque chose sans avoir déterminé quoi.

            Comme l’indique la quatrième de couverture, ce second tome se penche sur l’histoire de Cendrillon, que nous visualisons tous comme une jeune felle lésée depuis sa plus tendre enfance, rabaissée au rang de servante par sa belle-mère sévère et martyrisée par les belles soeurs. Or dans ce roman, Sarah Pinborough nuance cela sans toutefois tomber dans l’inverse pur et dur, où Cendrillon serait choyée, etc (ce qui m’aurait très vite ennuyée). Non, Cendrillon garde son statut de femme servile, qui a néanmoins développé une certaine estime de soi au point de se plier à n’importe quel moyen pour obtenir son vœu le plus cher sans réfléchir à la conséquence de ces actes, ce qui la rend finalement plus attachante (quoique un peu irritante par moment) et humaine, puisque finalement elle possède et étend son égoïsme comme on pourrait nous-mêmes le faire.
            J’ai également apprécié, plus que dans le premier tome, les allusions et les passages sexuels. Ce n’est pourtant ce que je recherche le plus dans un roman, mais je trouve que cela confère ici une représentation plus humaine et réaliste de ces jeunes femmes qui se laissent guider par leurs pulsions, alors que cette caractéristique humaine et naturelle est complètement délaissée dans les vrais contes (eh bien, oui il ne faut pas choquer la jeunesse après tout !).
            De plus, la seconde moitié du livre diverge complètement du conte lié à Cendrillon puisque nous retrouvons des personnages et une situation bien connus du précédent tome, mélangeant ainsi les contes de notre enfance et complexifiant a minima cette intrigue. Selon moi, c’est un grand plus pour ce livre, car Sarah Pinborough a pris un risque en osant cela et s’en sort tout de même très bien. Et la relation Lilith et Blanche Neige est tout simplement exquise, très représentative de la société actuelle et des changements qu’elle subit.

            Les personnages sont pour la plupart attachants, notamment chez les hommes où Bouton au grand cœur et le cochet du carrosse de Cendrillon se partagent le beau rôle auprès de la jeune femme. Bon, comme j’ai déjà pu le dire, Cendrillon est assez irritante et égoïste, jeune femme immature ne pensant qu’à sa petite personne sans prendre en compte le vouloir et le ressenti des gens qui l’entourent. Pourtant, le repenti sur la fine est acceptable, elle devient plus gentille, altruiste, et donc attachante.
            On remarque également le manque d’ennemi dans ce récit, ce qui est assez surprenant dans l’univers du conte. Pas de monstres féroces aux crocs pointus et aux griffes acérées ni de kidnappeurs de princesse, le principal ennemi de l’intrigue est en réalité Cendrillon en elle-même, conférant une touche d’originalité réussie au récit.

            Le style est fort simple, tout le monde peut s’adapter à lui et prendre plaisir à lire les aventures relatées ici.
            Si toutefois l’enchaînement de l’action m’a légèrement titillée, puisque je trouvais que l’ensemble se déroulait bien trop rapidement, après réflexion (oui, ça m’arrive) je me suis dit que cela correspondait bien au rythme des contes, ce qui nous plonge davantage encore dans cette ambiance féérique.

            En conclusion, Cendrillon n’est pas mon conte favori, mais j’ai aimé me perdre dans ce récit modernisé où l’héroïne est en réalité son propre ennemi dans l’histoire. Le mélange de plusieurs contes apporte également un grand plus à cette histoire, la pimentant un peu. J’ai trouvé ce second tome bien plus réussi que son prédécesseur.





Les autres titres de la saga :
1. Poison
2. Charme
3. Beauté
- saga terminée -

16 oct. 2015

Les Annales du Disque-Monde, tome 1 - La Huitième Couleur

Synopsis :

            Dans une dimension lointaine et passablement farfelue, un monde se balade à dos de quatre éléphants, eux-mêmes juchés sur la carapace de la Grande Tortue...Oui, c'est le Disque-monde... Les habitants de la cité d'Ankh-Morpork croyaient avoir tout vu. Et Deuxfleurs avait l'air tellement inoffensif, bonhomme chétif, fidèlement escorté par un Bagage de bois magique déambulant sur une myriade de petites jambes. Tellement inoffensif que le Patricien avait chargé le calamiteux sorcier Rincevent de sa sécurité dans la cité quadrillée par la Guilde des Voleurs et celle des Assassins ; mission périlleuse et qui devait les conduire loin : dans une caverne de dragons ; peut-être jusqu'au Rebord du Disque. Car Deuxfleurs était d'une espèce plus redoutable qu'on ne l'imaginait : c'était un touriste...

Mon avis :

            Figure emblématique de la Fantasy britannique, j’avais grandement envie de découvrir les œuvres de Terry Pratchett, d’autant plus que bon nombre de mes connaissances me l’avaient conseillé. Je ne m’étais pas attendue à abandonner le livre au bout d’une grosse centaine de pages…

            Le résumé était pourtant accrocheur, où des héros au nom imprononçable (il faut bien le dire !) côtoyaient une magie surfaite.
            Je n’ai pourtant pas réussi à m’adapter à l’univers. L’aspect géographique de ce dernier s’étend sur quelques petites pages, bien trop peu finalement pour avoir la possibilité de le visualiser clairement.
            L’intrigue est quant à elle farfelue et décousue. Comme j’ai pu le dire à certains de mes amis lecteurs en évoquant ce livre, l’auteur donne tout simplement l’impression de partir en free style lorsqu’il écrit, comme s’il n’avait pas de plan avant la rédaction. Cela donne un effet décalé dans la narration, effet auquel je n’ai pas réussi à m’accrocher.
           
            Il en va de même pour les personnages. Si la diversité de ces derniers peut apporter des points positifs dans un récit, je trouve qu’ici ils sont trop multitude, les noyant finalement dans la masse.
            Bien sûr, de ce flot se discerne Rincevent, le piètre mage, et Deuxfleurs, le touriste si surprenant. Si le premier peut prêter à rire le second à immiscer une satire sur la bêtise touristique (à prendre trop de photos, etc), ils ne suffisent pas à eux deux pour rehausser l’attrait de ce fourbil.

            Quant au style d’écriture, le point positif est qu’il permet au livre de se lire tout seul. Sans pour autant être fluide, le lexique et la formulation des idées sont fort simples, ce qui ramène à l’idée que c’est dommage que l’intrigue soit si brouillonne…


            En conclusion, un récit duquel je me faisais fort de le lire, c’est finalement une belle déception et un abandon que j’en retiendrais. J’ai eu l’impression de lire un ensemble incohérent, où les personnages se perdent dans le flot de la multitude. Seule la critique bien sentie sur le tourisme de masse aura donné un attrait à ce premier tome. 




Les autres titres de la saga :
1. La Huitième Couleur
2. Le Huitième Sortilège
3. La Huitième Fille
4. Mortimer
5. Sourcellerie
6. Trois soeurcières
7. Pyramides
8. Au guet !
9. Eric
10. Les Zinzins d'Olive-Oued
11. Le Faucheur
12. Mécomptes de fées
13. Les Petits Dieux
14. Nobliaux et sorcières
15. Le Guet des orfèvres
16. Accros du roc
17. Les Tribulations d'un mage en Aurient
18. Masquarade
19. Pieds d'argile
20. Le Père Porcher
21. Va-t-en guerre
22. Le Dernier Continent
23. Le Dernier Héros
24. Carpe Jugulum
25. Le Cinquième Eléphant
26. La Verité
27. Procrastination
28. Ronde de nuit
29. Le Régiment monstrueux
30. Timbré
31. Jeu de nains
32. Monnayé
33. Allez les mages !
34. Coup de tabac
35. Déraillé
- saga en cours -

14 oct. 2015

Les Enfants de Peakwood

Synopsis :

            Quels sont ces étranges maux qui affligent les habitants de Peakwood, petite ville du Montana, USA ? D'où viennent les blessures qui apparaissent sur le corps de certains de ses habitants ? Pourquoi d’autres commencent-ils à agir étrangement ? Seuls Chayton, le médecin de la ville, et son père, vieux chaman au savoir ancestral, savent reconnaître les signes. Le bouleversement qui approche. Quelque chose en lien avec un accident qui n’aurait jamais dû avoir lieu, dix ans plus tôt. Un secret dont ils ont juré de ne jamais reparler… Félicitations, la mort vous offre une seconde chance…


Mon avis :

            Je tiens tout d’abord à remercier la Team Livraddict pour m’avoir sélectionnée pour ce partenariat mais aussi les éditions Scrinéo, pour qui j’éprouve toujours autant de plaisir à découvrir leurs œuvres éditées.
            Il en alla de même pour Les Enfants de Peakwood, bien que j’ai eu plus de mal à m’immiscer dans l’intrigue si l’on compare avec Le Premier de Nadia Coste ou encore Le Roi des Fauves d’Aurélie Wellenstein.

            Le prologue gagne toute son importance dans le récit. Outre le fait qu’il permet de nous présenter certains personnages clés de cette intrigue, elle suscite également l’intérêt du lecteur en installant un voile de mystères autour de l’opération précaire qui va clore le chapitre.
            Ce voile de mystères va se lever au fur et à mesure que nous approchons de la fin, au même titre que la tension va monter crescendo jusqu’à l’épilogue. Savoureux mélange entre fantastique glauque (magie chamanique et apparition des blessures) et le thriller (qui est la source de tous ces problèmes ?), Rod Marty s’arrange pour distiller du plaisir à son lecteur, qu’il soit jeune ou plus mature.
            Le réalisme est également un point majeur dans ce récit. En effet, toutes les réactions des personnages, que ce soit la méchanceté de certains ou l’abandon de d’autres, conduisent à le rendre plus vivant, plus à notre image.
            Les derniers rebondissements de la fin sont tout aussi cruels que le prologue, comme si la souffrance revenait comme une boucle. Une boucle que l’auteur rappelle dans l’épilogue, où il nous fait bien comprendre que la vie est un éternel recommencement et qu’il ne vaut mieux pas attendre pour la vivre pleinement.

            Il serait bien trop long d’évoquer les personnages un par un. Je voudrais pourtant m’arrêter sur la personnalité de Tom Green, adolescent précoce (deux années d’avance) et marginal, il ne trouve pas sa place dans sa classe, tout conduit à éprouver de la pitié et de la compassion envers lui. Le mauvais sort qui s’acharne contre lui tout au long de l’intrigue, depuis le début de sa vie, et la force d’esprit dont il fait preuve pour lutter contre cela tendent à le rendre vraiment attachant. Pour le soutenir se tient à ses côtés Nora, une pompom girl dyslexique qui a su voir en Tom bien plus que la timidité ne le laissait entendre.
Mais dans ce lot nous pourrions aussi évoquer Helen Green, la mère alcoolique de Tom, ou Kevin Bennett, violent capitaine de l’équipe de football du lycée. Tous ces personnages, ces habitants, forment une petite communauté à eux seuls, où la plupart des métiers d’importance dans une ville sont représentés. De plus, cette multitude de personnages que nous offre Rod Marty permet également de complexifier la trame, de retarder le dénouement dans lequel nous apprendrons l’identité de la source. Eh bien sûr, cela accentue le plaisir du lecteur !

Le style est simple, ni trop fluide ni trop lourd, parfait pour que chaque type de lecteurs puisse s’adapter à merveille. Certains termes sont crus, adaptés aux âges et par conséquent au vocabulaire des personnages, accentuant le réalisme de l’ensemble.
J’ai également apprécié les changements de point de vue. Si ce dernier reste externe, chaque partie reprend la vie d’un personnage différent, formant une sorte de chaîne entre chacun d’eux qui évolue au cours des événements fantastiques. Cela permet également de s’attacher plus particulièrement à quelques uns d’entre eux, ou au contraire de ressentir de l’antipathie selon les profils développés.
J’ai trouvé la mise en forme du récit assez difficile à appréhender à cause des chapitres très étalés. En effet pour un récit d’un peu moins de quatre cents pages, le livre compte environ six chapitres de longueurs variées. Habituellement j’aime m’arrêter à des chapitres, ca m’évite de perdre le fil de ma lecture en plein moment important ou intense, or ici il était vraiment difficile d’aller jusqu’à la fin du chapitre sans se lasser. J’apporte peu de crédits à cela en temps normal, mais étant donné que c’est un petit point négatif, je le rapporte ici (cela ne modifie en rien le plaisir lié à l’intrigue).

D’un point de vue plus personnel, il faut bien avouer que j’ai grimacé à plusieurs reprises. Je n’ai pas perdu à l’esprit que ce roman n’était pas uniquement dédié à un lectorat jeune, mais certaines scènes sont tout simplement glauques, entre la description de cadavres ou encore quelques tentatives de violence. Enfin, au moins il reste dans le thème du mois, avec Halloween qui approche !
Quant à l’aspect thriller, je fus grandement surprise d’apprendre l’identité de la source de tous ces problèmes. Habituellement je devine facilement qui a fait quoi, mais je n’avais rien vu venir ici, redoublant mon plaisir, raison pour laquelle j’appuie sur le fait que les adultes peuvent autant trouver leur bonheur qu’un adolescent dans cette intrigue.

            Cette œuvre est également l’occasion d’aborder des sujets plus larges, comme la maltraitance de certains élèves par d’autres camarades, le problème de l’alcoolémie du à des événements lourds ou encore les handicapes physiques ou mentaux. Ces différentes thématiques contribuent à élever l’intrigue à un niveau de maturité qui plaira aux plus grands et fera prendre conscience de certaines choses aux plus jeunes.


            En conclusion, je fus surprise du début jusqu’à la fin, que ce soit par le style dur voire glauque, par la multiplicité et la diversité des personnages ou encore par les thèmes plus graves immiscés entre les lignes. Le fantastique se mêle au thriller sans problème, ou bien l’inverse ; aucun des deux genres ne gêne ou ne prend le pas sur l’autre. Le seul bémol concerne la longueur des chapitres, qui peut se faire un frein pour s'accrocher à l'intrigue. Pour ma part, et comme toujours, c’est une belle découverte !