18 déc. 2019

Maus, l'intégrale




Maus est une bande dessinée d'Art Spiegelman. Elle raconte, à travers le dialogue de l'auteur et de son père, juif polonais, survivant des ghettos et d'Auschwitz, l'histoire des persécutions nazies, depuis les premières mesures anti-juives jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre.



Pourquoi ce livre ? Beaucoup de personnes me l’ont conseillé, et pourtant je ne voulais pas l’acheter, parce que je sais que c’est le genre de livres qu’on ne parcourt qu’une fois dans sa vie. Mon beau-père l’ayant acheté en 2018 et Mister l’ayant emprunté en début d’année pour le lire, je me suis dit que c’était l’occasion pour le découvrir à mon tour.

Maus est une biographie, une histoire de famille dure, violente, sur fond de Seconde Guerre mondiale. Un fils ressent le besoin de recueillir le témoignage de son père, un Juif caché avant d’être déporté, en guise de devoir de mémoire.

Je suis incapable de juger un tel travail, une telle histoire. Si j’ai évidemment ressenti une profonde émotion à cette lecture, j’ai conscience que c’est la vie d’un homme qui nous est racontée ici, avec ses défauts et ses moments de joie, retranscrits à merveille. Je ne me sens pas prête à juger la qualité, ni le personnage en lui-même.
En revanche, je tiens à dire qu’il me restera en souvenir la violence du propos. D’abord, la guerre est révélée avec toutes ses atrocités. L’obligation de se cacher, les gens qui hébergent contre l’argent puis qui dénoncent quand les réfugiés ne peuvent plus payer, ou qui nourrissent moins s’ils manquent quelques centimes, je trouve cela inhumain. Bien sûr, c’est mon regard de jeune femme avec les idéologies récentes, peut-être qu’à l’époque j’aurais réagi de la même façon pour préserver ma famille. Quoi qu’il en soit, je trouve le comportement des gens dégueulasses. Et puis le père, Vladek, est lui aussi violent. Il a certes vécu l’horreur, a été séparé de sa femme Anja (mère d’Art) pendant les événements avant de la retrouver, a dû commettre des choses dont il doit être peu fier dans la vieillesse… mais cela n’excuse pas le racisme qu’il ressent envers les Noirs. Je trouve cela juste dingue qu’un homme ayant vécu la Shoah puisse éprouver un tel sentiment juste pour une histoire de couleur. J’ai grogné lors de ce passage, fort.

Autrement l’auteur réussit parfaitement les transitions entre passé et présent. Les chapitres sont plus ou moins courts selon la mise en contexte et la dureté des événements relatés, de sorte à éviter les lourdeurs. De plus, Art Spiegelman ne cache pas les défauts de son père et sa propre rancœur envers eux, il exprime au contraire sa colère sans tabou, insiste sur les moments où il a eu envie d’abandonner son père, avant la culpabilité. Je trouvais cela vraiment bien fait. Les défauts des Juifs sont également présents, comme le fait d’être radin, et Vladek est parfois tellement extrême qu’on s’interroge sur la crédibilité du portrait, si ce n’est pas un peu exagéré. Cela dit, cela permet également de détendre un peu le sujet, comme je le disais très dur.

J’ai eu beaucoup de mal à me faire aux dessins, traits brouillons et une noirceur très représentative de la guerre. Très immersifs, il faut reconnaître qu’ils nous plongent totalement dans une ambiance noire. Mais jumelé au propos très dur, cela m’a fait ressentir une impression de trop, si bien que j’ai ressenti une nausée tout au long de ma lecture.
De plus, le livre présente énormément de textes et les cases étaient très chargées, si bien que c’est très peu aéré. On a l’impression de manquer de respiration et je le dis sans honte, j’ai ressenti comme de la claustrophobie lorsque je me plongeais dans cette lecture...



Ce n’est clairement pas un livre à mettre entre toutes les mains. Dureté, violence, le mal être général s’est déversé sur moi sans que je ne sois prête. Je suis ressortie nauséeuse, déprimée par cette lecture. Si les dessins collent au sujet, j’ai eu du mal à les apprécier car ils m’offraient un sentiment de claustrophobie. Autrement les personnages sont livrés avec une justesse, une réalité qui nous fait regretter ce tragique événement. De l’émotion, partout, de l’horreur surtout. Maus est une lecture dérangeante, marquante. Probablement ma meilleure lecture sur le décor de la guerre.



17/20


Chronique partenaire :
Ratkiller


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