1861 : la guerre de Sécession vient de commencer. Du général Grant à la simple soldate, de la forceuse de blocus à l'esclave affranchie… Autant de personnages pour décrire tous les visages de cette Amérique ensanglantée pendant quatre années de conflit.
La mort se réincarne pour arpenter ce Nord et ce Sud qui se déchirent. Elle va faire face à celui qui la convoque, le président Abraham Lincoln, pour lui faire comprendre que cette guerre doit désormais épouser une cause plus grande : celle de l’abolition de l’esclavage.
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? Royaume de vent et de colères, lu en octobre sur les recommandations d'une amie et de Mister, avait été acheté car j'étais intriguée par l'aspect historique mis en avant, d'autant plus que c'est rare que je lise de la fantasy historique en dehors du médiéval, c'était l'occasion de lire quelque chose de neuf. Victime de son succès, je me suis jurée de lire tous les autres textes de l'auteur, si bien que j'ai peu hésité à me pencher sur cette sortie, surtout que mon libraire préféré à Critic me l'a également vivement conseillé !
Je suis fille de rage s'appuie sur le décor historique, comme je le disais précédemment. La guerre de Sécession se prépare alors que le Président Lincoln ne parvient pas à apaiser le feu. Et la Mort s'apprête à compter les victimes, craies en mains…
L'une des premières choses que j'ai appréciée, c'est que l'auteur ne prend pas forcément parti. On voit en effet défiler un panel de personnages, le plus souvent militaires, qui arborent les couleurs des deux camps concernés, la Confédération ou l'Union. Si le clan du Nord est celui que l'on retrouve le plus, par le nombre important de généraux sur le terrain, le propos n'a pas pour but de juger l'un ou l'autre des engagés, plutôt de brosser un tableau de cet événement dévastateur, à l'issue pourtant pleine d'espoir.
De plus, l'auteur admet lui-même s'être énormément documenté, il a même traduit certaines lettres des officiers, ce qui marque à quel point l'aspect historique lui importait finalement plus que la fantasy, indéniablement présente.
Je pense que c'est le bon moment pour parler de la maquette du livre. Honnêtement, je plains le graphiste qui a dû gérer les cartes, les drapeaux, les filets au-dessus et en-dessous pour les encadrés, et j'en passe. Si tout est expliqué clairement en guise d'introduction, la crainte d'être perdue s'est estompée dès le deuxième chapitre. Parce que tout a été conçu pour que ce soit compréhensible aisément et rapidement !
Les chapitres sont très courts, de fait les pages se tournent toutes seules et on se surprend à dévorer ce pavé de plus de cinq cents pages en quelques heures !
La fin ne laisse bien entendu aucune surprise, Jean-Laurent Del Socorro n'a jamais voulu changer le cours de l'histoire. L'Union l'emporte, Abraham ajoute son amendement quant à l'égalité des couleurs, et la Mort annonce un chiffre ahurissant de victimes, directes et collatérales, et tous prient pour qu'une autre guerre aussi dévastatrice ne voit jamais le jour… Ce livre est donc parfait pour mieux connaître les généraux, pour découvrir un pan d'histoire hors de la zone européenne.
Le système de chapitres courts et les personnages réalistes ne permettent pas forcément l'attachement, d'autant plus qu'avec les aléas de la guerre, c'est pas tellement l'objectif d'aimer les héros sanglants… Ceci dit, je me suis prise d'affection pour cette Mort, à la fois discrète et cynique. J'ai beaucoup aimé aussi le portrait d'Abraham, humble et terrorisé par le chaos. Enfin, le général McClellan m'a soutiré quelques sourires. "Je peux tout faire", oui oui…
Quant au style, j'ai retrouvé ce que j'apprécie dans Royaume de vent et de colères : une plume directe qui permet une excellente adhérence. Comme je le disais, les pages se tournent toutes seules et on boit les mots avidement, sans difficulté aucune.
Le roman se complète d’une nouvelle qui se situe avant la guerre de Sécession. Suivant les codes du genre dans lequel elle s’inscrit, elle a le mérite de planter un décor qui colle au roman en, finalement, très peu de mots. Elle n’est pas essentielle à la lecture, mais c’est toujours ça en plus à se mettre sous la dent pour ceux qui ont succombé au génie de Je suis fille de rage !
Une bombe pour la fin d'année, je n'avais même pas fini de le lire que je le recommandais déjà aux indécis en librairie ! Le contexte historique est le centre de tout, les personnages sont réalistes, livrés avec leurs doutes et leurs joies, et le format est fait pour rendre le tout efficacement attractif. Non, franchement, y'a pas de raison de ne pas flancher pour ce nouveau petit bijou français !
16/20
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