Dans un monde qui a vu naître et disparaître d'innombrables races et civilisations, l'empire malazéen étend implacablement sa domination, soumettant des continents entiers les uns après les autres, grâce à la discipline de ses armées et la supériorité de ses mages de guerre.
Mais la loyauté de ses soldats, abandonnés et trahis par leur impératrice, est mise à rude épreuve. Perdus, abandonnés et déchus, les fidèles de l'empire vont devoir tenter de survivre, entre sacrifices et dangers mortels.
Un complot bien plus vaste se joue en toile de fond. D'anciennes forces terrées dans l'ombre semblent se réveiller, prêtes à tout pour regagner leur splendeur passée. Regroupés sous la coupe du jeu des dragons, dieux et ascendants, sorciers et chamans, Eleints et changeurs de formes, tirent les ficelles d'un drame qui, transcendant les conflits des simples mortels, se joue à l'échelle du temps lui-même.
Avec un enjeu de taille : la suprématie totale.
Pourquoi ce livre ? Il est toujours fou pour moi de constater à quel point le temps passe vite. J'ai acheté ce tome quasiment à sa sortie, je le sais ayant pu le faire dédicacer, soit en 2018. Quatre ans plus tard, après un essai infructueux, je sors encore petit pavé de la PAL !
Les Jardins de la Lune est donc le premier tome d'une saga en dix tomes. Avant d’entrer dans le dur, l’auteur nous offre une petite préface dans laquelle il met en garde contre l’exigence de son univers. J’ai trouvé la démarche plutôt maladroite, dans le sens où d’autres univers de fantasy sont tout aussi ardus sans pour autant que nous ayons des warnings de la part de l’éditeur ou de l’auteur. Etant donné que cet univers a été façonné par deux personnes, chacun ayant produit une œuvre à partir de celui-ci, je comprends qu’il y ait besoin de contextualiser le travail d’écriture et l’émergence de ce projet. Il n’était pas nécessaire de pousser plus loin parce que ça confère un caractère hautain à l’auteur…
Maintenant je reconnais que l’exigence est en effet présente, omniprésente même - et je ne lis quasiment que de la Fantasy. Ce n’est pas du tout facile de se plonger dans ce récit : on atterrit au beau milieu d’une action, avec des personnages qu’on a à peine le temps de découvrir avant de changer de plan et de cadre vers d’autres cieux avec de nouveaux caractères, de nouvelles fonctions politiques ou magiques à apprendre. Ce sentiment d’être ballottée de gauche à droite a persisté jusqu’à la moitié environ, soit plus de trois cents pages. Autant dire que je ne recommande pas cette lecture à un novice du genre, il y aurait de quoi se dégoûter de la fantasy, ou encore à un lecteur qui recherche une intrigue légère (surtout que la briquette pèse son poids, héhé).
De fait, c’est très compliqué de comprendre les tenants et aboutissants dans cette intrigue, et ce sur tous les fronts. Pour illustrer ça, je vais vous avouer que je n’ai compris que certains personnages étaient dans une ville cible qu’à la toute fin de ma lecture. Jusque-là, je croyais qu’ils faisaient leur vie et/ou mener leur bataille au niveau de l’empire Malazéen.
Ce qui me fait prendre conscience que je n’ai pas du tout évoqué le postulat de départ ! Dans le prologue, on découvre une mutinerie, avec à la tête un élément fort d’une institution très dangereuse appelée la Griffe. Après la prise de pouvoir, la nouvelle Impératrice de l’empire malazéen cherche à éliminer les alliés de l’ancien empereur et à les éradiquer, au même titre que toute menace qui se soulèverait entre-temps.
Suite à cela, les chapitres qui suivent font preuve d’énormément d’ellipse, rendant une fois de plus notre immersion difficile. Entendez par-là que plusieurs années s’écoulent entre les chapitres, si bien qu’on découvre une situation et des personnages sur une vingtaine de pages, pour ensuite retrouver quelque chose de nouveau, avec un discours différent et une prise de partie qui a nettement évolué, comme le ressentiment entre plusieur groupes. Comme je l’affirme ci-dessus, cela rend l’immersion complexe.
Malgré les multiples ellipses en début de tome, la narration est très posée. La tension est certes présente dans ce récit, les conflits étant le sujet majeur de l’intrigue, mais le rythme est très calme, parce que c’est un jeu politique qui se met en place, un jeu de dupes et de patience. Une fois de plus, ça demande énormément de concentration car il faut comprendre que tout repose sur les dialogues, les jeux de regard. Si vous manquez d’attention à un moment clé, ne serait-ce que sur LA mauvaise réplique, c’est tout un pan d’intrigue que vous allez comprendre de travers - si vous comprenez quelque chose !
J’insiste énormément sur la complexité et la nécessité d’être concentré… et pourtant j’ai été fascinée par cet univers. Je ne peux pas dire que le plaisir soit tangible, je considère que l’intrigue est encore trop obscure, mais l’auteur a pensé à tellement de choses différentes dans son univers qu’on ne peut pas totalement s’ennuyer : politique, combats, guilde des assassins, guerre divine et un travail sur le panthéon et les créatures divines, tant de choses que j’adore découvrir et m’approprier. Cela prend énormément de temps pour tout évoquer, décrire, manigancer. De mon côté c’est totalement mon dada !
Je ne peux pas dire que je me sois attachée aux personnages. Là encore, j’entretiens davantage une sorte de fascination envers certains d’entre eux, comme Loquevoile la magicienne, Mésangeai ou Lorn L’Adjointe, que d’une réelle sympathie à l’égard de tous les personnages qui dessinent les contours de cette intrigue.
Comme dans chaque univers étendu, les personnages sont multiples et il faut accepter de prendre du temps pour les situer et les garder en tête. Il y a quelques mois lorsque j’ai essayé une première fois d’attaquer cet univers, essai qui s’est soldé par un abandon non-définitif, c’était en partie parce que je ne retenais pas qui était qui que j’ai lâché l’affaire. Au second essai, je me suis tout simplement dit que j’allais laisser faire, lire sans lutter, et ça viendrait avec le temps. Et ce fut le cas. Excepté Mes Regrets et Mégère que j’avais tendance à confondre (mais la seconde apparaît peu dans la narration), je savais qui était qui au bout de deux cents pages et ma lecture n’en est devenue que plus fluide.
Le Livre des Martyrs est une vieille saga, actuellement retraduite par Emmanuel Chastellière et rééditée en France par Leha (à l’heure où j’écris le dixième et dernier tome de la série part à l’impression). Si le travail de traduction est propre, adapté à notre langue et relevé par son lexique et ses tournures de phrase, j’ai le sentiment que le style est l’élément qui a le moins bien vieilli dans l’univers. Ce n’est pas toujours évident de rester captiver par des phrases longues, un peu creuses. Je ne dis pas que c’est mauvais, seulement que ça rend la lecture d’autant plus ardue et la concentration nécessaire. Steven Erikson a voulu être exigeant et aucun élément essentiel de l’ouvrage n’y échappe.
C’est un projet ambitieux, trop peut-être pour les lecteurs novices en fantasy - mais je ne voudrais pas paraître aussi maladroite voire hautaine que l’auteur en le pensant… Univers exigeant, énormément de personnages de diverses origines, de divers milieux, aux objectifs multiples, intrigue qui épouse de nombreuses formes et évoquent de nombreuses choses, et bien trop peu d’explications. Même avec ce deuxième essai j’ai eu du mal à me plonger dedans et mon conseil, pour ceux qui veulent aller au bout, est d’accepter de n’avoir aucune clé en mains et se laisser porter jusqu'à ce que lumière se fasse. De mon côté, la fascination pour l’intrigue, la mythologie céleste et certains personnages a fini par me gagner et si cela ne se ressent pas dans la note, étant donné l’exigence qui se place en maître-mot de ce premier tome, je suis très enthousiaste à l’idée de lire la suite ! Je vais seulement éviter d’attendre trop de temps, histoire de ne pas retomber dans la même galère en commençant le second volume.
14/20
Les autres titres de la saga :
1. Les Jardins de la Lune
2. Les Portes de la Maison des Morts
3. Les Souvenirs de la Glace
4. La Maison des Chaînes
5. Les Marées de Minuit
6. Les Osseleurs
7. Le Souffle du Moissonneur
8. La Rançon des Molosses
9. La Poussière des Rêves
10. Le Dieu Estropié
- saga terminée -
1. Les Jardins de la Lune
2. Les Portes de la Maison des Morts
3. Les Souvenirs de la Glace
4. La Maison des Chaînes
5. Les Marées de Minuit
6. Les Osseleurs
7. Le Souffle du Moissonneur
8. La Rançon des Molosses
9. La Poussière des Rêves
10. Le Dieu Estropié
- saga terminée -
Merci pour ce retour !
RépondreSupprimer:D
SupprimerJ'adooore cette série ! C'est vrai qu'elle ne se livre pas facilement, mais je trouve qu'elle mérite qu'on s'accroche :)
RépondreSupprimer"ne se livre pas facilement", c'est un bel euphémisme ;) Mais j'ai trèèèès envie de lire la suite, c'est bon signe !
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