22 avr. 2024

Tonnerre après les ruines




Dans un monde en déliquescence rongé par les difformités et les maladies, Férale est un monstre – du moins, les autres l’ont toujours traitée comme tel. Tous, sauf Lottie, qui l’a sauvée et lui a appris à survivre à travers les plaines de cendre. Ensemble, elles protègent les quelques caravanes qui rallient encore les derniers bastions de l’humanité.
Jusqu’au jour où Férale entend parler de Tonnerre, une cité close où des chercheurs travailleraient à comprendre les mutations génétiques, et mieux, à les guérir. Là-bas, il y aurait aussi des gens comme elle, dotés d’yeux jaunes et poussés par une faim… insatiable. Et si dans un premier temps Lottie refuse de gagner la ville qui l’a vu naître, fuyant un passé qu’elle préfèrerait oublier, les événements vont en décider autrement. Des ruelles poisseuses d’un gigantesque bidonville aux entrailles froides d’un complexe scientifique, les deux femmes vont croiser les différentes factions en place, autant de visages d’une humanité qui, au milieu des décombres, aspire plus que jamais à trouver sa place…



Pourquoi ce livre ? Surtout parce que c’est sorti aux éditions Argyll et que j’ai grande confiance en la qualité de leurs productions. C’est un peu moins le cas pour les œuvres de Floriane Soulas, en qui je trouve toujours de bonnes idées mais un manque d’approfondissement. J’ai tout de même décidé de laisser sa chance, à cette nouveauté qui n’en est plus une.

Tonnerre après les ruines est un roman puissant. Dans un décor ravagé, on va découvrir la maladie, le désespoir total, la foi virant à la secte.

Avant cela, loin de la ville décadente, l’autrice nous présente ses personnages dans un environnement plus naturel mais non pas moins hostile. Lottie et Férale forment un duo atypique. La première est sociale, protectrice, souriante. La seconde est sauvage, asocial, perpétuellement tendue. Les deux personnalités s'équilibrent à merveille et créent même des étincelles dans certaines situations. Très vite et bien malgré Lottie, elles vont échouer à Tonnerre, où l’une va retrouver de vieilles connaissances, pour le pire (et oubliez le meilleur).

J’ai adoré la première partie dans la nature. Le décor est parfait pour soulever de la tension, comprendre à qui on a affaire et sur quoi on est tombés. À l'arrivée à Tonnerre et ses bidonvilles, j’ai été intriguée par les mystères autour de Lottie et cette adulation de Férale par des inconnus qui semblent mieux la connaître qu’elle-même.
Puis j’ai ressenti quelques longueurs. Un sentiment de répétition dans certaines situations et émotions m’ont donné le sentiment de ne pas avancer dans ma lecture. Cela a tout de même perduré un bon tiers du roman… Puis la fin m'a fait renouer avec ces femmes, de là à rire et pleurer avec elles sur les dernières pages. Car à l’image de l’ensemble de la lecture, ce fut très bestial, très viscéral.

Au milieu de cette bestialité, c’est tout de même un sujet majeur qui est exploité ici avec la baisse des natalités (pour ne pas dire l'arrêt total des naissances, et ce depuis plusieurs années). Jusqu’où est-on prêt à aller pour faire naître un bébé en pleine forme, suffisamment fort pour survivre ? C’est la question soulevée, même si d'autres thèmes comme les sectes et la quête d'identité jalonnent le récit.

Malgré ma sympathie et ma fascination pour elles, je ne me suis pas attachée à Lottie et Férale. Ma préférence va pour la seconde, d’apparence forte, d’une personnalité dépendante, avec ce besoin de se voir par les yeux d’un autre pour se sentir en vie. Lottie est également un tas de fêlures qu’il faudrait soigner, et c’est pour ça que j’ai adoré sa fin. Ça ne pouvait pas finir autrement.

Le style d'écriture est en adéquation avec l’univers : cru, brutal, haché, des phrases courtes qui dépeignent un univers hostile où la survie n’est pas assurée.



Malgré une affinité complexe avec cette autrice, le début de cette nouvelle aventure démarrait bien. Des personnages accrocheurs et un univers hostile comme je les aime. Un soupçon de mystères sur bien des points et une ville singulière, voilà qui avait de quoi me titiller. Quelques longueurs et un développement qui ne m’a pas totalement convaincu ont fait de ce moment une lecture intéressante mais sans plus. Heureusement le style colle parfaitement à l’univers et à mes attentes, je n’ai donc pas lutté pour avancer. Je recommande si vous aimez les romans de cette autrice ou les univers post-apocalyptiques léchés.



14/20


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