Récits du Demi-Loup, tome 4 - Clémente nous soit la pluie

Au fond d'elles-mêmes, elles le savaient déjà. Depuis le début. Elles s'étaient juste efforcées de l'oublier, pendant toutes ces années. Pourtant la solution se tapissait là, patiente, attendant son heure dans le plus sombre recoin de leur mémoire.

L'unique et dernier espoir du Demi-Loup. Mais aussi le plus fondamental, le plus douloureux, de tous leurs devoirs de Suivantes. Nersès et Lufthilde ne peuvent plus feindre de l'ignorer. L'heure est venue de l'ultime sacrifice.

Une question, toutefois, demeure en suspens : à quoi bon ?

Cet Empire qui se dresse, immense, tout puissant, face au Demi-Loup moribond, faut-il le craindre ou l'espérer ?

Pourquoi ce livre ? Parce que j’aime cet univers d’amour.

Je n’ai clairement pas envie d'écrire cette chronique. L'écrire, c'est apposer le point final à cette découverte détonante, à cette lecture qui fut toujours plus scotchante, à cet univers que je ne voulais pas quitter…

Je suis triste de dire adieu aux personnages. Oui, ils ont chacun leurs défauts, leurs qualités. On a parfois envie de les baffer et souvent envie de les serrer dans nos bras, surtout vu ce que leur réserve l’autrice dans ce tome. Il est fou de constater ce que la haine est capable d’engendrer. Aldemor aura fait beaucoup de mal, par esprit de vengeance et par entêtement. La folie des puissants aura fait couler à gros bouillon le sang du petit peuple.

Par les yeux de Lufthilde, il est difficile de se rendre compte à quel point Calvina est intelligente. Clairvoyante, aussi. Cette fameuse scène entre les quatre anciennes fillettes fut tellement dure à lire... L'émotion est même montée à un moment, tant je ne m'étais pas préparée à une telle fin si soudaine. Bref, Calvina est plus héroïque que ce que je croyais. À l’inverse de Malvane. En dépit de son introduction à un document important pour la suite, je ne peux pas dire que je porte cette reine froide et placide dans mon cœur.

Quant aux deux voire trois suivantes, je suis consternée par ce qu’elles ont pu s’imaginer dans ce quatrième opus sur leur consoeur mais en même temps, on ne peut leur jeter la pierre. Ma préférence ira toujours pour le tempérament de Lufthilde, meneuse et bagarreuse, mais j'apprécie néanmoins Nersès pour la fidélité de ses valeurs.

Petite pensée pour la voix de Chantrenard, apparue sur le tard mais tellement essentielle pour obtenir une vision nette de l’ensemble.

Je suis triste de dire adieu à cet univers si vaste. Maintenant que l’empire est là, il y aurait tant de choses à raconter encore. Je ne suis pas pour autant frustrée. Chloé Chevalier a dressé un tableau du Demi-Loup, tableau que je visualiserai longtemps encore, et je ne perds pas espoir qu'un jour, un autre cycle prenne vie. N'empêche, les Chats et leur fierté guerrière vont me manquer (Crêm !) !

Je suis triste de tourner la page de ce format original. Entre témoignages, lettres et mémoires, c’est un plaisir coupable que d’entrer dans l’intimité des unes et des autres pour découvrir l’histoire du Demi-Loup, et sa déchéance, le tout porté par une plume douce et tranquille. Mon seul regret reste sur le manque de distinction entre chaque personnalité dans leur façon de relater leur point de vue.

Je suis si heureuse d'avoir ouvert Véridienne. Le caractère assez jeunesse du premier volume n’aura pas eu raison de ma volonté de découvrir plus avant l’univers. Qui aurait pu imaginer que l’ambiance passerait du Journal de Bridget Jones (c’est la seule référence avec un journal tenu par une fille qui m’est venue, désolée) aux saisons les plus sanglantes de Games of throne ? Ce fut pourtant le cas. Ce dernier tome m’a réservé bien des surprises, souvent soudaines, qui m'auront arraché quelques larmes. J’ai adoré. Les personnages, les peuples, la fin. La saga s’est embellie au fil des tomes et celui-ci ne compte aucun superflu. Pas de doute, je suis triste de quitter ces personnages, et je me console en me disant qu’il me reste le petit hors-série à lire avant de faire l'adieu définitif…

20/20

Clémente nous soit la pluie de Chloé Chevalier, Les Moutons électriques, 536 p.

Couverture par Melchior Ascaride

Les autres titres de la saga :
Hors série. Fleurs au creux des ruines
1. Véridienne
2. Les Terres de l'Est
3. Mers brumeuses
4. Clémente nous soit la pluie
- saga terminée -