

A Terrilville, la situation est très confuse : le blocus du port a anéanti le commerce, la guerre civile a réduit à néant l'unité de la cité tandis que les incendies et les pillages la ruinent. Un tremblement de terre a détruit la cité des Anciens, au Désert des pluies. En mer, les combats font rage entre vaisseaux pirates et jamailliens. Séparé des siens, chaque membre de la famille Vestrit -Malta, Althéa, Ronica - aux prises avec des destinées contrariées, lutte de toute son énergie pour tenter de survivre. Plus loin, le redoutable Kennit se croit désormais le maître du monde et abandonne toute prudence.

Pourquoi ce livre ? J’ai l'impression que c’est un périple entamé depuis de longues années. Pourtant cela ne fait en vérité qu'une grosse année que nous avons plongé dans ce cycle du Royaume des Anciens. Tels les marins, le temps est passé lentement en pleine mer… mais le périple est à présent terminé.
Il est étrange de se rendre compte à quel point l’univers va me manquer une fois la dernière page tournée, après tant de boiseries de ma part face à une intrigue qui peine à décoller. Le fameux pincement au cœur fut douloureux, alors que je me rends compte que je quitte certains personnages avec l’idée que je ne les reverrai pas, tous ou une partie (pour rappel, la seconde période de L’Assassin royal n’est à ce jour pas lue).
Les Marches du trône clôt parfaitement la saga. Tout ce que j'attends depuis le tout premier opus se déroule enfin sous mes yeux. Des personnages qui se croisent et se retrouvent, de grandes batailles navales, de l'émotion et des révélations. De beaux moments en perspective ou des moments qu’on voudrait oublier, aussi. Il se passe tellement d’événements, parfois anodins, souvent marquants, que j’ai eu du mal à décrocher du livre ! C’est frustrant de se rendre compte que c’est ce que j'espérais depuis huit tomes, que ça se produit seulement dans le dernier. À présent j’en voudrais plus. Ce qui me fait penser, déjà, qu’il y aura une relecture, quand j’aurai oublié le gros de l’intrigue.
Tous les personnages connaissent une fin. Qu’elle soit heureuse ou triste, ou définitive, c’est une fin belle et juste pour chacun d’eux. Même les créatures comme les dragons, les serpents, les navires en bois-sorcier connaissent un sort.
Robin Hobb a une façon bien à elle de conter son histoire. C’est aussi ce qui fait qu’on s'attache à ses personnages et à ses univers. Entre douceur et fermeté, elle n'épargne aucun détail permettant de donner plus de consistance ou de réalité à son univers.
C’est aussi pour ça que ce fut malaisant de lire une scène de viol avec aisance. Racontée par l’implicite, les sensations à travers le noir et les non-dits, on perçoit toute l’horreur de la victime, toute la haine envers le bourreau.
Les personnages me manqueront. La magie autour des navires et de leur nature est une bouffée d’originalité. J'espère sincèrement les retrouver plus tard dans une intrigue, quelle qu'elle soit.
Étrangement, aucun personnage ne se démarque particulièrement à mes yeux. Chacun participe à l'élaboration de cette vaste fresque, comme le fil enchevêtré d’une immense tapisserie. Bien sûr, il y a des noms que l’on retiendra plus aisément, comme Kennit, Althéa ou Parangon. En parlant de Kennit, en dépit de tous ses actes, je n’arrive pas à le considérer comme un mauvais bougre manipulateur. Je pense que c’est là que repose la force de Robin Hobb, la façon de mettre en scène ses personnages pour qu’aucun ne soit ni trop blanc ni trop noir.
Au final, j’ai même le sentiment que le personnage central du bouquin reste Parangon, lui qui est le pilier du passé, qui évolue dans le présent, et qui peut maintenant prétendre à un bel avenir, complet comme il est.

C’est tellement étrange d’avoir tant peiné dans cet univers pour finalement vivre l’adieu comme un déchirement. Ses personnages m’ont marqué de bien des façons, par leur force, leurs peurs, leurs désirs. J’ai adoré ce que Hobb trafique avec ses navires en bois-sorcier, avec ses personnages principaux comme secondaires. Ce dernier opus a gagné en intensité comme jamais et je me suis délectée de chaque chapitre. Pas de doute, le déchirement est bien réel et il me tarde de mettre un nouveau pied dans le prochain cycle. L’aventure n’est jamais vraiment terminée.
18/20
Les Marches du trône de Robin Hobb, J'ai Lu, 376 p.
Traduit par Véronique David-Marescot, Couverture par Mateusz Katzig
Les autres titres de la saga :
1. Le Vaisseau magique
2. Le Navire aux esclaves
3. La Conquête de la liberté
4. Brumes et tempêtes
5. Prisons d'eau et de bois
6. L'Éveil des eaux dormantes
7. Le Seigneur des Trois Règnes
8. Ombres et flammes
9. Les Marches du trône
- saga terminée -
1. Le Vaisseau magique
2. Le Navire aux esclaves
3. La Conquête de la liberté
4. Brumes et tempêtes
5. Prisons d'eau et de bois
6. L'Éveil des eaux dormantes
7. Le Seigneur des Trois Règnes
8. Ombres et flammes
9. Les Marches du trône
- saga terminée -
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