28 juin 2025

L'Ombre sur Innsmouth




Féru de l'histoire de la Nouvelle-Angleterre, un jeune homme entreprend un voyage dans les cités anciennes de la région. En route pour Arkham, on lui propose d'emprunter une ligne de bus passant par Innsmouth, une ville côtière isolée. La simple évocation de cette localité semble provoquer un vif sentiment de répulsion chez les habitants des villes voisines ; dans un musée local, des bijoux en or provenant d'Innsmouth, aux formes et aux motifs étrangement dérangeants, attisent sa curiosité. Il décide alors de se rendre sur place.
Autrefois port de pêche prospère et centre industriel florissant, cette ville lugubre n'est désormais plus que l'ombre d'elle-même. Malgré le dégoût que lui inspirent la morphologie anormale de certains habitants et les ruelles sombres où flotte une insupportable odeur de poisson, le jeune homme éprouve une envie irrésistible d'en apprendre davantage sur Innsmouth. Zadok, un vieil ivrogne aigri, lui livre une partie du passé trouble de la ville : dans les années 1800, Obed Marsh, un capitaine pratiquant le commerce avec de lointaines peuplades polynésiennes, fonda un culte païen, l'Ordre ésotérique de Dagon, qui s'imposa progressivement à tous les habitants. Zadok prétend que Marsh aurait scellé un pacte avec des monstres venus des profondeurs de la mer, qui lui assuraient une prospérité exceptionnelle en échange d'un pacte innommable.
Alors que le jeune voyageur s'apprête à repartir, le bus tombe subitement en panne. Il n'a pas d'autre choix que de passer la nuit à Innsmouth...



Pourquoi ce livre ? J’ai tellement apprécié mes découvertes ou redécouvertes de L’Appel de Cthulhu ou Les Montagnes hallucinées illustrée par cet artiste que je me suis dit que je pouvais bien poursuivre ma plongée dans la bibliographie de Lovecraft par ce biais-là.

Si j’ai aimé l’expérience de lecture, je ressors un peu moins convaincue par le récit de L’Ombre sur Innsmouth. Peut-être est-ce parce que je commence à comprendre et à jouer des ficelles lovecraftiennes pour structurer le récit et la tension qui la gouverne. Peut-être m’attendais-je à quelque chose de plus corsé en termes de peur. Quoi qu’il en soit, je ressors avec la désagréable sensation de ne pas en avoir eu assez, avec la sensation que ce n’est pas un texte si puissant que les deux citées en guise d’introduction – d’ailleurs, je suis surprise de constater que l’auteur fait des références à Cthulhu dans cette œuvre, je ne pensais pas que tout prenait place dans un même univers.

Nous suivons un seul narrateur, qui va partager avec nous son expérience de voyageur en quête de sensations fortes. Il va très vite être intrigué par Innsmouth, décrite par les habitants d’une ville voisine comme un endroit infernal, où les citoyens n’ont plus rien d’humain. Le petit bonhomme va vouloir mener sa petite enquête, répondant à un besoin irrépressible de curiosité. Et peut-être pire !

J’ai trouvé que toute la partie découverte était longue… Sur les sept ou huit chapitres que comptent le récit, il en faut cinq à six pour poser l’ambiance, semer des indices sur la nature des habitants, relater les contes et légendes autour d’Innsmouth et de sa baie. Le souci dans tout ça, c’est qu’on devine les choses trop rapidement. J’ai donc eu du mal à accrocher à la manière dont le narrateur partage son expérience, en douceur, en omettant aucun détail sans jamais parvenir à les interpréter pour aboutir à une conclusion…

En revanche, la fin fut une réelle surprise. Je dois admettre que si j’avais deviné la majorité des choses sur Innsmouth, il n’en allait pas de même pour un des composants principal du récit. Ainsi, je suis satisfaite des dernières révélations et j’ai beaucoup admiré l’illustration finale, qui offre une belle conclusion à cette œuvre.

Comme toujours, j’ai adoré les illustrations signées François Baranger. Elles complètent parfaitement l’ambiance qui se dégage du récit et donne du sens aux détails qui fourmillent, accrochant le regard sur les choses nécessaires à la compréhension. Je regrette simplement que certaines d’entre elles, notamment au début, subissent un très léger flou visuel : ça va bien avec le narrateur qui se veut lui-même discret dans sa manière de relater, mais ca m’a également frustrée.



J’ai moins accroché au mystère autour d’Innsmouth et le narrateur a une manière de relater son récit qui donne le sentiment de faire perdre du temps, sans jamais aller à l’essentiel. En revanche je fus captivée par la fin, surtout le dernier chapitre, et j’apprécie toujours autant les visuels de l’artiste. J’ai passé un bon moment de lecture, même si ça ne sera pas le plus mémorable de l’œuvre de Lovecraft.


13/20

L'Ombre sur Innsmouth de H. P. Lovecraft et François Baranger, Bragelonne, 64 p.
Traduit par Maxime Le Dain, Couverture par François Baranger


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