28 févr. 2020

Zouck




"La musique était une onde qui me portait. Toujours plus haut. Je me sentais légère, presque éthérée. J'avais la sensation que mes gestes pouvaient s'affiner jusqu'à devenir parfait."
Anouck, dite Zouck, a une passion : la danse. Qu'elle partage avec sa meilleure amie : Maiwenn. Jusqu'au jour où elle s'éloigne l'une de l'autre. Zouck, obsédée par l'idée de perdre quelques kilos superflus, se coupe du monde. De son côté, Maiwenn, follement amoureuse, devient de plus en plus distante.



Pourquoi ce livre ? Parce que Bottero.

Zouck est une relecture, ma première fois étant un emprunt datant de l’époque du collège. L’héroïne était alors plus vieille que moi, et probablement que ce qu’elle fut amenée à vivre m’a touchée, voire inquiétée. Cependant j’en gardais un souvenir émouvant, dur, et je constate après cette relecture, effectuée en un peu plus d’une heure à peine, que l’émotion est toujours poignante.

Zouck, ou plus communément appelée Anouck, est une danseuse hors-pair qui vit pour la musique. Poussée par ses parents, c’est également une excellente élève, qui embrasse la vie. Cependant deux gros changements vont surgir dans sa vie et mettre ses convictions à mal : Maiwenn, sa meilleure amie, est tombée amoureuse via internet. Au même moment, sa prof de danse classique reçoit un illustre danseur… qui reconnaît le talent de la jeune fille mais va la casser en même temps en raison de ses formes. Anouck tombe alors dans une spirale noire où la nourriture devient son pire ennemi.

Pierre Bottero a su peser les mots et les sélectionner avec soin pour créer d’emblée une ambiance particulière. Très vite, on perçoit le changement entre l’amitié sincère, attentionnée des deux amies, qui va s’étioler jusqu’à ne plus paraître. Dans les aléas de la vie de chacun, l’égoïsme est présent sans qu’on s’en aperçoive. Pourtant on ne juge pas car on vit ces moments déchirants avec la protagoniste en souffrance. Je regrette simplement que l’évolution se déroule si abruptement : cela accroche forcément l’intérêt mais oblige un manque de crédibilité, même si on perçoit bien sur la fin que le temps a passé.

Les mots sont donc sélectionnés avec soin et certains événements sont vécus comme de véritables déchirements. Zouck est malheureuse mais nie tout de go et pense sincèrement que la situation va s’améliorer, alors qu’elle s’enfonce inexorablement dans la mort. Les mots sonnent justes et nous montrent à quel point le mal être d’un corps peut nous pousser dans des retranchements graves.
La position vis à vis de la famille est également complexe, les parents veulent signaler leur présence sans pour autant se dresser tel un mur, ils savent qu’ils doivent intervenir mais ne veulent pas aggraver la souffrance de leur fille en se faisant trop insistant. Ce livre est le cercle vicieux du serpent qui se mord la queue, mais qui croit que cela va l’aider à muer. C’est bouleversant, parce que nous-même, en tant que lecteur, on souhaiterait intervenir pour faire cesser cette faiblesse de l’esprit. Mais non, Zouck s’enfonce dans sa solitude maladive, blessant tout le monde dans son entourage.

La dernière phrase, qui résonne pour moi comme un adage, m’a suivi pendant toute ma scolarité. Gardez vous des chemins sombres. Que peut-on ajouter à cela, si ce n’est qu’il ne faut jamais dire non à une main sincèrement tendue, parce qu’elle peut que nous apporter du bien. Ne pas hésiter à parler, c’est faire un premier effort dans la guérison.



Ce n’est pas un coup de coeur car je suis une lectrice gourmande qui recherche toujours plus de développement. Toutefois en si peu de temps Pierre Bottero insuffle une émotion vive et sincère à ses personnages et son ambiance. On est embarqué de force auprès d’elles et on prend malgré nous le rôle du parent qui souhaiterait apporter soutien et réconfort à ces deux adolescentes qui souffrent manifestement. Poignant, bouleversant, les mots m’échappent, écho de ma larme sur la dernière phrase du texte. Il n’y a pas d’âge pour être touchée par ce dernier. Lisez-le.



17/20


2 commentaires:

  1. Je me souviens l'avoir feuilleté dans une bibliothèque il y a deux ans, et j'ai été frappé par les mots de Bottero. Tout était si bien écrit et avec une puissance si forte que ma lecture m'a laissé un peu sonnée tout le reste de la journée !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je comprends, ça m'a fait le même effet lors de ma première lecture, j'ai été incapable d'enchaîner avec autre chose. Bottero avait cette capacité de mettre le bon mot au bon endroit au bon moment.

      Supprimer