29 juil. 2022

Et si Napoléon...




13 nouvelles uchroniques pour fêter le bicentenaire de la mort de Napoléon 1er.
Ugo Bellagamba • Armand Cabasson • Fabien Cerutti • Jean-Laurent Del Socorro • Victor Dixen • Jean-Claude Dunyach• Silène Edgar • Jean-Philippe Jaworski • Johan Heliot • Raymond Iss • Thibaud Latil-Nicolas • Laurent Poujois • Michael Roch



Pourquoi ce livre ? C'est avant tout sur la blogosphère, peu de temps après sa sortie, que j'ai rencontré ce recueil de nouvelles. Napoléon étant un de mes personnages historiques préférés (non pas pour ses idées mais pour ses "aventures" et autres batailles épiques), deux cents ans il réussit la prouesse de réunir un paquet des auteurs que j'adore. Je ne pouvais décidément pas passer à côté de cette parution !

Je ne suis pas fan des préfaces de Stéphanie Nicot pour les anthologies des Imaginales, que je considère n'être qu'une liste des auteurs au programme. J'ai donc été agréablement surprise par l'introduction de ce recueil, qui situe les grands faits historiques, notre vision de Napoléon aujourd'hui, avant de citer les auteurs et de décrire succinctement le contenu de leur composition. C'est suffisamment pertinent pour donner envie de creuser la question par nous-mêmes.

Et c'est Laurent Poujois qui ouvre le bal. J'étais très contente de retrouver cet auteur, après le coup de cœur de L'Ange blond, son thriller uchronique (et une suite en préparation !). Au service secret de l'Empereur est sympathique mais sans plus. Déçue de ne pas y voir davantage le fameux empereur, j'y ai quand même trouvé un intérêt en soulignant l'importance des têtes pensantes et la puissance de la technologie dans une guerre pourtant lointaine. J'ai bien aimé les précisions des dates historiques pour nous situer mais je suis frustrée que l'enjeu s'arrête à l'extradition. (14/20)

Jean-Claude Dunyach n'est pas non plus inconnu au bataillon. Si je n'ai jamais lu un roman, j'apprécie en général ses nouvelles. La Dynamique de la révolution n'y échappe pas. J'ai beaucoup aimé les échanges vaseux, presque un dialogue de sourds, entre le savant et l'Empereur. C'était également intéressant de suivre le conflit de Waterloo non pas sur le champ de bataille mais dans la tête des généraux, à suivre la progression des soldats et les pétarades depuis la longue-vue. Décidément trop courte ! (16/20)

Sur ce blog, on ne présente plus Fabien Cerutti, qui s'illustre dans la fantasy historique avec son Batard de Kosigan. Dans un registre moins rocambolesque, moins amusant, La Nouvelle Campagne de Russie nous présente un empereur focalisé sur ses batailles à mener en Russie pour renforcer sa main-mise en Europe avant de partir sur la conquête des Anglais. Si les choses étaient aussi simples… de manière tout à fait passionnante, on alterne entre stratégie sous les tentes des généraux, petits instants intimes de la vie impériale ou encore résumé de combats sanglants. C'est tellement bien construit, bien écrit, que j'ai eu le sentiment de lire une biographie romancée. Une très bonne lecture donc ! Et petite pensée pour Pauline, une femme en avance sur son temps par bien des points ! (16/20)

Là encore, Johan Heliot a déjà été mentionné par ici pour des romans. L'Empereur d'un autre monde est une nouvelle intéressante dans le fait que c'est la première à insérer du fantastique, ungrain de mystère dans son uchronie. Je resterai frustrée de ne pas obtenir davantage de réponses sur cette entité et ses capacités, sur ses desseins également, mais l'ambiance qu'elle apporte dans son sillage était parfaite. Une chouette nouvelle qui détone dans ce recueil, jusqu'à maintenant. (16/20)

Moins dans de ses romans jeunesses, j'aime malgré tout l'univers de Silène Edgar, notamment dans ses nouvelles. Tout se distille n'entre malheureusement pas dans le lot. Pourtant le prisme choisi était pas mal, totalement différent de ce qu'on a lu jusqu'ici. La famine, la misère, pendant les conquêtes et la guerre. Mais je ne me suis pas attachée aux personnages, si bien que j'ai eu du mal à m'impliquer dans ce quotidien. Bof bof, donc… (12/20)

Je connais bien Thibaud Latil-Nicolas par sa célèbre trilogie des Chevauche-brumes, de l'excellente fantasy épique. J'avais donc grande hâte de lire d'autres productions de lui, dans un autre univers, et Crassus et Auguste fut une bonne lecture. En fait, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans et le déroulement est un peu plat, une narration très historique. C'est surtout la toute dernière phrase qui m'a mis une petite claque, c'est une vérité qu'on n'entend pas souvent et qui est un excellent rappel. (14/20)

On ne présente plus Jean-Philippe Jaworski sur ce blog, un de mes auteurs préférés pour la qualité littéraire et documentée de ses œuvres. Je n'ai pas été déçue ici de ce côté-là avec Implacable Clio, l'écriture est magistrale et l'aspect historique l'est tout autant, j'ai été parfaitement immergée dans cette ambiance impériale. Les quelques réflexions ont également été intéressantes et j'ai beaucoup aimé la fin. Ça ne vaut pas un de ses romans, ni Janua Vera, mais ca reste une bonne porte d'entrée dans le savoir-faire de l'auteur. (16/20)

Je ne connaissais pas du tout Raymond Iss avant la lecture de sa nouvelle, Le Dernier Rêve de Napoléon, et je dois dire que je le regrette car il nous brosse un tableau vraiment intéressant de Buonaparte. La révolution sous l'angle corse, voilà quelque chose qu'il ne m'était jamais donné de lire et j'ai adoré la tension dans les dialogues, la sécheresse et le cynisme de certains faits restés tus. Je regrette simplement la narration au présent, qui rend le style très brutal. Une bonne découverte quand même ! (16/20)

J’aime beaucoup ce que produit Jean-Laurent Del Socorro en général et L’Horatius Coclès du Tyrol n’échappe pas à la règle. Narration bien plus vivante que toutes les autres nouvelles, un aspect historique plus rapide également, l’auteur nous brosse en effet tout le pan des batailles menées par le général Bonaparte telles qu’elles auraient pu être. Un exercice qui ne manque pas de rabaisser le Petit Diable, jusqu’à dans ses derniers instants. La partie sur l’esclavagiste et le droit des femmes est également très importante, je regrette presque ne pas en avoir appris plus sur les origines de Dumas pour qu’il en vienne à un tel discours. Une très bonne nouvelle (17/20)

Je n’attendais pas grand-chose du texte de Victor Dixen, qui s’illustre davantage en young adult. N’étant plus trop adepte des romans destinés à la jeunesse, je pensais sincèrement que je passerai à côté de cette nouvelle.Finalement j’ai franchement adoré Cent-jours sans lui. L’auteur a su prendre une tournure plus poétique, comme l’aurait fait les romantiques à une certaine époque. C’était totalement inattendu dans un tel recueil, par conséquent ce fut extrêmement rafraîchissant. Cette personnalité de Napoléon, ce nouveau Dormeur du Val me resteront longtemps en mémoire. (19/20)

Une fois encore, je ne connaissais pas Armand Canasson, pas même de nom, alors qu'il semble pourtant très connu, selon sa petite biographie. Dernier soleil m'a en tout cas donné envie de le découvrir davantage. Dans ce récit de guerre, on change de continent, d'armées, de combat, mais toujours dans le but de conquérir du territoire et poser un nouvel empire aux couleurs de l'Europe. Bonaparte n'est plus general mais un vieillard difficilement crédible. Il va toutefois retrouver progressivement son panache d'antan et sa capacité à fédérer les hommes. C'est d'un réalisme incroyable, et totalement crédible. (18/20)

D'habitude j'adore les productions d'Ugo Bellagamba mais Mémorial de Philae ne m'a pas convaincue. Autant j'ai apprécié le décor et mythes orientaux, autant je me suis ennuyée sur le contenu. En revanche c'est toujours très bien écrit, c'est plaisant. (12/20)

Et pour clore les nouvelles, la parole est donnée à Michael Roch, que je connais uniquement pour ses participations dans les différentes anthologies. Ils rêvent d'égalité m'a bien plu, même si elle n'emporte pas ma préférence. J'ai bien aimé retrouver les thèmes qui tiennent à cœur l'auteur, cet afrofuturisme sur fond d'esclavagisme dans un décor dépaysant pour les métropolitains. J'ai apprécié le développement également. Une bonne nouvelle, différente et originale. (16/20)

La postface qui suit de Bernard Campeis et Karine Gobled, à l'origine du Guide de l'uchronie, retrace sommairement le parcours de Napoléon avant de se porter rapidement en une longue liste d'oeuvres, longues ou courtes, ayant abordé Napoléon sous le un regard uchronique. Je pense qu'il y a de quoi piocher d'excellentes suggestions dans le lot, récentes ou plus datées. Une très bonne ouverture pour ceux qui se seraient régaler de cette anthologie, comme moi.



Ce recueil traite de Napoléon sous bien des aspects, bien des époques, toujours avec une certaine originalité. En dehors d'une petite exception, qui reste d'ailleurs intéressante, les nouvelles sont excellentes, toujours bien écrites, bien ficelées. J'ai passé un excellent moment à picorer les texte et je conseille cette anthologie à tous les curieux et fan de l'empereur.



20/20




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