17 déc. 2025

Et que désirez-vous ce soir




Jour de deuil : Joyau et les autres courtisanes de la Maison Bicchieri pleurent la perte de leur collègue et amie Winfield, tuée de sang-froid par un client haut placé. Mais lors de ses obsèques, elle revient à la vie. La morte qui ne l'est plus.
Joyau n'arrive pas à s'en réjouir. Au contraire, elle est terrifiée. La douce, charmante, docile Winfield est désormais animée d'une implacable volonté de se venger des puissants qui abusent de leurs privilèges. Et malgré la haine que Joyau nourrit envers les oppresseurs, malgré son désir de rébellion, malgré l'affection qu'elle porte a Winfield, elle a tout à perdre si son amie renverse la Maison Bicchieri. Car cela signifierait : être de nouveau livrée à la rue, à la merci de ses criminels et des purges gouvernementales.



Pourquoi ce livre ? Je viens tout juste de découvrir, semaine passée, un premier texte de Premee Mohamed avec Comme l'exigeait la forêt. Comme j’ai plutôt bien apprécié, j’ai voulu prolonger l’aventure avec une de ses dernières parutions, déjà acquise par la médiathèque.

Je ressors bien moins convaincue par cette seconde lecture. Et que désirez-vous ce soir use d’un style vivace, à la limite de l'oralité, puisque la narration est à la première personne. Le lecteur est ainsi aux premières loges des pensées de Joyau, cette courtisane qui a saisi l'ambivalence entre la conscience de sa position misérable et la nécessité de son métier.

L’histoire tourne autour d’une morte non-morte, de sa position de force face à ceux qui la croient définitivement écartée. C’est un récit nébuleux, avec peu d’indices quant à l'univers et globalement peu de clefs de compréhension.
C’est un récit où le véritable propos se cache sous les lignes. Le texte regorge de plusieurs couches d’interprétations… et je pense être passée à côté de la majorité d’entre elles. Bien sûr, j’ai perçu la satire sociétale, les critiques sur les inégalités et l'iniquité, sur les personnes dans la nécessité qui appartiennent aux plus riches… De là à en tirer un propos plus profond, une vision plus mordante, je n’en suis pas capable.

Je ne ne me suis pas non plus attachée aux personnages, quasi exclusivement féminins. Tout tourne autour de la mission de Win et des pensées de Joyau sur son indécision, partagée qu’elle est entre l'envie d'échapper à tout ceci sans espoir que sa vie s’améliore sans cette situation. Les choses tournent vite en rond et j’ai fini par m'ennuyer, alors que la novella compte à peine une centaine de pages.



J’ai abordé ce texte en étant fatiguée, et j'ai conscience que ce n'était pas le meilleur moment pour le lire. Étant donné sa profondeur et ses multiples strates de lectures, je n'étais clairement pas en état d’interpréter le propos autant qu'il le mériterait. L’idée globale est bonne, avec un départ surprenant, mais mon manque d’empathie pour les personnages et une intrigue qui se mord la queue auront eu raison de mon intérêt. Je suis allée au bout parce que c'était court mais je n’ai pas retrouvé le même plaisir que lors de ma première découverte de l'autrice. Je continuerai malgré tout d'explorer sa bibliographie, par curiosité.


11/20

Et que désirez-vous ce soir de Premee Mohamed, L'Atalante, 105 p.
Traduit par Marie Surgers, Couverture par Thomas Dambreville


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