29 avr. 2025

Superméchant débutant




Une nouvelle inattendue vient ébranler le quotidien de Charlie, qui végète entre son pub préféré de la banlieue de Chicago, son divorce et un boulot alimentaire : son oncle Jake, magnat de l’industrie du stationnement, est mort en faisant de lui son héritier.
Est-ce la fin des ennuis ? Loin de là ! Point de parking dans son héritage, mais une base secrète au fond d’un volcan, sur une île paradisiaque où se trament les pires machinations. Charlie ne s’attendait pas à ça en se rendant chez le notaire, encore moins à des négociations syndicales avec des dauphins augmentés…



Pourquoi ce livre ? J'ai découvert cet auteur il y a maintenant quelques années et je suis admiratrice de son imaginaire. Depuis, j’essaye de lire tout ce qu’il a pu écrire, sachant qu'il a un sacré début de parution.

Sa dernière parution en français est donc Superméchant débutant. Quelle idée de mettre un chat en couverture quand on parle de méchants, dites-donc ! :P

Tout au long de ma lecture, je n’ai pas pu m'empêcher de faire une comparaison avec la précédente lecture de l'auteur, à savoir La Société protectrice des Kaijus, que j’avais trouvé excellent.

Superméchant débutant démarre déjà plus tranquillement. On découvre un trentenaire aux abois, tant socialement qu'économiquement. Professeur remplaçant entouré d’un puis de deux chats, il tente un dernier coup de bluff bancaire pour tenter de se remettre à flot. Il faut attendre un bon tiers du livre pour que l'intrigue se lance réellement.
Une fois lancée, j’ai eu du mal à accepter la découverte de ce nouveau milieu, en plein cœur d'une île, par notre homme déboussolé. Les choses vont très vite, on découvre plein de personnages, une société étrange et repoussante, des animaux dotés d’intelligence et d’une conscience sociale, etc.
Honnêtement tout aurait pu me plaire… J’ai pourtant le sentiment qu’il m’a manqué une petite étincelle, un liant pour que je m’imprègne de l’ensemble.

Jusqu’au bout, j’ai eu du mal à percevoir vers quels horizons nous menait cette histoire. L’auteur brouille les pistes et le personnage étant peu habitué à ce décor digne des superméchant de films, on ne peut que rester dans son sillage en tenant, comme Charlie, de comprendre les choses.
Une fois la fin entamée, les choses s'accélèrent plus encore. Je m'attendais à des retournements de situation, je ne pensais pas qu’il y en aurait autant. Ce ne fut pas difficile à suivre : l’auteur maîtrise ses ficelles à la perfection et nous apporte sa résolution sur un plateau d’argent, nous n’avons plus qu'à nous laisser porter. Je ressors un poil frustrée malgré tout par le dernier chapitre, un peu trop happy end à mon goût. On parle de superméchants, quand même ! Même les superméchants auraient un bon fond, finalement ?

Comme souvent avec Scalzi, on s’attache aisément aux personnages. Ici, c'est d’autant plus que le cas que le protagoniste est en perte totale de ses repères, en plus de la perte de ses proches, on ne peut que compatir à sa situation et à son déboussolement.
Morrison m’a également plus, pour ses réactions terre à terre et sa conscience professionnelle à toute épreuve, en plus de son humour pince sans rire (en a-t-elle seulement conscience ?) et de son caractère très rigide. Ses confrontations avec Tobias m’ont soutiré quelques sourires.
Je n’ai pas trouvé que les méchants étaient extra méchants. Certes, ils ne portent pas un bon rôle, on ne les veut clairement pas dans nos amis… Toutefois leur méchanceté vis-à-vis de Charlie n’est pas poussive, il aurait pu subir bien pire. Ils nous plongent dans des situations cocasses, sans jamais nous pousser dans la peur.

Je ne parlerai pas des chats et des autres animaux présents dans l'histoire, ce serait déjà trop en dire. Je précise tout de même avoir adoré le processus, leur présence et leur rôle clé dans toute cette folie !

Cela ne signifie pas pour autant que je n’ai pas apprécié ma lecture. John Scalzi use toujours de son humour mordant, nous plongeant dans des situations cocasses, impensables, inimaginables, toujours dans l’optique de dénoncer les choses. J’ai retrouvé son style unique avec plaisir, mélange de pop culture et de critiques sociales.



Je me suis bien éclatée à découvrir cet univers décalé, digne de l’imaginaire de Scalzi. Les personnages sont savoureux, que ce soit les humains ou les animaux, à l'exception des vrais méchants qu’ils ne le sont finalement pas tellement. L'intrigue prend son temps pour décoller, j’aurais voulu quelque chose d’un peu plus précipité… La fin, quant à elle, est digne de ce que j’attendais. Pas mon Scalzi préféré, j’ai néanmoins pris un énorme plaisir à retrouver son style vif et plein d'humour. Il me tarde déjà de lire d'autres romans de sa production.


14/20

Superméchant débutant de John Scalzi, L'Atalante, 312 p.
Traduit par Mikael Cabon, Couverture par Tristan Elwell


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