27 janv. 2019

Anticipation, n°1 - Transhumanisme




Pour cette première enquête, Marcus Dupont-Besnard et Jeanne L’Hévéder ont exploré le transhumanisme. En pleine expansion, cette philosophie entend créer une humanité augmentée, plus intelligente, plus forte, délivrée de la souffrance et de la mort. Si ce projet fait appel à tous nos fantasmes, des problèmes éthiques et sociopolitiques se posent. Cette enquête livre la pensée des transhumanistes eux-mêmes, comme Natasha Vita-More, pionnière américaine du mouvement, tout en mettant sur la table les critiques des scientifiques et écrivains qui s’y opposent : l’auteur de science-fiction Alain Damasio, l’essayiste Natacha Polony, la psychanalyste Cristina Lindenmeyer… Est-ce un scénario scientifiquement crédible ? Si oui, à quoi ressemblerait une humanité augmentée ? Est-ce un futur souhaitable ou dangereux ? Vers quel modèle politique les sciences et technologies nous conduisent-elles ?



Pourquoi ce livre ? Je savais qu’un camarade - un ami - de ma classe a fondé une revue avec une de ses connaissances dont le premier numéro portait sur le transhumanisme. Si ce grand mot est effrayant par sa connotation scientifique, je n’ai pu résister à cet achat impulsif lors de mon passage en caisse aux Utopiales, salon multimédia sur la science-fiction. Il m’aura fallu quatre mois pour le sortir de ma PAL, je prends maintenant conscience à quel point c’est long pour une revue si courte, si alléchante.

Alléchant par son “casting”. Bien loin d’être une revue qui explique en long, en large et en travers ce qu’est le phénomène transhumaniste et de quelle façon il s’applique en s’appuyant d’une bonne dose de références, lesdites références, les rédacteurs les invitent et leur donnent même la parole !

La revue débute d’abord par une introduction suffisamment conséquente pour poser de bonnes bases avant la mise en bouche de la réflexion concrète. Définissant les termes importants, soulevant de premières problématiques ma foi fortes intéressantes, cette partie joue pleinement son rôle en soulevant foule de question et amorçant quelques éléments de réponses via l’énoncé des parties à suivre.

C’est là que les choses se corsent, dans le bon sens de l’expression ! Chaque partie, au nombre de cinq, axe son propos sur une spécificité du transhumanisme (“De l’humain né à l’humain augmenté”, par exemple, ou encore le mind uploading). Ainsi les rédacteurs énoncent les intérêts de cette partie, des questions soulevées lors d’interview. J’ai envie de dire, les rédacteurs nous mâchent le travail en pensant à notre place, amenant des réflexions intéressantes sur le sujet.
Chaque partie se voit ensuite attribuer une personnalité issue de différents milieux afin de poser une interview sur la conception de ce possible futur. D’ailleurs, est-ce que le transhumanisme appartient au futur ou le phénomène est-il déjà implanté dans notre quotidien ? Certains le pensent, après tout la médecine actuelle, comme les greffes, entre complètement dans l’esprit du transhumanisme… Mais je m’égare totalement.

Les invités de cette revue sont très intéressants et soulèvent des débats qui, avec moi, pourraient durer des heures. D’un côté nous avons les scientifiques à fond dans ce phénomène, qui sont absolument pour et qu’on sentirait capables de cracher sur leurs opposants pour montrer leurs torts. Je dois dire que cette partie, pour mettre en jambe, est terrible car elle révèle des possibilités tout bonnement effroyables. Arrêtez votre lecture, prenez deux minutes pour réfléchir à la question que je vais vous poser. Le mind uploading est la capacité de projeter, d’insérer votre conscience dans une matrice technique, un ordinateur ou un serveur (un peu à la manière de Néo dans la trilogie Matrix). Cela permettrait de fait de ne plus perdre aucun souvenir, tout serait gravé dans le code… Est-ce votre fantasme ? Avez-vous envie de vous couper d’une réalité pour vous ouvrir à une machine, devenir et actionner cette machine ? Personnellement, j’étais horrifiée par la réponse de ses scientifiques qui veulent cet avenir. Entrer dans une machine, abandonner notre corps, c’est abandonner toute sensation qui forme notre personnalité, notre caractère, nos souvenirs. Quand votre esprit se déconnecte et rêvasse en plein cours, vous en souvenez-vous ? A l’inverse, vous retenez facilement une grande colère, vos larmes, le souvenir d’une caresse sur votre peau. Pourquoi ? Parce que c’est sensoriel, ce sont vos émotions, c’est ce qui vous définit.
Voilà, si à aucun moment je n’ai ressenti l’envie ou le besoin de me défouler contre ces scientifiques en jetant le livre à l’autre bout de ma chambre, j’étais totalement contre au point de râler toute seule dans mon lit (c’est triste, mais c’est la réalité).

Heureusement, les rédacteurs ne prennent jamais partie et ont eut l’air de refuser catégoriquement d’abonder dans un sens ou dans un autre. De fait, d’autres scientifiques interviennent pour équilibrer la balance, osant dire qu’une partie du transhumanisme sera non seulement nécessaire mais a peut-être déjà commencé. Cela permet d’arrondir les angles, d’admettre que cette possibilité est tout à fait viable.

A l’opposé, des auteurs, philosophes et autres grands penseurs sont interrogés et leur parole est très instructive. La réflexion se porte davantage sur la réception de cette nouvelle technologie sur la société, sur l’être vivant. Les questions d’égalité est de mise pour les uns, les questions de personnalité inquiètent les autres. Si la réponse donnée par Alain Damasio, auteur français de science-fiction réputé, est intéressante par sa violente prise de position, c’est davantage le réconfort de Raphaël Granier de Cassagnac, en fin de revue, qui me marquera. Mais je ne vous en dirai pas plus pour vous laisser des surprises !

Comme je le disais, les discours sont opposés, les idées partent loin et j’apprécie beaucoup que les rédacteurs aient gardé cette ouverture d’esprit, orientant la conversation selon les interviewés et leur spécialité, sans jamais prendre parti ni émettre le moindre commentaire subjectif. Cela permet d’offrir des éléments de réponses, de laisser le lecteur réfléchir jusqu’au bout sans jamais juger la prise de partie finale.



Il est difficile de juger une revue, d’autant plus quand ce format ne rentre pas dans les habitudes de lecture. Celle-ci est ma toute première (je retiens un commentaire qui ne manquerait pas de faire sourire certains !) et… Je ne peux que remercier les rédacteurs pour leur travail, ils ont su formuler des propos intéressants, proposant des interviews variées et instructives. Certaines données font peur mais c’est à nous, lecteur, de prendre position pour notre futur et d’agir sur nos décisions pour obtenir l’avenir que l’on souhaite vraiment. Car l’avenir, c’est demain et les technologies de demain sont déjà mises en service aujourd’hui. En tout cas, l’ensemble est formulé dans une objectivité et un équilibre parfaits et m’a permis d’apprendre énormément de choses sur ce concept et ce phénomène d’époque. Comme j’ai pu le dire à l’oral, à quand le numéro 2 ?!



18/20




Les autres numéros de la revue :
1. Transhumanisme
- saga en cours -


2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cette découverte, ta chronique est super intéressante et donne envie d'en savoir plus sur ce concept !! C'est sur que je lirai cette revue^^

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    1. Il faut le lire, c'était vachement marquant, percutant ! Même aujourd'hui, je me souviens du contenu ;)

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