29 janv. 2022

Apostasie




Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge.

Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?



Pourquoi ce livre ? Depuis sa première édition au Chat noir, j’avais repéré ce titre, qui a plutôt de très bonnes critiques. Alors à sa sortie en poche dans le label Helios, je n’ai pas tellement résisté, succombant de plus à la beauté de la couverture.

Je suis très vite tombée sous le charme de cette ambiance. Portée par une plume addictive par sa douceur et son vocabulaire relevé, on découvre un personnage atypique, solitaire, et un environnement oscillant entre rêve et cauchemar, aux branches et ombres entrelacés. La magie n’opère pas forcément tout de suite, il faut d’abord comprendre dans quoi on met les pieds. Cela peut projeter le lecteur dans un certain malaise ; je recommande de se laisser aller.

Le roman est divisé en trois parties et je considère que la première est la moins intéressante, sans être toutefois ennuyeuse, puisqu’on découvre ce que j’explique auparavant. Je conseille donc de persister en cas de blocage. Car la suite est fabuleuse. Entre réalité et conte, l’ambiance onirique avec sa petite touche glauque est parfaite. C’est très cru, assez violent dans les scènes évoquées et décrites ou dans les actes et décisions de certains personnages. C’est aussi en cela que repose la beauté de l'œuvre, dans cette volonté d’être sincère dans le moindre détail.

Le conte de la reine Lavinia et du roi Irvine manque peut-être d’originalité, mais c’est l’ambiance baroque qui fait tout le sel de cette intrigue. Le sentiment, de manière générale, est très présent, poignant dans cette histoire. Que ce soit dans la royauté ou dans la Cour de la nuit, on partage les émotions, tantôt avec tendresse, tantôt avec écoeurement.

Seule l’avant fin m’a un peu déçue. Elle nous plonge plus encore dans l’onirisme. Loin de la volupté, c’est davantage la violence de la nature de ces êtres qui nous frappe, avec son lot de sang et de quête vaine.
En revanche, j’ai adoré le procédé dans lequel le “journal” se finit un peu abruptement, avec une reprise par un autre pour vivre les derniers instants d’un personnage. C’était bien pensé, avec une transition en douceur et un changement subtil de style pour démarquer la façon différente de s’exprimer.

Les personnages sont également des piliers du récit. Ils sont nombreux, avec des lettres commençant souvent par un A, si bien qu’on s’y perd facilement… Pourtant j’ai adoré chacun d’eux (même ceux ne commençant pas par un A, héhé). J’ai beaucoup aimé la manière dont on rencontre chacun, leur personnalité très variée, unique. On connaît leur joie, leur peine, leur douleur et leur cauchemars, tout ce qu’il faut pour s’attacher à eux. Finalement on oublie aisément Anthelme dans tout ce flot de contes, alors que c’est lui qui ouvre et clot ce roman.

J’en ai déjà parlé auparavant, je reviendrai dessus avec plaisir. La plume de Vincent Tassy est sublime. C’est très doux, même dans les moments où la violence bat son plein. C’est très cru visuellement, je ne cache pas avoir grimacé et avoir ressenti un profond malaise à deux reprises, pourtant j’étais happée par cette lecture et j’étais incapable de la lâcher - livre dévoré sur deux jours, la preuve.



J’ai refermé le livre et j’ai résumé le livre ainsi à Mister : “Quelle claque ! Je regrette de ne pas l’avoir lu avant !”. A la fois élégant et violent, ce récit nous plonge dans une ambiance baroque et violente, au goût d’amour et du sel des larmes. C’est comme un bonbon piquant sur la langue : le sucre de la plume nous attire tandis que le sel nous violente. C’est puissant et onirique, ça laisse une trace en nous. Apostasie me marquera longtemps et je le relirai avec plaisir.



18/20




4 commentaires:

  1. Depuis le temps que je le vois passer, ce roman... Il faudra vraiment que je le découvre à l'occasion ^^

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    1. Je redoutais sa lecture mais je regrette tellement de ne pas l'avoir lu avant ! Ne fais pas la même erreur que moi ;)

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  2. J'avais adoré ce roman,je me rappelle encore très bien de l'ambiance et du ressenti. Contente qu'il t'ai plu !

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    1. Oui, c'est une ambiance très marquante ! Depuis j'ai reçu Diamants du même auteur dans une boxe littéraire, j'espère être aussi conquise ! =)

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