17 mars 2025

Eurydice




Orphée est un jeune chanteur au talent quasi divin, idéaliste et révolté. Sa soeur Calliopé, danseuse d'exception, se bat pour sauver son métier. Mais leur rencontre avec une mystérieuse étrangère nommée Eurydice va bouleverser leurs priorités... Tandis que derrière leurs masques, les dieux et les muses de l'immense cité de papier révèleront leurs failles, terriblement humaines et universelles.



Pourquoi ce livre ? Je ne connaissais aucune de ces artistes avant de repérer cette lecture. C’est sur les réseaux que que je suis tombée dessus en premier lieu, la couverture aux couleurs vives ne pouvant qu’interpeller. Puis j’ai pu feuilleter l’ouvrage en librairie et c’est finalement dans le cadre d’un emprunt que je me suis décidée à me lancer.

Il faut savoir que j’apprécie énormément les mythologies européennes (gréco-romaine mais aussi scandinave) et que je garde pas mal de souvenirs de mes cours aux collège et lycée. De fait, j’ai d’abord été sceptique devant ce panel des mythes, sans que cela ne respecte forcément l’histoire originelle. Les explications sur ces choix de mélanger l’ensemble viennent après la lecture, ce que je déplore un peu. Ainsi, les lecteurs sont avertis en fin de lecture, ce que je considère peu judicieux : cela sonne plus juste de préparer le terrain avant, d’autant plus que les avertissements ne spoilent en rien.

Cela étant, j’ai passé un excellent moment avec Eurydice, tant par le contenu que par le visuel. J’en ai pris plein les mirettes, avec un joli panel de couleurs et une finesse du trait incroyable.
C'est l’histoire d’une cité dans un désert aride et de la quête d’Eurydice, jeune femme fragilisée par son passé. Elle fait la rencontre d’un jeune homme qui va très vite l’aider dans sa quête de rencontrer les dieux. Néanmoins la jeune femme va très rapidement déchantée et la suite de son aventure prendra une tournure plus tragique.

Si j’en reviens à l'avertissement tardif évoqué en début de cet avis, je reconnais que cela n'a gâché en rien mon plaisir. Ce mythe revisité dans une sauce plus moderne surprend par l’ingéniosité des rebondissements. De fil en aiguille, on apprend que les muses veulent faire grève, que les dieux n’existent pas, que les travailleurs peuvent être remplacés par des entités faites de papier. J'ai découvert cet univers avec un emballement certain, avide de tout connaître.
J’ai également adoré la fin. Revisitant encore une fois les mythes, ce n’est pas pour autant qu'elle perd la brutalité et son pathos. Je ne m'attendais clairement pas à ça et j’ai écarquillé les yeux devant les dernières planches, surtout la dernière !

Je me suis attachée aux personnages. Que ce soit les habitants de cette cité ou Eurydice, j’ai aimé leur évolution et leurs décisions. Même Hadès, pourtant peu visible, a su me convaincre par sa prestance.
Le seul bémol concerne finalement l’idylle d’Orphée, qui naît un peu trop rapidement à mon goût. Une nécessité induite par le format court de ce roman graphique, mais qui ne me convient pas.



Je ressors totalement convaincue par cette production sur la mythologie gréco-romaine. Ça ne peut pas se qualifier de réinterprétation du mythe, c’est davantage une réappropriation avec un gros travail de cohérence et de mise en scène. Le visuel est magnifique et le tout transmet une émotion tendre et brutale. J’ai adoré !


17/20

Eurydice de Lou Lubie & Solen Guivre, Delcourt, 116 p.
Couverture par Solen Guivre


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