14 mars 2025

Feuillets de cuivre




Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d'une prostituée, premier d'une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l'âme mutilée par son passé et au corps d'obèse, l'inspecteur Ragon n'a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. À la croisée des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l'éclaircie d'un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d'encre et de sang.



Pourquoi ce livre ? C’est le premier roman de l’auteur que je tente. Sans raison particulière, ce roman a traîné dans ma PAL pendant des années… Il en est enfin sorti, au cours d’un voyage où j'étais certaine de le finir.

J’ai été surprise par la particularité de Feuillets de cuivre, roman fix-up mettant en scène des enquêtes policières. On y suit le parcours difficile de Ragon, jeune homme adepte de la littérature. Celui-ci n’oublie jamais un livre, allant jusqu'au mot près. Et il en a lu beaucoup ! C’est par le biais de la littérature qu’il résoudra ses enquêtes.
J’ai plutôt bien aimé ce roman divisé en deux parties, avec une préférence pour la première. Suivre ces aventures aléatoires et anecdotiques fut pour moi l’occasion de picorer les textes et de les savourer, un par un. La seconde partie raccroche les wagons entre eux. Là, il faut jouer la carte de la mémoire pour situer à nouveau les noms et les lieux.

Du fait du format, je ne pensais pas être surprise comme je l’ai été par le déroulement des intrigues, surtout sur la seconde moitié. Sans être prise d’attachement pour le protagoniste, j’ai souffert avec lui de ses maux et dans son combat contre cette créature étrange qu’est Anagog.

Difficile de prévoir une fin dans un tel texte. Jusqu'au dernier moment je n’ai su dire où l’auteur nous emmenait. À l’image de la plume sèche et cassante, la fin se veut cruelle et réaliste. Brutale, aussi. J’ai beaucoup aimé, car une autre conclusion n’aurait pas collé avec l'ambiance de l'ensemble.

En parlant d’ambiance, ce roman est difficile à classer. Par son contenu, Feuillets de cuivre se veut policier puis thriller - attention d’ailleurs à la violence cachée derrière les scènes ou à peine contenue dans les descriptions des corps. Par son ambiance, ses décors, ses personnages, on oscille dans de le fantastique (à la limite de l’urban fantasy) à connotation steampunk. Autant dire que Fabien Clavel mélange les genres avec doigté, sans jamais que l’un double ou écrase un autre.



Je n’ai pas adoré, je n’ai pas détesté non plus. Sans être un olni (objet littéraire non identifié), ce roman fix-up aux multiples facettes sort des sentiers battus. C'est dense par son contenu et la richesse des textes évoqués, c’est exigeant par la plume froide et implacable de l’auteur, c’est glaçant par toutes les scènes macabres par lesquelles on passe. L’ensemble forme une excellente trame, en quête de la vérité. Les livres disent toute la vérité et celui-ci en fait partie, dans les quelques dénonciations sociales et écologiques. Je ne ressors pas totalement conquise mais curieuse de découvrir plus avant la bibliographie de cet auteur.


14/20

Feuillets de cuivre de Fabien Clavel, ActuSF, 329 p.
Couverture par Camille Ollagnier


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