4 mars 2025

Souveraine du Coronado




Carthagène, 1918.
Dans la capitale du Nouveau-Coronado, rien ne va plus. La Couronne a décidé de céder la colonie au plus offrant et s'apprête à organiser de grandes enchères.
Mais la rumeur, et la mort, courent de concert dans les rues. D'horribles meurtres frappent les élites de la ville et on murmure déjà qu'une fée, un dieu des peuplades autochtones de la péninsule, est à l'origine de ces terribles effusions de sang. Mais les fées n'existent pas, n'est-ce pas ?
Pendant ce temps, au nord de la cordillère de l'Azur, le passé ranime les entrailles de la montagne...



Pourquoi ce livre ? Voilà une saga qui n’aura pas tant que ça traîné en PAL, peu importe les tomes, même si j’ai emprunté celui-ci (ce qui impose un délai court de lecture). J'avais hâte de connaître le fin mot de ce périple.

Je dois dire que je ressors mitigée par ce dernier opus. Souveraine du Coronado se rapproche du tome précédent, même si les histoires peuvent toujours se lire indépendamment.
En premier lieu, je n’ai pas retrouvé cette ambiance qui m’avait tant plu dans les précédents opus, entre inspirations aztèques et rythme digne d’un western. De fait, j’ai un peu rongé mon frein en suivant la quête de chaque personnage ou groupe de personnages.
Ensuite, j'ai trouvé que le rythme était trop cassé, en dépit de cette alternance de point de vue qui aurait dû, justement, insuffler du souffle à l’ensemble. Cette conclusion à la saga se veut exigeante car chaque détail compte dans la quête de la vérité et la nécessité de la victoire contre ces fées toujours plus imaginatives pour pointer et manipuler la faiblesse des Hommes.

Ce qui est étrange, c’est que malgré les défauts cités, je ne me suis pas ennuyée, loin de là. Ce roman se dévore rapidement malgré le nombre de pages et j’ai éprouvé une réelle curiosité dans l'enquête de Ferran. Les échanges houleux entre Denna et le juge-maje qu’elle accompagne imposent également par le jeu de dupes et les mystères toujours plus nombreux.

Je regrette que les relations entre les personnages soient si facilement traduisibles. L’auteur tente de retarder le moment des révélations le plus possible, seulement j’ai déduit la plupart des liens dès la première centaine de pages. Autant dire que l’heure des levés de masque a bien moins retenti…
Par ailleurs, si j’ai bien aimé les caractères de Ferran, en proie aux doutes sur son identité et son allégeance, et Denna, qui n'hésite pas à remettre en question ses connaissances face à son présent, j’ai trouvé les autres personnages interchangeables - ce qui peut toutefois s’expliquer par la fin.

En parlant de fin, elle m’a parue moins bien retentissante. Je ne peux m'empêcher de comparer à celle de L’Empire du Léopard, qui avait été prodigieuse dans son implosante mise en scène - une des fins qui m’a le plus marqué dans ma vie de lectrice. Point d’événement marquant dans cette conclusion, c’est davantage les mots qui règlent les problèmes et font saigner cœur et âme. J’ai bien aimé, pourtant je crains qu’elle ne soit trop vite oubliée.

Evoquer la couverture dans un avis est une habitude que j'ai perdue depuis quelques années maintenant, sauf exceptions. Ici, je dois dire que je trouve l'effort de l'illustrateur déséquilibré : au premier plan, le trait est précis et le détail dans le crin est magnifique. Dans le reste de l'illustration, quelque chose m'a longtemps gênée sans que je sache en déceler la raison. C'est finalement arrivé à la fin de ma lecture que ça m'a sauté aux yeux : je suis assez inexpérimentée, cependant il me semble qu'il y a un problème d'échelle et d'ombre au niveau du second personnage... Bref, je ressors peu convaincue.

Je partage également ma culpabilité de lectrice peu conquise. Quand on lit les remerciements, on comprend à quel point il est difficile de se démarquer dans la production massive de la littérature. Publier un avis aussi peu enjoué, même à mon échelle si discrète, ce n’est pas aider le titre en question et il y a forcément une forme de culpabilité dans tout ceci. Comme dirait l’autre, c’est l'jeu, ma pauvre Lucette…



Au-delà du contenu, j’aime toujours autant ce style limpide qui nous entraîne dans ce monde dévasté par la soif de pouvoir et les cultes divers. Emmanuel Chastellière a une façon bien à lui de développer son univers par l’intermédiaire de ses personnages principaux. Je ne peux pas dire que je ressors totalement conquise par ce dernier volume, cependant je retiens la trilogie pour l'intensité et l’originalité de ces deux premiers tomes.


13/20

Souveraine du Coronado d'Emmanuel Chastellière, Critic, 551 p.
Couverture par Sébastien Annoni


Les autres titres de la saga :
1. L'Empire du Léopard
2. La Piste des Cendres
3. Souveraine du Coronado
- saga terminée -


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire