

1640, treizième année du règne de l’empereur Chongzhen.
Alors que la dynastie au pouvoir affronte de nombreux remous, la jeune Chen se rend, accompagnée de son père, à la Foire des Lanternes sur le Mont du Dragon. Émerveillée par mille lumières, Chen s’égare et se retrouve face à un étrange commerçant qui lui offre un magnifique bracelet de jade. Le bijou exerce bientôt une grande fascination sur la jeune fille, au point que ses rêves la projettent dans un monde étrange.
Des discussions avec son père, ancien haut-fonctionnaire qui se consacre désormais aux arts de la calligraphie et des jardins, Chen découvrira que les chemins de la vie se tissent autant dans les aspérités du vide que dans les souffles suspendus du temps.

Pourquoi ce livre ? C’est le premier ouvrage paru dans cette nouvelle collection, Récifs, des éditions Argyll. J’ai succombé à la beauté de la couverture, oui, tout en ayant la curiosité de me pencher sur de l’imaginaire chinois.
J’applaudis l’initiative du traducteur d’avoir développé l’histoire politique et militaire chinoise afin de remettre cette novella dans son contexte. On y apprend notamment que ces guerres ont beaucoup été traitées dans la littérature il y a plusieurs décennies. Depuis quelques années de jeunes auteurs soulèvent à nouveau ce sujet par le biais du surnaturel.
Le Bracelet de Jade m’a permis de retrouver tout ce que j’aime dans la littérature asiatique. En dépit du sujet assez lourd, l’ambiance est feutrée et les thèmes sont abordés avec pudeur.
La partie fantastique de l'intrigue est très discrète, servant davantage de levier narratif que d’un réel élément bousculant le quotidien. Le pouvoir de ce bracelet de jade, qui fascine et attire le regard, n'est pas perceptible au premier coup d’œil. J’ai même eu le sentiment qu'il fallait attendre la fin de l’ouvrage, notamment l'épilogue, pour comprendre quels en étaient les tenants et aboutissants.
Cette fin m'a d’ailleurs émue plus que je ne l’aurais cru, pour sa cruauté et toute la solitude qu’elle implique vis-à-vis du père, qui sait mais qui reste malheureusement impuissant face à l'avenir. C'est malgré tout une fin poétique, avec toute l’ampleur qui résonne en fond.
En raison du découpage temporel, j'ai eu beaucoup de mal à m’attacher aux personnages. Peut-être aussi du fait de la pudeur ambiante, qui ne permet pas d’exprimer et d'assumer les émotions. Dans tous les cas je suis restée fascinée par cette relation père-fille très douce et par l’empreinte qu’ils laissent chacun dans ce fameux jardin - et là aussi, la fin sonne comme un déchirement.
Je suis vraiment émerveillée par les traductions des textes asiatiques, à chaque fois. Impossible de savoir s’ils retranscrivent avec justesse, cependant à chaque fois je tombe sous le charme de ces phrases imagées et de ces ambiances feutrées. Le style très doux est vraiment incroyable.

Un texte poignant sur un sujet historique majeur de la Chine. Cette relation entre un père et sa fille est touchante, rendant les émotions pourtant pudiques plus puissantes au fur et à mesure que le temps passe, que la guerre ravage toujours plus. La fin est allée droit au cœur. J’ai beaucoup aimé.
15/20
Le Bracelet de Jade de Mu Ming, Argyll, 102 p.
Traduit par Gwennaël Gaffric, Couverture par Anouck Faure
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