25 févr. 2025

Sur Mars, récit de voyage en terre rouge




Arnauld Pontier revient de la planète rouge. Oui. Il a marché sur Mars. En 2016. Son journal de bord en est la preuve. Il détaille par le menu les mystères de cet astre frère sans les percer tout à fait. Comment le pourrait-il, du reste, alors que c'est la vie même qu'espère découvrir là cette première mission humaine ? Mais la vie, c'est d'abord celle de l'équipage, mixte, confiné, obnubilé par la routine et les consignes de sécurité. Tout semble réglé comme un livre de comptes...



Pourquoi ce livre ? C’est sur le stand des éditions 1115, lors du festival L’Ouest hurlant à Rennes, que j’ai rencontré Arnauld Pontier. On l’a écouté présenter ses ouvrages, Mister et moi-même, et on est repartis avec trois livres de cet auteur. Depuis, j'ai découvert et plutôt apprécié Dehors, les hommes tombent. Il était temps que j’en lise un autre et j’ai pioché celui-ci.

Pour rappel, je suis peu friande de science-fiction, étant plus portée sur la fantasy, mais depuis quelques années j’essaye de multiplier les excursions dans ce genre afin de parfaire mes connaissances et varier les plaisirs, d’autant plus que je suis généralement agréablement surprise.

Sur Mars décrit la vie d’un homme qui a centré toute sa vie autour de son vœu le plus cher, découvert par le biais des magazines lus au cours de son enfance : être le premier, ou l’un des premiers, à poser le pied sur Mars. L’ensemble est mal amené. Dans un texte si court, il faut savoir aller droit au but et Arnauld Pontier ne s’embarrasse de rien pour nous entraîner dans son intrigue.

C’est aussi là le défaut que je peux lui reprocher. Je sais bien qu’en si peu de caractères, l’écrivain est contraint de condenser les choses. De là à supprimer purement et simplement l’émotion au profit du reste, c’est m’empêcher de m’attacher aux personnages, c’est m’empêcher de m’investir dans l’histoire.
De plus, Arnauld Pontier se documente énormément pour forger son univers et le rendre plus crédible. C’est une bonne chose car on se sent en effet immergé dans ce décor aride et dans la complexité des moyens mis à disposition pour survivre sur cette planète. Seulement, l’érudition par le biais des termes techniques pointus (couplée à l’absence d’émotions, donc) asphyxie toute la fascination que j’aurais pu avoir autrement pour la découverte de ce milieu.

Au-delà de ça, l’auteur a une façon bien à lui de décrire Mars. Son personnage nous transmet sa fascination pour les nuances de pourpre avec justesse, en oubliant parfois de remémorer les dangers encourus en étant les premiers à fouler le sol de ce nouveau territoire.
D’ailleurs, qui dit nouveau territoire dit rappel de tous nos écueils passés, puisque l’humanité est incapable de respecter ce que la nature nous apporte. Arnauld Pontier écrit pour cela, pour faire rêver et juger à la fois, impactant toujours, à un moment donné, sa narration.

Évidemment dans tout ceci j’ai été incapable de m’attacher aux personnages, tout simplement parce que l’intérêt ne réside pas en leur individualité. En dehors d’Inga, qui a toute la sympathie du protagoniste, je suis incapable de me souvenir des autres prénoms et la plupart des caractères de chacun sont interchangeables. Encore une fois, l’auteur a construit son récit autour de la fascination pour cette planète, en omettant tout ce qui aurait pu soulever la sympathie du lectorat.



En toute honnêteté, je ne suis pas le public cible de ce texte car je vais à l’encontre des principes de son protagoniste : je n’éprouve aucune fascination pour l’espace en général et l’idée de vivre dans un milieu si hostile, avec l’obligation de porter un matériel écrasant sous peine de manquer d’oxygène, m’angoisse. Je reconnais qu’Arnauld Pontier est très fort pour dépeindre une science-fiction très crédible, on perçoit l’ampleur de sa documentation, seulement je recherche davantage des textes où l’émotion l’emporte sur l’aspect scientifique.
Sachez cependant que ce qui ne m’a pas plu ici peut clairement plaire à d’autres. Pour avoir mis cette lecture sur la table d’un book club autour de cette structure éditoriale, un autre participant l’ayant lu était au contraire très emballé par tous les termes techniques, qui l’obligent à faire travailler son cerveau et ses capacités cognitives. Un rappel nécessaire que tous les goûts sont dans la nature et chaque livre peut trouver son lecteur !


13/20

Sur Mars, récit de voyage en terre rouge d'Arnauld Pontier, 1115, 110 p.
Couverture par Victor Yale


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