21 oct. 2025

The Fisherman




Au nord de l'État de New York, dans les bois de Woodstock, Dutchman's Creek coule paisiblement. Une rivière poissonneuse mais quasi inaccessible, et bien plus profonde qu'il n'y paraît... Ce matin-là, Abe et Dan - deux veufs liés par la solitude et l'amour de la pêche - décident de tenter l'aventure. Surpris par une pluie torrentielle, ils se réfugient au Herman's Diner, dont le patron va leur raconter l'incroyable histoire de Dutchman's Creek. "Folklore", pensent-ils. Pourtant, ils appartiendront bientôt corps et âme à cette légende aussi ancienne que ténébreuse...



Pourquoi ce livre ? Si vous me suivez depuis quelques années sur le blog, vous devez vous rendre compte que l’horreur n’est pas un de mes genres de prédilection. En général, j’ai même tendance à l’éviter ! Cela ne m’a pas empêchée d’être attirée par la couverture en librairie (avant de le reposer, évidemment, en découvrant de quoi il en retournait). C’est finalement la nomination de ce livre au Prix Livraddict, catégorie Horreur, qui m’a permis de succomber à la tentation.

C’est drôle comme The Fisherman m’a rappelé d’autres grands maîtres de l’horreur, sans jamais toutefois céder à un plagiat basique. J’en reparlerai par la suite. Pour l’heure, c’est l’histoire d’un homme qui a perdu sa femme et qui tente de s’en remettre, par un emploi du temps inflexible : le travail et son loisir qui repose uniquement sur la pêche. Dans ses années bien avancées, il est rejoint par un collègue venant de perdre sa famille dans un accident de voiture.

J’ai beaucoup aimé la conception de cette intrigue, coupée en deux par une histoire racontée par une tierce personne. Sans casser le rythme, ce récit rapporté donne énormément de corps aux frissons et à ce qu’on devine être l’horreur à venir. Moi qui suis très peureuse, je ne ressors pas totalement convaincue par le côté horreur de la chose. Certes, quelques descriptions glacent le sang et nous confortent dans l’idée de ne pas lire dans le noir. Pour autant, ne vous attendez pas à de l’horreur poussif, tel qu’on peut le voir dans It ou The Grudge. C’est beaucoup plus dilué dans la narration, avec des effets reposant uniquement sur la suggestion et la description.

L’ambiance est pourtant poignante, que ce soit dans le présent aux côtés de Abe et Dan, ou dans le passé avec les Dort. J’ai tout de suite comparé cette atmosphère, à la fois légère et sinistre, à du McDowell, figure émergente de l’horreur de ces dernières années (en tout cas en France par le travail d’un éditeur).
Au-delà de ça, les descriptions sont longues et plantent un décor ténébreux, comme sait si bien le faire Lovecraft. Pour certains, ces longues tranches descriptives peuvent casser le rythme et j’ai vu des critiques dans ce sens sur la fiche de Livraddict. De mon côté, cela m’a beaucoup plu car cela entraîne une fascination pour l’univers et de l’attachement envers un personnage qui n’a pourtant rien d’un héros, qu’il s’agisse d’Abe ou de Rainer.
Dans l’ensemble, on ne peut que penser à King, par l’implication du fantastique étroitement mêlé aux touches d’horreur, qui là encore soulève une fascination morbide.

Les deux derniers chapitres m’ont laissé sans voix. Je ne m’attendais pas à un tel virage, à de telles décisions, à une telle plongée dans l’abysse. Et alors que dire des tout derniers mots, si ce n’est que cette perspective inqualifiable nous laisse en plan, avec les yeux écarquillés de stupeur ? C’est une chute cruelle parfaitement orchestrée !

Ce roman n’a pas pour seule vocation de faire frissonner, elle traite également de thèmes durs comme le deuil et la solitude qui en découle, avec les moyens que l’on peut utiliser pour s’en sortir et continuer, coûte que coûte. C’est également l’occasion de faire une critique sur la société américaine, par rapport au travail, au système social, la vie difficile des retraités, etc.



Le style est certes bavard mais, comme j’ai pu l’insinuer auparavant, cela ne m’a aucunement dérangée car cela entretient le mystère autour de la figure maléfique tout en donnant du corps à l’ambiance horrifique. Les personnages ne sont pas forcément attachants mais on s’intéresse à eux, à leur vie, leurs difficultés, leurs pensées. J’ai également apprécié la plongée dans l’histoire de Rainer et Lottie, qui épaissit davantage le mystère tout en donnant certaines clefs de compréhension. Dans l’ensemble j’ai aimé, ce roman me marquera de manière positive et la fin m’a tellement surprise qu’elle me donne envie de poursuivre ma découverte de la bibliographie de l’auteur. Cela tombe bien, la traduction d’un autre bouquin va paraître d’ici deux semaines.


15/20

The Fisherman de John Langan, J'ai Lu, 439 p.
Traduit par Thibaud Eliroff, Couverture des studios J'ai lu d'après des images shutterstock


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