

Tandis que la Terre peine à se relever de la pollution et de la surexploitation de ses ressources, Lixia, une anthropologue, est envoyée vers une planète qui orbite autour de l’étoile Sigma Draconis. Elle et son équipage sont chargés d’observer les sociétés qui s’y sont développées sans interférer avec les populations locales.
Nia, quant à elle, est une artisane parmi celles et ceux que l’on nomme le Peuple du Fer. Marginalisée parce qu’elle a autrefois aimé un homme, c’est elle qui est choisie pour guider les terriens sur son monde où, au prix d’une séparation entre les hommes et les femmes, guerre et violence n’ont ni sens ni existence.
Toutefois, voilà qu’au sein de l’équipage divisé du vaisseau, la colère gronde et les conflits se multiplient, au risque de tout détruire. L’amitié naissante entre Nia et Lixia résistera-t-elle à ces dissensions ?

Pourquoi ce livre ? A la base, je n’étais pas tentée par ce titre publié dans le catalogue Argyll. Je craignais surtout un style d’écriture dépassé, malgré la traduction fraîchement révisée. Puis les arguments de mon libraire ont porté leurs fruits et je me suis laissée tentée. Après presque deux ans coincé dans la PAL, j’ai enfin osé l’en sortir…
Ce qui est certain, c’est que j’aurais dû écouter davantage mon instinct, ou plutôt faire davantage confiance en mes sélections de lectures, bien meilleurs depuis quelques années. Car je me suis rapidement rendu compte qu’entre Les Nomades du Fer et moi, ce serait une histoire complexe.
Cette complexité naît de l'ambiguïté de mes émotions lors de cette lecture. Il faut comprendre par là que je me suis ennuyée sur la plupart des moments où je puisais le courage d’ouvrir le bouquin. L’intrigue est en effet très lisse, avec peu de rythme, peu de rebondissements, si bien que mon intérêt ne s’est jamais véritablement éveillé.
La mise en jambe, surtout, fut difficile. Le style aride, qui retranscrit parfaitement les biais de communication de ce peuple autochtone, m’a perturbée. J’ai failli abandonner mais je me suis laissée convaincre de tenir trois chapitres et de juger par la suite. J’ai tenu, même si ce fut dans la douleur.
En réalité, j’ai été attirée par ce planet opera qui présente des personnages totalement différents dans leur manière de penser, de construire leur société, dans leurs valeurs et dans leur quotidien. Forcément, j’ai été subjuguée, d’autant plus que ces différences permettent d’aborder des thèmes actuels, comme la place de la femme ou encore la meilleure façon d’explorer sans envahir ou détruire - même si cela ne dépend pas de notre volonté. J’ai également apprécié la façon dont les autochtones communiquent, avec peu de mots et des émotions ou des avis renforcés par des gestes. A mon sens, cela complexifie l’échange tout en l’enrichissant.
L’intrigue est très contemplative. Dans le confort du planet opera, on voyage, on découvre, on rencontre des personnages. Beaucoup d’échanges, de remises en question et d’ouverture à l’autre, sans imposer quoi que ce soit. Si le contenu peut paraître passionnant, le rythme, lui, pâtit de cette prise de position très positive (sans pourtant me donner le sentiment d’aller jusqu’au solar punk).
Un aléa de la vie a fait que ce livre est également mal tombé. Je pensais le finir avant, au contraire je n’ai pas pu, si bien que j’ai eu mon déménagement qui a interrompu ma lecture pendant plus de deux semaines. Ce fut très difficile de m’y remettre et, résultat, j’avoue avec une touche de honte avoir terminé en diagonale. La fin semblait pourtant intéressante, avec davantage d’intéractions entre les deux civilisations et les retrouvailles avec des personnages que l’on a rencontrés auparavant, mais je n’étais plus du tout attirée par ma lecture et je redoutais une énième panne littéraire si je m’entêtais plus encore. Il ne restait pourtant qu’un peu plus de cent cinquante pages…
Je ne me suis pas attachée aux personnages, à l’exception de Derek. Je pense de toute façon que ce n’est pas le but du récit. La plupart d’entre eux restent froids ou distants, par crainte ou par le respect de leurs valeurs. Seule Nia restera en mémoire, pour la perception qu’elle a d’elle-même et sa façon singulière de s’opposer aux conventions.
Je suis persuadée que le problème ne venait pas du style qui, je le rappelle, a été révisé pour l’occasion. Malgré le fait qu’il puisse sembler direct et froid, occultant les émotions, j’arrivais à parcourir le bouquin sans plisser le front. Cela dit, c’est forcément un style qui ne conviendra pas à tous, du fait de son aridité.

J’étais persuadée que je parviendrai au bout sans trop d’effort et je m’en veux de l’avoir laissé traîner, au lieu de le finir avant mon déménagement. Résultat je l’ai terminé en diagonale avec un sentiment d’inachevé. Certes le style est aride, certes l’intrigue manque de relief. Certes les personnages ne me marqueront pas. Et pourtant j’ai mis la moyenne à ce roman car ce dernier porte des valeurs intéressantes, fondamentales et actuelles. J’ai surtout adoré tout le travail autour de la communication et c’est ce point positif que je retiendrai de cette lecture.
11/20
Les Nomades du fer d'Eleanor Arnasson, Argyll, 572 p.
Traduit par Patrick Dechesne, Couverture par Xavier Collette
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