29 sept. 2025

Salon de beauté




Les journées de Jeshua, jeune propriétaire d'un salon de beauté, sont rythmées par les soins apportés à ses clientes. Coiffure, maquillage, manucure... Il prodigue attention et conseils avec douceur et bienveillance.
La nuit venue, c'est sur lui-même qu'il joue de sa magie. Travesti, il défile avec ses amis sur les trottoirs ou dans les bains publics.
L'arrivée d'une épidémie dévastatrice va bouleverser ce quotidien tranquille.
Jeshua va prendre la dure décision de transformer son salon de beauté en refuge pour malades et devenir le témoin silencieux de la violence sociale et des progrès inéluctables de la maladie.



Pourquoi ce livre ? Je ne connaissais pas du tout cet auteur, c’est en fouinant sur Livraddict que j’ai fini par tomber dessus. J’ai trouvé la couverture jolie et mystérieuse alors, quand j’ai constaté que ma médiathèque l’avait en possession, je n’ai pas résisté.

Il m’a fallu du temps pour rédiger mon avis sur ce texte, du temps également (et surtout) pour digérer cette lecture. Salon de beauté est une histoire touchante qui, à l’image de L’Écume des jours de Boris Vian, traite d’un sujet spécifique par le biais d’une métaphore filée à l’extrême.
Le début nous plonge d’emblée dans ce contexte difficile, où le personnage principal accompagne la mort étonnante, et déchirante, d’une autre personne. Simple connaissance ? Ami ? Collègue ? Amant ? C’est ce que l’on va découvrir par la suite, même si l’histoire va bien au-delà des relations du protagoniste.

C’est dans une certaine simplicité et une grande pudeur que l’histoire nous est présentée. Les personnages n’ont certes pas froids aux yeux. Jeshua encore moins, étant donné la mission qu’il s’est donné pour aider les malades, ceux sur qui poussent ces étranges écailles de poisson.

Derrière les jolies couleurs et la douleur de la perte se cache un message plus grand, une souffrance à peine contenue. Il est difficile d’en parler sans dévoiler le moindre détail et ainsi rompre ce qui fait le sel de cette lecture. La mise en place du récit est parfaite car nous comprenons pas à pas, au même titre que Jeshua, la véritable nature de cette maladie de peau que même le personnel soignant ne souhaite pas approcher.

La fin est inéluctable, pourtant là encore l’artiste a su insuffler une beauté dans ses planches, une douceur qui s’oppose à la violence de la maladie.

J’ai adoré les dessins. Ce n’est pourtant pas du tout mon style et j’ai même commencé ma lecture en disant « ça ne me plaît pas des masses » à mon conjoint. Au fur et à mesure que j’ai compris le message derrière les écailles, je me suis laissée portée et j’ai de plus en plus apprécié l’intelligence de la forme. Ainsi la vapeur des saunas est parfaitement représentée, ainsi les écailles apparaissent discrètement avant de définitivement s’implanter dans notre champ de vision. Contre toute attente, le charme a opéré.



Comme évoqué plus haut, difficile de parler de ce roman sans effeuiller la métaphore qui s’y glisse. C’est une lecture douce, sensuelle, sensible et douloureuse. Je n’ai pas pris de claque malgré cette fin inéluctable, pourtant cette lecture m’a aidée à percevoir ce que signifie souffrir du rejet des autres et de la peur de l’inconnu. Salon de beauté me marquera dans la durée, pour la générosité de ses personnages.


17/20

Salon de beauté de Quentin Zuttion & Mario Bellatin, Dupuis, 184 p.
Couverture par Quentin Zuttion


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