27 août 2025

La Maison aux pattes de poulet




Séparés depuis l’enfance, Bellatine et Isaac Yaga pensaient ne jamais se revoir. Mais lorsque tous deux apprennent qu’ils vont hériter de leur grand-mère ukrainienne, frère et sœur acceptent de se rencontrer. Ils découvrent alors que leur legs n’est ni une propriété ni de l’argent, mais quelque chose de bien étrange : une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet.
Arrivée de Kyiv, foyer ancestral de la famille Yaga, l’isba est traquée par une entité maléfique : Ombrelongue, qui ne reculera devant aucun acte de violence pour détruire l’héritage de Baba Yaga.



Pourquoi ce livre ? Encore une fois, c’est un titre que j’ai repéré dès sa parution, pour sa couverture étrange et son résumé d’où j’ai retenu un seul nom, mythique : Baba Yaga. Curieuse de le découvrir, il aura fallu attendre sa nomination pour le Prix Livraddict, catégorie Fantastique, pour que je me lance enfin dedans !

Je suis déçue que la sauce n’est pas prise. La Maison aux pattes de poulet avait pourtant tout pour me plaire…

D’abord, des personnages atypiques, solitaires, l’un coquin l’autre martyr, avec des capacités hors du commun sans que cela casse les lois de la gravité. Au début j’ai été happée par leur histoire, leur quotidien, leurs faiblesses… Très vite, je me suis lassée de ce sentiment qu’on tourne en rond sans progresser, ce qui a eu un impact négatif sur mon empathie envers les personnages. Résultat, sans aller jusqu’au manque d’intérêt pour eux, j’ai cessé d’apprécier l’effronterie d’Isaac, qui cache en réalité une plaie immense, et les fêlures de Bellatine, qui se morfond un peu trop à mon goût, au point de se refuser tout moment de détente ou de bonheur.
Les personnages secondaires ne sont pas nombreux. J’ai aimé la relation intime qui se crée entre Pied-de-Chardon et Bellatine. Par contre, des personnalités étirées à l’extrême comme celles de Shona ou de Benji m’ont fait ni chaud ni froid, c’est à peine si je tenais compte de leur présence, alors qu’ils apportent un intérêt certain au récit.

Avec le recul, j’ai tout de même apprécié la figure qui incarne le Mal ici, parce qu’elle apporte un petit vent d’originalité, tout en discrétion. De plus, il est évident que ce méchant sert un propos plus puissant qu’une simple histoire de soif d’extinction. Par la façon dont tout se termine et par sa quête insensée, l’autrice cherche à critiquer les actes barbares du passé et les génocides en général. C’est une satire qu’on ne peut que soutenir, surtout quand c’est amené si délicatement…

Cette ambiance de conte appesantit énormément l’intrigue. Le livre m’a certes happée dans les premières pages, toutefois on gagne très vite le ventre mou du bouquin. A l’instar des personnages, je me suis désintéressée de ce merveilleux pourtant rapporté parfaitement, avec les codes adéquats et une plume littéraire relevée, à la fois douce et incisive – qui ne laisse malheureusement aucune place à l’émotion du lecteur.

Le gros défaut repose selon moi sur l’intrigue en elle-même. Comme je l’ai dit ci-dessus, un gros ventre mou prend vite le pas sur les joies de la découverte. J’ai eu le sentiment que, profitant de la rencontre avec Pied-de-Chardon et de tout le merveilleux qui l’accompagne, le temps s’est arrêté et l’intrigue opère une boucle dont on ne peut s’échapper. Cela dure d’environ 20 % du bouquin jusqu’à 90 %. C’est trop. Je dois même reconnaître que j’ai lu le dernier tiers en diagonale car je sentais l’ennui apporté son amie panne de lecture avec lui…
Quant à la fin, elle est à l’image du reste du récit : l’autrice met en scène une représentation figée du combat qui se déroule sous nos yeux, tout en employant des ingrédients issus de l’univers des contes pour apporter originalité et émotions. Cela fonctionne, ça m’a bien plus touchée que le reste de ma lecture, mais il était malheureusement trop tard pour que cela relève le niveau à mes yeux.

Que dire des contes autour de Baba Yaga, relatés par Pied-de-Chardon en personne ? Je ressors de moi-même pour mon propre désintérêt face à une légende qui me fascine habituellement. Je ne sais si c’est dû à la mise en forme ou au fait que ces contes apparaissent en tête de quelques chapitres par-ci, par-là, interrompant un rythme qui peine déjà à décoller.



Je suis triste d’avoir été si indifférente à cette lecture. Tout était pourtant réuni pour que je passe un bon moment, des personnages atypiques et fêlés, une ambiance de conte sombre et déchirante, une figure maléfique intelligente. Entre la plume qui ne soulève aucune émotion et une intrigue mollassonne, je me suis ennuyée très rapidement et ce jusqu’à l’affrontement final. Ce roman a su trouver son public mais il est certain que je n’en fais pas partie, à mon grand dam.


11/20

La Maison aux pattes de poulet de GennaRose Nethercott, Bragelonne, 528 p.
Traduit par Anne-Sylvie Homassel, Couverture par Anouck Faure


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