

Dans un futur proche, notre civilisation n’est plus que l’ombre d’elle-même. De la technologie ne subsistent que des vestiges précieusement conservés par des villes fortes surprotégées. Quand la Forteresse d’Albi tombe, une équipe de convoyeurs recueille l’unique survivant : un garçon étrange, super entraîné, sans aucune conscience de lui-même, censé retrouver le mystérieux Prieur, qui cristallise toutes les convoitises de cette partie du monde.
Démarre alors pour eux un road trip survolté, hérissé de flingues et de carrosseries chauffées à blanc.
Seuls leur talent à passer entre les balles et leur indéfectible amitié peuvent les conduire au bout de la route.
Mais que cache le Prieur ?
L’humanité apprendra-t-elle de ses erreurs ?

Pourquoi ce livre ? Repéré à sa sortie, c'est finalement son apparition dans le Prix Livraddict, catégorie science-fiction, qui m’a poussée à le lire.
J’ai l’habitude de lire de la littérature de l’imaginaire mais on ne peut pas dire que Code ardant nous prenne par la main pour nous plonger dans son univers. Le décor est post-apocalyptique, parcouru de routes chaotiques et de Forteresses aux sombres secrets. D’un côté, on découvre le sort enviable de la haute société, capable de s’offrir le luxe le plus raffiné. De l'autre, on suit la bande de Cheffe Cécile, regroupant des mercenaires divers et soudés.
On ne va pas y aller par quatre chemins, le début est assez difficile. On apprend très vite les codes et spécificités de ce qu'est un ardant, sans toutefois comprendre les tenants et aboutissants de cette condition. En dépit de nos incompréhensions et de l’absence de clefs pour pallier ça, l'autrice ne nous prend pas par la main. Ainsi on assiste à une scène importante, avec énormément de détails et d’indices sur ce qui va se produire, sans que nous en captions la moindre portée. C’est tellement frustrant que je suis allée à la fin du bouquin sans effort.
De l’autre côté, la découverte n’est pas plus aisée. La bande à Cécile est composée de six membres, chacun avec un prénom et un surnom. Faut suivre quand ils passent de l’un à l’autre sans prévenir (j’avoue avoir confondu la Bouée et le Baril jusqu'au dernier quart). Les membres parlent avec un argot du futur, là encore nous n’avons pas forcément les clefs pour tout comprendre - bon, l’autrice ne pousse pas le vice au point qu’il faille déchiffrer chaque phrase. Heureusement on s'y habitue vite et cela n’entrave en rien le rythme de lecture.
Passé les barrières de la langue et l’ignorance quant à l’univers, c’est une de la science-fiction post-apocalyptique, le tout servi par un road-trip en plein désert européen et africain.
Autant les enjeux de cette intrigue sont multiples et profonds, autant il faut attendre le dernier tiers pour que le rythme décolle. C'est l’unique défaut que je reprocherais d’ailleurs à ce roman. Sans tomber dans l’ennui profond, il m’a manqué un petit intérêt tout le long de ce voyage.
Cela dit, j’ai conscience que cette ignorance colle parfaitement au groupe de Cécile, qui trimballe un paquet sans comprendre, eux non plus, dans quoi ils ont fourré les pieds. Ainsi leur quête, acceptée malgré eux, est avant tout tournée vers la connaissance, en plus de la protection octroyée au paquet.
Cette lecture m’a révulsée par bien des manières mais c’est avant tout le traitement et le conditionnement des aidants qui m’a le plus touchée. Ce n’est pas sans rappeler l’histoire de l'humanité, avec l’esclavagisme ou la lobotomie. C’est révulsant, révoltant, et c’est ce qui fera de cette lecture un moment marquant.
Je reste circonspecte quant à la fin. Autant j’ai bien aimé et je me dis qu’à un moment, cette décision est méritée. D’un autre côté, je trouve ça trop facile et inadéquat vis-à-vis de l'univers. C’est donc une fin en demi-teinte pour moi.
Je me suis énormément attachée aux personnages. Par leur vulnérabilité, leur franc-parler, leur complicité, leurs émotions à coeur ouvert, c’est un parfait contraste avec cet univers désertique. J’ai franchement accroché dès le début et ce fut un plaisir, et par moment un déchirement, de suivre cette bande et leur protégé.
Marge Nantel a une belle écriture. Elle réussit le tour de force de mêler l’argot a un style moderne, si bien qu'on comprend parfaitement. C’est fluide, très direct, avec cette pointe de personnalité qui laisse place à l'émotion.

J’ai passé un très bon moment de lecture, en dépit de la violence du propos et de ce monde hostile. C’est bien écrit, bien orchestré, je ne me suis pas ennuyée en dépit du manque de rebondissements vers le milieu de la lecture. Les personnages sont puissants, attachants, le cœur du récit. C’est une lecture marquante qui me suivra longtemps. Je ne suis pas contre l’idée de découvrir d’autres productions de cette autrice.
16/20
Code ardant de Marge Nantel, Mnémos, 478 p.
Couverture par Angeline Bandong
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire