Synopsis :
"Imaginez une Terre poncée,
avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses
franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu'un vent
féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs
maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs
debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé
un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en
gueules, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte
: l'Extrême-Amont. Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le
troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m'appelle aussi Golgoth, traceur
de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur
à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a
existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom
de la trente-quatrième : sans doute l'ultime."
Mon avis :
J’ai lu ce livre dans le cadre de
mes cours universitaires… Pouah ! Qu’il est beau de rêver ! Mais je
tiens à signaler que les professeurs auraient davantage d’audience s’ils
étudiaient ce genre de livres, complet dans le style d’écriture, les figures de
style et les interprétations que l’on peut en dégager.
Ce livre est donc en réalité tombé
par hasard entre mes mains. C’est en participant à des babies challenges que j’eus
soudainement l’envie de le lire. Ce fut non sans crainte car j’avais lu des
avis extrêmement positifs sur cette œuvre, et j’avais peur de m’en faire un
fantasme et être, pour ainsi dire, déçue par la suite. Je peux vous assurer qu’il
en est tout autrement et que je l’aurai bien avalé en deux jours si je ne m’étais
pas coltinée un rhume en annexe !
Mais parlons du livre plus en
détail.
C’est tout bonnement un coup de cœur,
comme pour beaucoup de ceux qui l’ont lu ! Dés les premières pages, je
comparais l’ouvrage à ceux d’Ayerdhal, auteur de science-fiction et thriller.
Ils se conforment tous deux à la règle des trois S (suspens, sexe et sang),
bien qu’Alain Damasio s’adapte avec plus d’insinuations.
Il me semble intelligent de
commencer par décrire succinctement le décor. En effet, le lecteur est d’emblée
mis au parfum sur l’objectif la Horde : « contrer ». Contrer face
au vent, résister à sa puissance et avancer, encore et toujours, vers l’Extrême-Amont,
le mythe qu’aucune horde n’a jamais atteint jusqu’à présent. Enfin, le lecteur n’est
mis au parfum sur l’Extrême-Amont seulement vers les vingt pour cent du livre. Mais
cela n’entrave aucunement la compréhension du livre, au contraire le lecteur a
envie de lire davantage et plus rapidement pour savoir ce qui va se passer par
la suite.
L’intrigue, les dialogues, les
jurons… Tout est ramené au thème du vent et cela prodigue un certain souffle à
ce sujet novateur.
Les personnages sont plus qu’attachants. Ils
détiennent leur personnalité et leur fonction dans la Horde et c’est majoritairement
cela qui soude cette dernière. Leur caractère donc, mais aussi leur volonté. Au
travers des aventures où il faut lutter principalement contre le vent mais
aussi contre d’autres ennemis, qu’ils proviennent de la nature ou de l’humanité,
la volonté est primordiale pour survivre, d’autant plus quand un membre du
groupe s’affaisse, épuisé ou dans le souhait d’abandonner. Cela rend sûrement les
personnages encore plus attachants, de voir l’entraide qui les unit malgré leur
différence d’origine ou de profession, de voir leur force d’esprit et le
courage qu’ils puisent dans le visage de leur voisin…
Le cadre est violent, raison pour
laquelle la Horde entretient une hétérogénéité, primordial à la survie, entre
tous ces membres. Alain Damasio nous dépeint un monde dominé par la force de la
nature, où l’homme est rabaissé par elle. Il subsiste néanmoins une ambivalence
puisque la nature peut blesser mais aussi guérir ou protéger, dans certaines
situations.
Outre la nature, les combats sont également
empreints de violence, malgré leur nombre très restreints dans l’intrigue,
puisque l’auteur plonge ses héros dans une solitude quasi constante. Malgré
cela, Alain Damasio conduit les combats d’une main de maître, les faisant
perdurer sur de longues pages sans que le lecteur vienne à s’ennuyer, tant le
style de narration est fluide et vif. Un véritable régal !
Alain Damasio s’approprie ce monde
avec tant de facilité… Il invente son propre vocabulaire, approfondissant l’ampleur
et le relief de son univers, et le lecteur s’en attache que plus facilement.
Le style d’écriture est, quant à
lui, difficile à comprendre aux premiers abords. En effet, la narration se
déroule à la première personne, mais le narrateur change à chaque paragraphe.
Le lecteur a ainsi accès à l’esprit et aux souvenirs de chaque protagoniste de
la Horde, même si cela peut parfois contribuer à le perdre dans les méandres de
la mémoire car le nom n’est jamais indiqué et le lecteur peut alors se demander
qui il accompagne…
Personnellement, cela ne m’a pas dérangée, au
contraire mon intention s’en est trouvée aiguisée. De plus cette façon de faire
permet une certaine connivence entre le lecteur et les membres de la Horde, à
tel point que nous pouvons parfois avoir l’impression d’être un membre à part
entière de cette Horde.
Là où l’auteur est prodigieux, c’est
qu’il parvient à créer un caractère propre à chaque individu. Ainsi, certains
vont s’exprimer par de la poésie en prose, le chef parlera et pensera avec une
vulgarité typique des brutes.
J’ai longuement hésité à ajouter ce
paragraphe… Mais après tout je ne spoile pas.
La fin est triste, écœurante dans la
dureté de la situation… Et la vérité qui éclate dans le dernier dialogue… Je
vous avoue avoir lâché un cri époustouflé à la bibliothèque universitaire,
tellement cela m’a… choquée. Se dire, tout ça pour ça ?!
J’espère vous avoir donné envie de le lire parce que
je ne vous en dirai pas plus sur cette fin !
Je pense que vous l’aurez compris : j’ai été
conquise par ce livre, transportée dans un univers violent, de lutte constante,
de proximité dans cette petite société qu’est la Horde.
Je me suis même demandée, pour aller plus loin, si
Alain Damasio ne dénonçait pas notre insociabilité grandissante dans un univers
guidé par la mondialisation, s’il ne remettait pas en cause notre dénis face à
la « souffrance » de la planète.
En
conclusion, tout simplement un coup
de cœur guidé par une main de maître au sujet des formes du vent, mon élément
préféré. Les personnages détiennent tous un certain charisme qui les rendent attachants, et le style d’écriture permet de plonger dans cet univers sans
aucune difficulté. Un vrai régal !
Une excellente chronique ! J'ai adoré aussi :)
RépondreSupprimerMerci ! :D
RépondreSupprimerEn même temps, qui peut ne pas aimer ce livre, franchement ? (j'en ai même parlé à mon frère pour qu'il le lise en priorité ^^)
Il est dans ma pal ! J'ai très envie de le découvir :)
RépondreSupprimerJe te conseille de le lire rapidement, tu n'en seras pas déçue ;)
RépondreSupprimerC'est tout simplement l'un de mes livres favoris ! Les personnages, la violence de leur quête, la fin comme du dit...un pur chef d'oeuvre !
RépondreSupprimerOui, mon livre préféré de l'auteur et probablement dans la short liste des meilleurs livres que j'ai pu lire. C'est excellent, bien écrit, bien traité, avec une fin wow !
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