9 oct. 2014

La Horde du Contrevent

Synopsis :
            "Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu'un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s'y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d'eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu'en Extrême-Aval ait été formé un bloc d'élite d'une vingtaine d'enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueules, leur vie durant, le vent jusqu'à sa source, à ce jour jamais atteinte : l'Extrême-Amont. Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m'appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l'éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l'azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l'ultime."

Mon avis :

            J’ai lu ce livre dans le cadre de mes cours universitaires… Pouah ! Qu’il est beau de rêver ! Mais je tiens à signaler que les professeurs auraient davantage d’audience s’ils étudiaient ce genre de livres, complet dans le style d’écriture, les figures de style et les interprétations que l’on peut en dégager.
            Ce livre est donc en réalité tombé par hasard entre mes mains. C’est en participant à des babies challenges que j’eus soudainement l’envie de le lire. Ce fut non sans crainte car j’avais lu des avis extrêmement positifs sur cette œuvre, et j’avais peur de m’en faire un fantasme et être, pour ainsi dire, déçue par la suite. Je peux vous assurer qu’il en est tout autrement et que je l’aurai bien avalé en deux jours si je ne m’étais pas coltinée un rhume en annexe !

            Mais parlons du livre plus en détail.
            C’est tout bonnement un coup de cœur, comme pour beaucoup de ceux qui l’ont lu ! Dés les premières pages, je comparais l’ouvrage à ceux d’Ayerdhal, auteur de science-fiction et thriller. Ils se conforment tous deux à la règle des trois S (suspens, sexe et sang), bien qu’Alain Damasio s’adapte avec plus d’insinuations.

            Il me semble intelligent de commencer par décrire succinctement le décor. En effet, le lecteur est d’emblée mis au parfum sur l’objectif la Horde : « contrer ». Contrer face au vent, résister à sa puissance et avancer, encore et toujours, vers l’Extrême-Amont, le mythe qu’aucune horde n’a jamais atteint jusqu’à présent. Enfin, le lecteur n’est mis au parfum sur l’Extrême-Amont seulement vers les vingt pour cent du livre. Mais cela n’entrave aucunement la compréhension du livre, au contraire le lecteur a envie de lire davantage et plus rapidement pour savoir ce qui va se passer par la suite.
            L’intrigue, les dialogues, les jurons… Tout est ramené au thème du vent et cela prodigue un certain souffle à ce sujet novateur.

Les personnages sont plus qu’attachants. Ils détiennent leur personnalité et leur fonction dans la Horde et c’est majoritairement cela qui soude cette dernière. Leur caractère donc, mais aussi leur volonté. Au travers des aventures où il faut lutter principalement contre le vent mais aussi contre d’autres ennemis, qu’ils proviennent de la nature ou de l’humanité, la volonté est primordiale pour survivre, d’autant plus quand un membre du groupe s’affaisse, épuisé ou dans le souhait d’abandonner. Cela rend sûrement les personnages encore plus attachants, de voir l’entraide qui les unit malgré leur différence d’origine ou de profession, de voir leur force d’esprit et le courage qu’ils puisent dans le visage de leur voisin…

            Le cadre est violent, raison pour laquelle la Horde entretient une hétérogénéité, primordial à la survie, entre tous ces membres. Alain Damasio nous dépeint un monde dominé par la force de la nature, où l’homme est rabaissé par elle. Il subsiste néanmoins une ambivalence puisque la nature peut blesser mais aussi guérir ou protéger, dans certaines situations.
            Outre la nature, les combats sont également empreints de violence, malgré leur nombre très restreints dans l’intrigue, puisque l’auteur plonge ses héros dans une solitude quasi constante. Malgré cela, Alain Damasio conduit les combats d’une main de maître, les faisant perdurer sur de longues pages sans que le lecteur vienne à s’ennuyer, tant le style de narration est fluide et vif. Un véritable régal !

            Alain Damasio s’approprie ce monde avec tant de facilité… Il invente son propre vocabulaire, approfondissant l’ampleur et le relief de son univers, et le lecteur s’en attache que  plus facilement.
            Le style d’écriture est, quant à lui, difficile à comprendre aux premiers abords. En effet, la narration se déroule à la première personne, mais le narrateur change à chaque paragraphe. Le lecteur a ainsi accès à l’esprit et aux souvenirs de chaque protagoniste de la Horde, même si cela peut parfois contribuer à le perdre dans les méandres de la mémoire car le nom n’est jamais indiqué et le lecteur peut alors se demander qui il accompagne…
Personnellement, cela ne m’a pas dérangée, au contraire mon intention s’en est trouvée aiguisée. De plus cette façon de faire permet une certaine connivence entre le lecteur et les membres de la Horde, à tel point que nous pouvons parfois avoir l’impression d’être un membre à part entière de cette Horde.
            Là où l’auteur est prodigieux, c’est qu’il parvient à créer un caractère propre à chaque individu. Ainsi, certains vont s’exprimer par de la poésie en prose, le chef parlera et pensera avec une vulgarité typique des brutes.

            J’ai longuement hésité à ajouter ce paragraphe… Mais après tout je ne spoile pas.
            La fin est triste, écœurante dans la dureté de la situation… Et la vérité qui éclate dans le dernier dialogue… Je vous avoue avoir lâché un cri époustouflé à la bibliothèque universitaire, tellement cela m’a… choquée. Se dire, tout ça pour ça ?!
J’espère vous avoir donné envie de le lire parce que je ne vous en dirai pas plus sur cette fin !

Je pense que vous l’aurez compris : j’ai été conquise par ce livre, transportée dans un univers violent, de lutte constante, de proximité dans cette petite société qu’est la Horde.
Je me suis même demandée, pour aller plus loin, si Alain Damasio ne dénonçait pas notre insociabilité grandissante dans un univers guidé par la mondialisation, s’il ne remettait pas en cause notre dénis face à la « souffrance » de la planète.


En conclusion, tout simplement un coup de cœur guidé par une main de maître au sujet des formes du vent, mon élément préféré. Les personnages détiennent tous un certain charisme qui les rendent attachants, et le style d’écriture permet de plonger dans cet univers sans aucune difficulté. Un vrai régal !


6 commentaires:

  1. Une excellente chronique ! J'ai adoré aussi :)

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  2. Merci ! :D
    En même temps, qui peut ne pas aimer ce livre, franchement ? (j'en ai même parlé à mon frère pour qu'il le lise en priorité ^^)

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  3. Il est dans ma pal ! J'ai très envie de le découvir :)

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  4. Je te conseille de le lire rapidement, tu n'en seras pas déçue ;)

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  5. C'est tout simplement l'un de mes livres favoris ! Les personnages, la violence de leur quête, la fin comme du dit...un pur chef d'oeuvre !

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  6. Oui, mon livre préféré de l'auteur et probablement dans la short liste des meilleurs livres que j'ai pu lire. C'est excellent, bien écrit, bien traité, avec une fin wow !

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