Paris, un siècle après l’apocalypse. La capitale est plongée dans les pluies de printemps et Chet, dans une affaire qui le dépasse. Des sosies apparaissent pour lui faire porter le chapeau de crimes dont il est innocent. Du lagon du Trocadéro au repaire lacustre des pirates de la Villette, Chet arpente les bords de la Seine en crue à la recherche de ces mystérieux doubles, autant que de lui-même.
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? J’ai découvert le précédent tome, Un éclat de givre, longtemps après sa sortie. J’ai tellement aimé l’ambiance que je n’ai pas hésité à replonger dans cette suite indépendante !
Indépendante, oui, toutefois je conseille tout de même d’avoir lu le premier bouquin pour avoir toutes les cartes en mains pour apprécier cette lecture. L’intrigue est différente du premier opus et ne découle pas vraiment de ce qui précède, toutefois les références à des personnages, des détails, sont nombreux et ont apprécié bien mieux quand on sait à quoi l’autrice veut faire allusion - dans le même esprit, je conseille d’enchaîner rapidement la lecture des deux tomes car certains personnages m’ont échappé, au début.
Cette énième intrigue est plus mouvementée, moins langoureuse et moins jazzy. Le début prend le temps de poser le décor, l’ambiance, l’état d’âme du personnage central, Chet, jusqu’à aboutir sur une fin mouvementée et surprenante par sa résolution. De la première à la dernière page il n’y a qu’un pas et je dois dire qu’il est effectué bien trop rapidement à mon goût : encore une fois, j’en aurais souhaité plus tellement c’est excellent !
Encore une fois, l’intrigue, un thème qui touche l’environnement sous ses airs lascifs, sert de toile de fond qui malmène le protagoniste en fonction des indices révélés. Car le cœur de ce roman repose une fois de plus sur ce Paris transfiguré, à l’image de Chet finalement, qui épouse à la fois les formes de l’homme et de la femme. Même si je ne connais pas Paris énormément, les descriptions suffisent pour nous faire voyager. Un peu à l’image du surréalisme, j’ai eu l’impression que ce livre prétexte avant tout l’errance à la romance, au travers de monuments et de décors renommés et revisités après la catastrophe.
Les personnages sont fidèles au premier tome. Chet est cette anguille qui change de forme et de personnalité au gré de ses interlocuteurs, faisant de lui un caméléon qui se renie. Il est impossible de savoir si je préfère Chet ou Thaïs, car les deux sont liés et se ressemblent. J’apprécie beaucoup Damien, pour sa ténacité à vouloir soutenir voire protéger Chet des déboires qui lui collent au train bien malgré lui, et ce malgré les désillusions qui s’accumulent. La douleur est présente, visible, pourtant son amour l’emporte sur la rancœur, ce qui en fait un personnage complexe alors qu’il n’est que simple personnage secondaire.
Outre Thaïs, les personnages féminins ne sont pas en reste puisqu’elles jouent un rôle majeur dans cette intrigue. Entre Silver la chanteuse et Sybil, des Enfants Psy, leur présence apporte une touche de fraîcheur, de surnaturel. Moins marquantes que Chet et son indécrottable mauvaise étoile, je m’en souviendrai tout de même un temps.
Au final, le personnage qui m’aura posé problème est Galaad, pour ce qu’il implique dans la vie de Chet, alors que je n’en garde aucun souvenir dans le premier tome. De fait, l’émotion a moins pris sur ce plan.
La plume est tout dans ce roman. Légère, spontanée, on sent qu’Estelle Faye écrit sans réfléchir, sans plan, ce qui amplifie cette ambiance intimiste, entraînante. Ce livre se lit d’une traite et c’est en partie grâce au style envoûtant.
Si je préfère le souvenir que je conserve du premier opus, j’ai à nouveau passé un excellent moment en compagnie de Chet dans ce Paris décadent. L’ambiance est peut-être moins dansante, j’ai retrouvé tous les ingrédients qui avaient fait le succès du précédent volume : un protagoniste aussi ambigu qu’une anguille, des personnages tierces travaillés, un univers post-apocalyptique qui n’est pas entièrement noir et une intrigue discrète, laissant toute la place aux autres atouts. Encore un pari réussi pour cet énième roman de l’autrice !
16/20
La couverture est zoliiiiie !! Je lirai avec plaisir le premier tome, tu donnes trop envie *-*
RépondreSupprimerOui, même mes parents qui ne sont pas de gros lecteurs (encore moins de SFFF) ont adoré la couverture :D
SupprimerEt j'espère que ça te plaira ! =)