8 janv. 2021

Boudicca




Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ? À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? J’avais repéré ce titre dès sa première sortie il y a de cela déjà presque quatre ans. Les aléas de la vie de lecteur, vous les connaissez : trop de titres dans la PAL, trop de choix dans la wish, ça ne s’est jamais fait… C’est pour quoi je n’ai pas vraiment hésité quand les éditions ActuSF ont glissé ce titre dans leur lot de services presse.

Je ne fus pas déçue par cette lecture, même si je la trouve très différente des autres productions de l’auteur. Pourtant, on y retrouve ce décor historique qui fait maintenant sa marque de fabrique, dans une Bretagne attaquée par un vaste empire romain (l’apparition du deuxième empereur m’a d’ailleurs fait sourire et remémoré d’excellents moments en cours de latin). On voit le destin tragique d’une région celtique par les yeux de Boudicca, ce bébé devenu reine bien malgré elle. Et dans son sillage, c’est le destin de tant de peuples qui sera fixé.
Le roman se découpe en plusieurs parties, qui retracent à leur façon l’évolution de Boudicca et l’évolution de la situation en Bretagne. J’ai aimé ce procédé, qui entraîne de grosses ellipses sans que cela nous perturbe. Enfin… je reconnais avoir vaguement perdu pied vers le milieu du livre : je ne me rendais pas vraiment compte du temps passé et donc de l’âge de l’héroïne. Cela dit, Jean-Laurent Del Socorro a prévu la chose et distille quelques détails et connecteurs temporels pour nous situer historiquement. Mon trouble est donc passé très vite !
Je trouve la fin un peu rapide, sans que ce soit bâclé non plus. J’aurais souhaité quelque chose de plus romancé. Là, je n’ai pas ressenti d’émotion, ce que je trouve dommage compte tenu de la situation.

Je suis choquée, surprise, de ne pas m’être attachée plus que cela à l’héroïne. Oui, elle est forte, directe, indépendante, avec une soif de liberté, de justice et de vengeance qui font d’elle un personnage badass et marquant. Dans tout cela, il y a également une froideur étouffante qu’elle assume difficilement. Elle sait qu’elle rencontre des difficultés à exprimer ses pensées, pire que ça elle ne parvient pas vraiment à évoquer ou montrer ses sentiments. Cela touche les personnages qui gravitent autour d’elle, cela m’a également atteint et je ressors légèrement déçue par cette héroïne frigide, même si j’adore sa façon fière de s’exprimer.
En revanche, j’ai adoré Ysbal, Tanki et Prydain (faut croire que j’ai un faible pour les druides !). Les deux premiers sont plaisants par leur personnalité assumée et le soutien à toute épreuve pour Boudicca. Discrets, mais toujours là au moment opportun. Quant au troisième, sa sagesse et sa finesse m’ont énormément plu et touchée.

Je suis contente que les femmes occupent une place plus importante dans ces peuples, respectées par les hommes humbles comme par les rois, mais je regrette qu’elles ne soient pas plus présentes dans l’intrigue : on ne voit qu’une autre reine, une habitante, une combattante, le reste est masculin et je trouve que cela manque encore de diversité dans le paysage, même si le sujet n’est pas porté sur le féminisme mais sur le souhait d’indépendance de la Bretagne (encore un sujet d’actualité, tiens). Bref, je ne suis pas féministe du tout, donc ce paragraphe s’adresse surtout aux lecteurs qui s’attendaient à une vague de femmes dans ce roman.

J’ai adoré la plume de l’auteur. Légère, fluide, pleine de douceur, ce livre se lit vraiment tout seul - impression renforcée par une maquette aérée et une taille de police généreuse - et cela offre un joli contraste avec l’ambiance âpre de la guerre, qui occupe une place prépondérante dans ce récit.

Deux nouvelles se glissent à la fin de l’édition collector. J’ai beaucoup aimé la première, Elle est une légende, qui tourne autour d’un personnage folklorique central et d’une épée, qui apparaît déjà au cours de Boudicca. J’ai trouvé que cela complétait bien le récit, même si le rapport n’est pas évident. L’autre nouvelle, D’ailleurs et d’ici, est encore moins évidente et si je l’ai moins appréciée, je dois dire qu’elle reste sympathique à lire pour le message véhiculé.



Pas aussi plaisant qu’espéré, j’ai pourtant passé un excellent moment de lecture avec une héroïne fière guerrière et un contexte historique intéressant. Si je ne me suis pas attachée à Boudicca, j’ai eu le sentiment de pleinement prendre part à son combat, impression amplifiée par la plume immersive et poétique de l’auteur. Les nouvelles qui s’ajoutent à la fin ne sont pas indispensables mais apportent un petit plus. Une belle histoire dans un joli écrin pour un moment de lecture sympathique.



15/20





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