24 sept. 2021

La Controverse de Zara XXIII




Prospecteur indépendant sur une des planètes minières de la toute-puissante compagnie Zarathoustra, Jack Holloway découvre un filon d'innombrables pierres précieuses dont une seule suffira à le mettre quelque temps à l'abri du besoin... si les avocats de son client ne trouvent pas le moyen de l'en déposséder. Le même jour l'alarme de son domicile se déclenche. On s'est introduit chez lui. S'agit-il d'un cambrioleur ? Non ! L'intrus se révèle être une adorable boule de poils d'une espièglerie confondante. Mais sans doute ne vit-elle pas seule sur cette planète... Bientôt, les cadres de la compagnie s'avisent du problème : si le petit peuple à fourrure de Zara XXIII est doué de raison, c'en sera fini de l'exploitation de son sous-sol par une entreprise étrangère. A leurs yeux, la solution est simple : tout faire pour que ne soit pas reconnue cette intelligence. Ainsi débute La controverse de Zara XXIII.



Pourquoi ce livre ? Franchement depuis ma découverte de son diptyque (pas officiellement terminé) Les Enfermés, j’ai vraiment envie de découvrir une majeure partie de la bibliographie de John Scalzi. Par chance, son éditeur - et également libraire - L’Atalante est situé dans la ville où vivent mes parents, autant dire que j’ai très facilement accès à son contenu. Après une saga j’étais curieuse de lire ce dont il était capable en one shot et mon choix s’est porté sur celui-ci.

La Controverse de Zara XXIII fut une lecture entraînante avec une réflexion sur l’écologie et les débuts et conséquences de l’expansionnisme, sur la définition et les caractéristiques de l’être vivant, comment on en vient à déterminer qu’une telle espèce est pensante. Beaucoup de sujets brassés, et pourtant John Scalzi ne s’empêtre pas dans ses plumes, c’est même plutôt l’inverse : il manie les fils de sorte que chaque notion apporte un poids supplémentaire dans son argumentaire judiciaire. En bref, sans se départir de son humour charmant, John Scalzi scalpe là où ça fait mal.
Néanmoins on n’est pas balancé tout de go sur cette colonie impitoyable, où le héros découvre le parfait filon pour finir riche. L’auteur pose les jalons pas à pas, permettant d’abord de se familiariser avec le décor, les personnages. Puis tout s’enchaîne très vite et à l’image de la compagnie “minière”, on a pas le temps de comprendre où il nous entraîne que le protagoniste se frotte déjà les mains, anticipant puis appréciant son petit complot. C’est franchement bien amené, je ne dirai pas que c’est plein de rebondissements mais l’histoire nous offre quelques surprises palpitantes, si bien que le livre de trois cent pages se dévore sans qu’on vienne à le poser !
La fin est pleine de douceur, on est content que nos personnages s’en sortent si bien, pourtant je suis restée mélancolique, dégoûtée par la haine des hommes, partageant la souffrance des Toudous.

L’auteur a écrit un petit préambule dans lequel il explique qu’il a repris l’univers et certains personnages des Hommes de poche de H. Beam Piper - dont je n’avais jamais entendu parler. J’ai adoré cette reprise et si je suis curieuse de connaître l’univers dont s’est inspiré, j’avoue craindre de reprendre cette œuvre originale vieille de presque soixante ans… Donc je pense me cantonner à cette adaptation.

J’ai adoré les personnages. Bien sûr, je retiendrai surtout Jack Holloway, le protagoniste anti-héros, qui se rend coupable de bien des méfaits pour ce qu’il appelle sa justice, ou sa version des choses. Je me souviendrai longuement des Toudous, ces mignonneries qui incarnent tellement plus, et pour lesquelles je suis passée par toutes les émotions, du rire aux larmes. Je n’oublie pas Isabel et Mark (ce dernier m’a agréablement surprise), plutôt bienveillants malgré le tempérament de Jack.
Et puis il y a les gars de la compagnie, qui occupent une jolie place assez stéréotypée, mais je n’en veux pas trop à Scalzi car ce sont les coupables idéales pour donner corps à son récit et à sa morale.

Le style est toujours aussi léger, c’est-à-dire sans le propos très sérieux, j’aurai l’impression de lire un divertissement réfléchi et intelligent. Ça reste très léger, grâce à un style très vivant, parfois fleuri.



C’est vraiment idéale comme lecture estivale, quand on souhaite quelque chose de rafraîchissant sans pour autant poser son cerveau à côté de soi. C’est une bonne intrigue donc, entre le divertissement et une belle cause défendue, qui entraîne un attachement aux personnages, colons comme autochtones. Une lecture marquante qui échappe de peu au coup de cœur !



18/20




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