Le tueur parfait n'a pas d'amis, il n'a que des cibles.
Pour
Durzo Blint, l'assassinat est un art et il est l'artiste le plus accompli de la
cité, grâce à des talents secrets hérités de la nuit des temps.
Pour
Azoth, survivre est une lutte de tous les instants. Le petit rat de la guilde a
appris à juger les gens d'un seul coup d'œil et à prendre des risques - comme proposer
à Durzo Blint de devenir son apprenti.
Mais
pour être accepté, il doit commencer pas abandonner son ancienne vie, changer
d'identité, aborder un monde d'intrigues politiques, d'effroyable dangers et de
magies étranges, et sacrifier ce qui lui est le plus précieux...
Mon
avis :
Nominé lors de ma troisième
participation au challenge Livra’Deux pour PAL’ddict, je fus bien contente de
tomber dessus puisqu’il me faisait de l’œil depuis quelques semaines maintenant
et j’ai enfin pu le caser (de force) dans mon emploi du temps livresque.
J’ai pourtant très vite déchanté. Je ne vais pas y
aller par quatre chemins : si l’histoire semblait prometteuse, avec son
lot d’action et une ambiance pesante, sombre, jamais je ne classerai ce tome comme
de la Dark Fantasy.
Commençons d’abord par l’intrigue.
Nous atterrissons d’emblée dans un univers impitoyable cerné de guildes en tout
genre que des gens de notre société considèreraient plutôt comme des gangs. C’est
là que nous découvrons notre protagoniste, Azoth, jeune garçon âgé d’une petite
dizaine d’années et avec pourtant la tête sur les épaules. Car dans le Dédale,
il vaut mieux en avoir dans la caboche pour survivre. Azoth se portera pourtant
au-dessus du lot, avec ses ambitions indignes d’un garçon de son âge, et
pourtant si normales étant donné son quotidien. Parvenu à ses fins malgré les
épreuves traversées et les mises en garde redoublées, commence pour lui une
quête initiatique… qui sera éludée du début à la fin ! A ce moment-là
naquit ma frustration, car l’initiation d’un personnage permet d’être témoin de
son évolution et par conséquent une meilleure attache ou au contraire une répulsion,
selon la volonté de l’auteur, entre le personnage et le lecteur.
Par la suite, alors que notre jeune « héros »
découvre son nouveau quotidien, le lecteur est confronté à une multitude d’institutions
ou de titres/rôles évoqués succinctement, mais qui gagneront pourtant toute
leur importance au fil du récit. Or, j’ai eu du mal à m’adapter à tout ce
système complexe des divers pouvoirs régissant la ville, car j’ai trouvé que
cela avait été mal expliqué au tout début. L’ensemble aurait donc gagné en
précision…
Aussi, j’ai constaté une sorte de
déséquilibre entre le début et la fin de l’intrigue. En effet, nous avons droit
à une succession d’action sans lien apparent, mais qui permet tout de même une
immersion dans la spirale de l’assassinat. Cela dure les deux tiers du livre,
alors que l’action finale, où se succèdent un nombre incalculable de
rebondissements, va s’étirer sur le dernier tiers, créant selon moi un effet de
longueur.
J’évoquais les rebondissements, et
je dois dire qu’ils n’ont lieu que dans la dernière partie de l’œuvre, là où l’action
se fait déjà des plus intenses. Si cela suscite une forte émotion, ce qui
implique une certaine accroche, et complexifie agréablement l’intrigue, j’ai
trouvé que l’auteur utilisait cet effet avec exagération. Mais bon, j’ai quand
même été emportée dans ce tourbillon, m’écriant presque de surprise à certains
moments. Cela restera donc dans les aspects positifs !
En revanche, la fin est complètement
pourrie ! Je ne sais pas ce qui s’est déroulé dans la tête de l’auteur à
ce moment-là, sûrement qu’il devait y avoir un bruit de fond à la Twilight… Mais bref, l’auteur nous a
bâclés ça sur une scène à l’eau de rose qui casse carrément de l’ambiance
générale de l’œuvre.
Parmi d’autres points qui m’ont
déplu, on retrouve quelques petits détails sans grande importance, mais qui m’ont
tout de même gênée.
Premièrement, la formation des
chapitres m’a vraiment laissée dubitative lors de certains passages. En effet,
on termine parfois un chapitre dans un dialogue en cours (qui n’est pas fini,
quoi) et le chapitre suivant débute sur une toute autre scène dans un tout
autre endroit de la ville. Des transitions qui ont de quoi en laisser perplexe
plus d’un…
Deuxièmement, l’intrigue se déroule
principalement dans une sorte de huis-clos, à quelques exceptions près, si bien
que cela confère un sentiment d’étouffement et un univers assez mal exploité,
outre la ville.
Et enfin, l’intervention inopinée d’un
deus ex machina (bon, là, je caricature un peu, mais l’idée reste la même) m’a
tirée quelques grimaces. Azoth est quelqu’un de très débrouillard, très
indépendant. Or là, il arrive à un point où cela ne suffit plus s’il veut
survivre. De mon côté, j’ai trouvé cette intervention hors propos et légèrement
décevante pour cette intrigue, même si un tel emploi dans la Fantasy reste une
idée originale.
Outre cela, il est vrai que ce
premier tome se consacre à révéler toute la noirceur et la bassesse qui peuvent
s’accumuler dans notre société, ce qui peut sûrement relier cette saga à la
Dark Fantasy. Cependant, je trouve que cela n’est pas un critère suffisant, il
manque des choses pour approfondie cet aspect de l’intrigue.
Du côté des personnages, je ne
souhaite pas trop m’attarder puisqu’ils dégagent peu de choses.
Azoth a tout de l’enfant motivé et
ambitieux qui ne laissera rien entraver ses plans. Comme je l’ai déjà fait
remarquer, l’ellipse autour de son initiation fut une belle erreur, car on n’a
pas pu suivre son évolution et les difficultés qu’il a du affronter.
Face à lui, Durzo Blint semble être
un maître très complexe et lunatique, cachant mal la tendresse qu’il éprouve
pour ce jeune garçon.
En parallèle l’univers s’enrichit d’une
foule de personnages tous différents les uns les autres, que ce soit parmi les
nobles de haut rang, des Rats de guildes ou encore des servants.
Je tiens toutefois à émettre un
petit avis sur le roi Aléine Gunder neuvième du nom, qui m’a bien fait rire par
son immaturité et ses excentricités. J’avoue avoir de bons petits moments à ses
côtés !
La plume de Brent Weeks est des plus
banales. Si elle permet de passer un bon moment par sa simplicité et sa force
de caractère, elle n’en est pas plus extraordinaire que cela, pas des plus
mémorables.
Les autres titres de la saga :
1. La Voie des Ombres
2. Le Choix des Ombres
3. Au-delà des Ombres
- saga terminée -