Le
Seigneur Maître est tombé.
La
guerre peut commencer.
En
mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé
l’impossible.
À
présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture le
jeune noble idéaliste doivent construire un nouveau gouvernement sur les
cendres de l’Empire. Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont
celle des monstrueux koloss, font le siège de Luthadel. Alors que l’étau se
resserre, une légende évoquant le mystérieux Puits de l’Ascension leur offre
une lueur d’espoir.
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?
Mon
avis :
Cette saga m’avait marqué par l’entrée
en matière fracassante du premier tome, où action fantaisiste et lenteur
politique se côtoyaient pour former un ensemble grandiose. J’espérais retrouver
ce coup de cœur en ce second tome, alors que la fin de son prédécesseur ne
laissait filtrer aucun indice (ou presque) sur l’action qui aurait lieu ici.
Je tiens toutefois a précisé que cette chronique peut
contenir des spoils concernant le premier tome.
Une année s’est écoulée depuis la
chute du Seigneur Maître. Le pouvoir précaire mis en place est prévisible, on s’attend
à retrouver tel ou tel personnages dans les diverses fonctions du pouvoir. Mais
le contexte précaire et les nombreux éléments perturbateurs qui vont se
multiplier vont accroître l’intérêt de ce livre pour en faire une œuvre à ne
pas louper.
Le début est pourtant assez doux au
démarrage. Si Vin émet des doutes et incertitudes quant à certains événements
et observations de ses nombreuses rondes, l’arrivée massive d’ennemis et la
posture figée que ces querelles vont entraîner va écarter la focalisation sur
elle pour en faire une intrigue de second plan. Car oui, Luthadel est assiégée
par d’abord une, puis deux et enfin trois armées, dont ne serait-ce qu’une seule
dépasse en nombre les défenses de la capitale du Dominat central. De quoi
craindre la chute de la ville. Pourtant, Elend Venture et la bande de Kelsier
vont croire en son potentiel et résister par divers moyens afin qu’elle tienne
debout.
En parallèle, la brume commence à
prendre un comportement très étrange, non seulement pour les habitants de la
région qui n’ont jamais pu supporter cette sorte d’entité maléfique à leurs
yeux, mais cela est également et plus étonnamment valable pour Vin, elle qui se
sentait toujours en sécurité parmi ses recoins secrets. Et qui est ce mystérieux
Observateur, insaisissable et téméraire ? Tant de questions auxquelles l’auteur
répondra au fil de l’intrigue.
Je dois reconnaître que le milieu a
subi un petit coup de mou au niveau de l’intrigue, du à des querelles
intestines et des questions existentielles liées au couple principal. Si cela
ne m’a pas dérangée outre mesure, je peux concevoir que cela ait ralenti l’avancée
de certains.
Il est pourtant primordial de lire
ce livre jusqu’à la fin, puisque cette dernière connaît une brusque
accélération passées les huit cents pages. Là, les combats rocambolesques se
multiplient, les rebondissements fusent pour notre plus grand plaisir, le doute
vicieux tiraille toujours autant les tripes des personnages autant des lecteurs
(surtout dans les vingt dernières pages !). Et l’épilogue, aussi sombre
soit-il, est tout simplement une invitation à découvrir la suite sans attendre.
J’ai éprouvé énormément de plaisir à
retrouver notre bande favorite.
Vin est acculée dans ses plus sombres retranchements.
Entre rétrospections internes et volonté de repousser ses limites, elle prendra
des risques inconsidérés tout au long de l’intrigue pour parvenir à ses fins.
Plus sombre, plus lunatique, sa personnalité n’a pas changé mais acquiert
pourtant une complexité bienvenue. Elle aime Elend mais rejette sa position d’élue,
veut le protéger sans connaître la manière dont il faut s’y prendre. Tout cela
va la conduire sur la route d’un ennemi aussi redoutable qu’elle, un chemin si
périlleux qu’elle ne peut en ressortir indemne.
On retrouve également avec la joie
la bande de Kelsier dans son intégralité, même si certains se sont un peu
éparpillés. Le reflux de l’intrigue va pourtant les mener à se réunir de
nouveau pour lutter pour Luthadel. Clampin et Brise sont les deux qui ont le
moins changé. Discrets et trompeurs quand à leur véritable personnalité, ils
apportent toujours un éclairage austère mais parfaitement réaliste de la
situation dans laquelle tous se trouvent. Dockson apporte également cet élan
pesant et austère. Meilleur ami de Kelsier, la disparition de ce dernier l’a
changé à jamais, laissant une cicatrice béante à la place du fringant
intendant. Finalement, les seuls que l’on prend plaisir à retrouver sont
Hammond et Spectre, que l’on retrouve une fois de plus dans leur simplicité
appréciable.
Sazed réapparaît également dans
cette œuvre, rappelé par son envie d’éplucher une légende au sujet du Héros des
Siècles. Curieux et érudit par nature et par fonction, il sera épaulé par un
autre personnage qui va apporter une nuance et de plus amples détails sur la
guilde des Gardiens. La fin va apporter un profond bouleversement dans la
personnalité de Sazed, si bien que le lecteur est forcément pris en pitié, et
se demande forcément comment ce personnage si important aux yeux de Vin va bien
pouvoir échouer.
Finalement, le personnage le plus
mis en valeur dans ce volume est naturellement Elend Venture en personnage.
Devenu roi à la chute du Seigneur Maître, il s’est efforcé de maintenir l’ordre
dans le Dominat central tout en prodiguant au peuple Skaa un pouvoir plus
représentatif et plus partial. Il va pourtant finir aussi acculé que Vin et
devra prendre des décisions en conséquence.
Si l’on se penche du côté de l’ennemi,
ce dernier offre plusieurs visages, si bien que le doute persiste toujours sur
l’identité de l’opportun qui a commandité les méfaits. Cela permet le
développement d’une intrigue à double tranchant, où il faut veiller sur ses
actes pour ne pas mécontenter telle ou telle armée ennemie.
Le style est vraiment riche de
promesses. Le lexique, sans être non plus trop compliqué et soutenu, offre une
diversité des termes et une maîtrise de la langue vraiment époustouflante. Les
amoureux des mots ne pourront qu’être servis. Les tournures des phrases sont
également bien formulées, de sorte qu’elles se suivent et s’enchainent sans
anicroche. On éprouve tout simplement du plaisir à découvrir les idées de Brandon
Sanderson, car tout se déroule de manière naturelle, sans brutalité.
Finalement ce qui est prodigieux
dans ce second volume, c’est la manière dont l’auteur s’y prend pour faire
évoluer ses personnages en cohérence avec l’intrigue, déjà bien chargée,
rendant ainsi compte d’un réalisme sans borne. Tout progresse avec lenteur et
cohabitation, toute action est passée au peigne fin pour faire ressortir les
détails primordiaux et prendre de court ou par surprise le lecteur, pour le plus
grand bonheur de ce dernier.
Par rapport à son prédécesseur, il
faut reconnaître que la politique et la diplomatie prend le pas sur l’action. Pourtant
l’ennui n’interfère jamais dans la lecture, on se laisse toujours porter sur la
vague des idées de Brandon Sanderson.
En
conclusion, j’ai pris extrêmement de plaisir à retrouver la bande de
Kelsier, notamment Vin et Elend. Brandon Sanderson possède cette magie des mots
qui nous envoûte et nous tire dans l’épaisseur de l’intrigue sans que l’on
cherche à résister, malgré le seul défaut qui porte sur le « creux »
en milieu du livre. Entre politique, diplomatie, action, introspection,
rétrospection, l’ensemble cohabite et évolue de manière remarquable et
réaliste. C’est un second coup de cœur pour le second tome de cette
merveilleuse trilogie.
Les autres titres de la saga :
Hors série - L'Alliage de la justice
0. Le Onzième Métal
2. Le Puits de l'Ascension
- saga en cours -