Synopsis :
Les brumes règnent sur la nuit,
Le Seigneur Maître sur le monde.
La jeune Vin ne connait de l’Empire Ultime que les
brumes de Luthadel, les pluies de cendre et le regard d’acier des Grands
Inquisiteurs. Depuis plus de mille ans, le Seigneur Maître gouverne les hommes
par la terreur. Seuls les nobles pratiquent l’allomancie, la précieuse magie
des métaux.
Mais Vin n’est pas une adolescente comme les autres.
Et le jour où sa route croise celle de Kelsier, le plus célèbre voleur de
l’Empire, elle est entraînée dans un combat sans merci. Car Kelsier, revenu de
l’enfer, nourrit un projet fou : renverser l’Empire.
Mon avis :
Je remercie d’abord Slytheerin du
blog Les lectures d'Alice de m’avoir sélectionné ce titre pour le challenge LDPA où nous étions
inscrite en binôme. Cette lecture me tapait dans l’œil depuis un moment, même
si je n’osais pourtant pas me lancer. Voilà la chose faite et je ne l’en
remercierai jamais assez de m’avoir fait découvrir cette petite perle de la
Fantasy !
Pour avoir lu Cœur
d’acier et Légion du même auteur
et avoir grandement apprécié, j’étais pressée d’entrer dans une œuvre plus
imposante de sa plume, avec néanmoins la crainte de ne pas savoir digérer un
pavé de mille pages. Mais, comme le dit la célèbre expression, c’est passé
comme une lettre à la poste !
Comme tout bon prologue qui se respecte, celui-ci ne
laisse pas présager le reste de l’intrigue. Enfin le lecteur devine tout de
même vers quoi l’histoire tend mais sans en connaître les raisons, la manière,
les personnages. Ce prologue est également l’occasion de décrire succinctement
le monde dans lequel on va évoluer, avec les Skaas esclaves et les familles
bourgeoises qui détiennent le pouvoir et la richesse, mais qui vivent néanmoins
sous le joug du Seigneur Maître depuis un millénaire.
Dés le prologue, c’est un monde complexe et travaillé
qui s’offre au lecteur. Et, de mon côté, cela a tout bonnement amplifié mon
envie de me plonger dans cette œuvre.
Le reste de l’intrigue est tout aussi complexe. Je ne
vais pourtant pas m’étaler énormément dessus, afin de ne pas vous supprimer les
éléments de surprise.
Là encore, Brandon Sanderson maîtrise à merveille son
univers original. Il insuffle d’abord sa magie, l’allomancie, avec dextérité et
lenteur, permettant de se retrouver facilement dans les différents métaux et
les diverses appellations de leur pouvoir, de leurs caractéristiques. Cela peut
paraître très difficile à appréhender au début, mais on se fait rapidement à
leur exploitation et cette dernière se fait de manière très appropriée tout au
long du récit. Un vrai régal, rien que pour cela !
De plus, l’auteur manie l’intrigue de façon à ce que
le lecteur soit partagé entre le monde militaire, la préparation de la
rébellion Skaas et les intrigues de la cour, notamment grâce à l’intervention
de Vin. Le registre se modifie et évolue à chaque changement, et on ne peut pas
dire que l’histoire nous laisse du temps pour s’ennuyer.
Quant à la fin, du moment que l’on a apprécié le reste
de l’histoire, elle est très touchante, pleine de rebondissements. La mort d’un
personnage auquel on s‘attend le moins va faire basculer la narration sur un
rythme accéléré, plus chaotique, et j’ai franchement eu du mal à lâcher le
livre. Jusqu’au bout les énigmes sont conservées dans le flou et ce n’est qu’à
la toute fin que les révélations tombent avec délice. Sincèrement, j’en
redemande !
[/!\Spoiler : La
mort de Kelsier m’a tout de même fait un grand choc. Je me doutais qu’il
mourrait dans la trilogie, son rôle faisait que c’était nécessaire pour la survie
de la rébellion. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que sa disparition tombe
aussi soudainement, brutalement, dans le récit et je n’ai pas pu m’empêcher de
verser ma petite larme. C’est également là que l’on se rend compte que Brandon
Sanderson maîtrise pleinement ses effets de surprise…
Enfin, je ne pensais pas que le Seigneur Maître
tomberait aussi facilement non plus. Pour être franche, je m’attendais à ce que
ce morceau d’intrigue fasse un bout de chemin avec nous, que ce soit la chute
du troisième tome. Nouvel élément de surprise donc, qui pose une ultime
énigme : sur quoi va reposer le récit des deux tomes suivants ?
Quelques détails laissent deviner l’intrigue en question, mais il faudra le
lire pour en apprendre davantage !]
Les personnages sont mis en valeur de telle sorte
qu’ils ne semblent jamais faire partis des stéréotypes. Ils possèdent tous une
personnalité qui leur est propre, avec leur humour, leur coup de gueule, leur
bouderie, etc. Chacun d’entre eux m’ont paru humain au fil du récit, et c’est
un réel plaisir que de suivre les aventures de chacun.
Kelsier pourrait en particulier tomber du côté du
stéréotype. Meneur d’hommes au caractère bien trempé et au charisme puissant,
les doutes de la jeune Vin quant aux véritables désirs de ce chef de bande
reflètent ceux du lecteur, à juste titre. Mais la joie de vivre que le voleur
inspire et la part d’ombres, de brumes, qui l’entoure finissent par absoudre
cette crainte. Kelsier devient progressivement attachant, renforçant la peine
que l’on peut ressentir à certains moments du récit.
Vin est quant à elle plus craintive. Et il y a de
quoi, avec la vie de voleuse qu’elle mène depuis son enfance, à loger dans des
planques miteuses ou à tenter d’éviter les coups. Dés son apparition dans le
récit, elle sait détenir un pouvoir, sans pouvoir mettre un nom dessus. Ainsi,
c’est son épanouissement dans la bande de Kelsier en tant que femme et son
apprentissage de l’allomancie qui nous seront relatés jusqu’à la fin, jusqu’à
ce qu’elle devienne une jeune fille forte et déterminée. Son évolution est
pourtant lente et se tisse selon les péripéties qu’elle rencontrera, si bien
que tout se fait en douceur.
Bien d’autres personnages jonchent ce tome, comme Hal,
Brise, mais il serait trop long de tous les évoquer. Il faut juste savoir que
l’ensemble forme un tout cohérent et harmonieux, une ambiance dans laquelle on
a plaisir à se plonger.
Le Seigneur Maître, l’ennemi de notre petite bande
attachante, est invisible la plupart de l’histoire, entretenant un voile de
mystère autour de lui. Son histoire nous est certes dévoilée au fil de
l’intrigue de façon détournée, mais cela reste assez subtil pour que les
révélations ne se fassent réellement qu’à la toute fin de l’œuvre.
Le style d’écriture est tout simplement envoûtant. A
la fois simple et détaillée, la narration se lit toute seule, portée par de la
douleur et de la sensibilité. En le formulant ainsi, j’ai conscience d’en faire
trop, de vouloir « vendre le produit ». Mais je vous assure que me
plonger dans cette lecture m’apaisait réellement, et c’est rare que je ressente
cela lors d’une lecture, notamment dans ce genre de littérature.
Et je ne peux pas finir cette chronique sans parler de
l’interprétation. Bon, on sent venir cette dernière, mais il faut tout de même
la formuler. Les Skaas écrasés par la noblesse, les grandes familles de
Luthadel, cela fait très sujet redondant sur le réveil de la conscience
collective, etc.
En parallèle, l’intervention du personnage Sazed, à la
mémoire mécanique, est très intéressante, notamment sur la religion. A chaque
demande de Kelsier, Sazed propose une religion différente. Le lecteur n’en
prend pas forcément conscience dans le récit, mais vers la fin Sazed évoque
cela à Vin, en expliquant que de milliers de religions ont existé et qu’elles
ont toutes leur charme et leur vice. Dans une société où les combats religieux
redoublent d’ardeur et où là laïcité gagne de l’ampleur, je trouve que le thème
prêt à la réflexion.
En
conclusion, de l’émotion
poignante, des personnages attachants et travaillés à souhait, un style d’écriture
envoûtant et une intrigue originale autant que la magie qui la compose, ce
premier tome a tout le potentiel pour conquérir les cœurs des amoureux de la
Fantasy. A lire une fois dans sa vie. Un coup de cœur pour moi, tout
simplement.
Les autres titres de la saga :
Hors série - L'Alliage de la justice
0. Le Onzième Métal
1. L'Empire Ultime
- saga en cours -