Un nouveau virus extrêmement contagieux s'est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n'y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu'il est convenu d'appeler le « syndrome d'Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ». Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d'implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu'on nomme « intégrateurs »... Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. À sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c'est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S'il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne sera pas coton. Et c'est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.
Pourquoi ce livre ? Offert gentiment par Sophie de L’Atalante grâce au stage effectué là-bas, c’est Ratkiller qui m’a donné l’envie de prendre un Scalzi. Moi-même je n’en ai jamais lu, pourtant mon copain m’a dit que c’était de la bonne science-fiction. Et à entendre les échos autour de cette saga, je me suis laissée tenter. J’ai bien fait !
Les Enfermés est une enquête policière au coeur d’une civilisation tendue, ravagée par une maladie soudaine. La maladie d’Haden entraîne une sorte de dégénérescence, on l’assimile d’ailleurs à la méningite, qui peut être un des symptômes virulents. Cette maladie engendra la mort de milliers d’individus à travers le monde. Toutefois, beaucoup de malades survivent mais sont contraints à l’immobilité. C’est alors qu’une firme invente les cispés, ses robots supports dans lequel un haden peut vivre une vie à peu près normal - il ne faut pas oublier que le véritable corps est allongé dans un endroit exigu.
Chris Shane est un haden particulier. Tombé malade à l’âge de sept ans, ses parents usèrent de sa jeunesse comme tremplin pour leur célébrité, le père souhaitant monter en politique. Riche, Chris Shane est connu de tous, de sorte que son entrée au FBI manque de discrétion. Habitué, le nouvel agent multiplie les efforts pour s’intégrer et résoudre sa première affaire : le meurtre d’un Haden. De là, de surprises en rebondissements, l’enquête va en s’accélérant, alors qu’en parallèle les tensions entre humains et hadens se multiplient…
Franchement, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi délicieux. Les éléments d’enquête s’enchaînent à une vitesse hallucinante sans permettre de deviner trop à l’avance le véritable coupable. Bluffant et excellent, voilà ce que je retiendrai de cette lecture.
Par ailleurs, John Scalzi ne manque pas d’humour, noir et particulier mais tellement génial. C’est discret, on n’en voit pas à chaque page, mais quand un trait cinglant vient alléger le propos, j’ai été jusqu’à rire.
Quant à la portée du propos, l’auteur prône bien entendu la tolérance et le savoir-vivre avec les autres, même les différents. C’est discret, ce n’est pas au coeur de l’ouvrage, mais le nier serait vraiment grossier. Et puis, il offre une réflexion autour du rapport entre l'homme et la machine. En écho avec les Utopiales sur les Robots, ce fut franchement intéressant et je déplore que l'auteur ne soit pas allé plus loin dans sa réflexion, même si l'objectif de l'ouvrage ne réside pas forcément là.
Les personnages foisonnent, c’est peut-être là où je me suis perdue. Sachant que pas mal de personnages proviennent de grandes institutions, de grandes entreprises, ce fut compliqué de retenir tout le monde et les replacer dans leur contexte. C’est aussi pour cela que j’ai eu du mal à déterminer le coupable, car je n’arrivais pas à retenir qui est qui.
Autrement, les deux personnages principaux que sont Vann et Chase m’ont bien plu. C’est un duo atypique sans être stéréotypé : Vann a ses démons et traînent une sombre réputation quand Chase est littéralement né sous le feu des projecteurs. Toutefois la communication fonctionne et une efficacité certaine lie les deux agents.
Le style est léger et efficace. L’auteur ne perd pas de temps dans des descriptions plombantes, il nous livre ce qu’il faut savoir avant de passer aux dialogues, et c’est aussi pour cette raison que tout semble aller vite.
En guise de derniers mots, je m'arrêterai sur la seconde partie de l'univers, un recueil de rapports et d'interviews tout au long de l'évolution de l'haden. Ce sont des inconnus qui parlent, qui racontent leurs souvenirs et la souffrance, l'inquiétude. J'ai trouvé cette partie longue et j'ai préféré ne pas lire plus de quelques pages, pourtant j'ai trouvé que cela avait sa place en complément de l'intrigue pour développer tout ce qu'il y a à savoir sur cet univers et l'émergence de ce virus. Et puis, il faut le reconnaître, cette façon de faire met en exergue l'importance de cette partie, elle est davantage mise en valeur que si elle s'était fondue dans l'intrigue.
Un premier tome efficace. En piétinant les codes de la science-fiction habituelle, John Scalzi livre une enquête efficace via le biais d’une technologie simple à comprendre. Le style est direct, l’humour tranchant, les personnages piquants, bref, ce premier tome a un petit coup de reviens-y et je cèderai à la tentation avec plaisir !
18/20
Je ne connaissais ni l'auteur, ni la saga mais ça a l'air d'être à découvrir !
RépondreSupprimerJe conseille fortement !
SupprimerEt ben et ben, tout ça donne envie !!! :)
RépondreSupprimerSi tu aimes la science-fiction légère mais structurée, tu peux y aller ;)
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