30 sept. 2015

Harry Potter, tome 4 - La Coupe de Feu


Synopsis :

Harry Potter a quatorze ans et entre en quatrième année au collège de Poudlard. Une grande nouvelle attend Harry, Ron et Hermione à leur arrivée : la tenue d'un tournoi de magie exceptionnel entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les délégations étrangères font leur entrée. Harry se réjouit... Trop vite. Il va se trouver plongé au cœur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter. Dans ce quatrième tome bouleversant, drôle, fascinant, qui révèle la richesse des enjeux en cours, Harry Potter doit faire face et relever d'immenses défis.         


Mon avis :

            Encore et toujours lu dans le cadre d’une lecture commune, notamment avec Randall (chronique à venir), j’avais grande hâte de me lancer dans ce quatrième tome qui est de loin mon préféré de la saga !

            Le premier chapitre dénote tout particulièrement des tomes précédents. Là où on s’attend à découvrir Harry aux prises avec sa famille moldue maltraitante, les Dursley, ce qui peut parfois susciter amusement et pitié, nous tombons sur une toute autre histoire à la tonalité bien différente puisque violente. Nous pourrions dire que ce chapitre sert de prologue à l’intrigue à venir, étant donné que cette dernière va énormément tourner autour des éléments donnés là.
            Dans la même idée, il faudra plus d’un chapitre pour franchir les portes de Poudlard. Eh oui, les plus impatients devront attendre, obligés de supporter cette « maudite » coupe du monde de Quidditch, le sport le plus en vogue dans le monde de la sorcellerie, ce qui offre l’occasion d’en apprendre davantage sur les hautes institutions qui régissent ce dernier autant que les grands personnages politiques. L’auteure donne ainsi de la profondeur et de la matière à son œuvre, gagnant en maturité. Sur le match en lui-même, je suis seulement déçue que cela se termine trop rapidement. Cependant, cela contraste avec les événements qui auront lieu sur-le-champ, accentuant la gravité de ces derniers (mais vous comprendrez que je ne peux en parler précisément ici). Une fois tout cela lu, il faut savoir qu’une centaine de pages a déjà défilé avant qu’on ne pénètre en Poudlard.
            Ce quatrième tome est également l’occasion de renouer avec les traditions par le biais du Tournoi des Trois Sorciers. Il existe trois grandes écoles de magie : Poudlard naturellement, mais également Durmstrang et Beauxbâtons (on sent qu’elle est bien française, celle-là). Chaque école sera représentée par un seul élève, qui devra participer à trois épreuves dangereuses afin de montrer ses capacités, qu’elles soient magiques ou stratégiques. Jusque-là, rien de bien inquiétant. Mais comment et pourquoi le nom d’Harry est sélectionné par la Coupe de Feu, seul juge capable de désigner le représentant des écoles, alors que les élèves de moins de dix-sept ans ne peuvent participer ? En parallèle, pour quelles raisons la cicatrice du jeune sorcier le brûle-t-elle davantage que par le passé ? Beaucoup d’énigmes irrésolues, dont il faudra attendre la fin pour obtenir les fameuses réponses.
            La fin est très rapide, ce qui contraste là encore avec la lente avancée de l’année à Poudlard. Les événements sombres qui interviennent ainsi que les révélations sont tout simplement poignantes, prodiguant à la fois pitié, compassion mais aussi jubilation face à ce que tout cela laisse entendre.
            Ce volume offre donc une grande richesse dans les péripéties, au vu des différentes natures des épreuves du Tournoi ou bien par les questions plus sombres qui le jalonnent. Il se pose également comme le tome pivot de la saga, puisqu’il met en place déjà une évolution dans la maturité de Harry, mais également une suite prometteuse, plus sombre et mouvementée que les précédents au vu du dernier événement à la fin.

            Les personnages commencent à être redondants, je ne me sens pas obligée de reparler de Harry et ses amis, des professeurs et autres.
            En revanche, j’ai envie de m’arrêter sur Karkarroff, directeur de Durmstrang sorcier à la mine patibulaire. Son comportement au fil du récit laisse peser le doute quant à ses intentions, conduisant le lecteur sur des pistes intéressantes et permettant aussi d’amener l’énorme rebondissement de la fin.
            A l’inverse, l’arrivée d’Alastor Maugrey, également surnommé Fol Œil, nous mène sur la voie d’une institution, les Aurores. Ces derniers sont des sorciers qui se destinent à traquer tout ennemi de la société, notamment les mages noirs au service de Voldemort.
            Ainsi, les nouveaux personnages accentuent encore cette profondeur que l’auteure souhaite donner à son roman, et c’est complètement réussi.

            A l’instar des tomes précédents et à l’image du protagoniste éponyme, le style d’écriture prend de la maturité. Les termes sont mieux choisis, plus précis si bien qu’on prend plus de plaisir à lire les aventures (ce qui vaut mieux au vu de l’épaisseur grandissante des livres !).


            En conclusion, ce quatrième tome est sûrement l’un des plus importants de la série puisqu’il signe un approfondissement dans le monde de la magie mais également le retour du mal à l’état pur. Tout va plus vite, nous sommes tenus en haleine du début jusqu’à la fin par cet enchaînement des péripéties. La fin s’accélère encore, plus grave, plus sombre, laissant deviner une suite prometteuse. Un tome pivot qui touche de plein fouet le coup de cœur.




Les autres titres de la saga :
4. La Coupe de Feu
- saga terminée -

29 sept. 2015

Sa Majesté des Mouches



Synopsis :

            Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte. L'aventure apparaît aux enfants comme de merveilleuses vacances : ils se nourrissent de fruits, se baignent, jouent à Robinson. Mais il faut s'organiser et, suivant les meilleures traditions des collèges anglais, ils élisent un chef... Un grand roman d'aventures, mais surtout un magnifique roman d'apprentissage de la vie en société avec ces règles et ses cruautés.




Mon avis :

            Je me souviens de quelques amis qui me parlaient en grands termes élogieux de ce roman de William Golding, grandiose par sa simplicité et sa morale puissante. A l’époque, je n’étais pas attirée par ce genre de récits. Bon, je ne le suis toujours pas plus aujourd’hui, mais j’ai tout de même acquis la curiosité de lire et découvrir quelques classiques de la littérature européenne. Alors quand j’ai trouvé ce livre à la bibliothèque, les souvenirs ont resurgi et j’ai sauté sur l’occasion.

            Mon rejet face à ce genre de romans s’est très vite ressenti. Je ne sais pas si c’est dû au style jeunesse anglophone ou pour un autre argument indéterminé, mais j’ai remarqué que le premier des deux ne me plaisait généralement pas (si l’on en croit mes avis sur les romans de Salinger, Dalh, Golding, etc).

            L’histoire relate ici le naufrage d’un navire contraint d’abandonné sur une île déserte les passagers mineurs. Nous sommes au tout début de l’intrigue, les enfants peinent à se réveiller, et c’est le premier point sur lequel j’ai tiqué : pourquoi y a-t-il eu naufrage ? Pourquoi aucun adulte n’est resté surveiller les enfants ? Des questions auxquelles nous n’obtiendrons pas de réponse, pour mon plus grand désarroi, voire mécontentement.
            Très vite, une copie de société civilisée se met en place, avec un vote démocratique pour élire le chef et diverses institutions nécessaires à leur survie, tels que le groupe des chasseurs dirigé par Jack ou encore la conque, symbole de l’assemblée démocratique, dirigée par Ralph. Très vite les enfants se divisent en deux groupes, les « petits » qui ne pensent qu’à s’amuser et les « grands » qui portent l’instinct de survie. Ce dernier reste bien précaire, car des inimitiés vont éclater au fil du récit, plongeant le récit dans une violence profonde et intense, comme un reflet de notre société actuelle.
            Je dois reconnaître que mon attention décrochait facilement aux deux tiers du livre. L’intrigue est assez creuse par moments ou bien très répétitives, ce qui est encore pire finalement. J’ai tout de même eu la patience de tenir jusque la fin pour connaître le fin mot, même si j’avoue avoir lu de temps en temps entre les lignes…
            La fin est assez surprenante. Je ne peux pas vraiment dire en quoi car cela spolierait considérablement l’intrigue, mais j’ai été surprise par les rebondissements et revirements de situation, je m’attendais à une chute tout à fait différente. En revanche, je ne saurai dire si cette fin m’a conquise ou non.

            La plupart des personnages sont antipathiques, à cause de leur simplicité ou de leur niaiserie, notamment parmi les « petits ». En dépit de cela, d’autres personnalités sont relevées, comme celles de Ralph, Piggy et Jack, selon moi les plus marquantes car les plus matures et réfléchies. Les deux premiers détiennent vraiment cette volonté de survivre quand le troisième ne cherche que le pouvoir et l’admiration, voire l’idolâtrie. Toutes les figures de notre société sont donc représentées, amenant le récit à se faire l’écho d’une satire acérée de William Golding.

            La plume de ce dernier n’est ni fluide, ni lourde. Elle appartient pourtant à ce genre qui permet à un livre de se lire tout seul, sans avoir l’impression de buter à chaque phrase ou d’avoir mal au crâne à la fin de la lecture. Le style d’écriture se destine prioritairement à un public jeune mais peut toutefois attirer l’attention des adultes.

            La morale est bien sûr un pilier fondamental dans cette aventure. Reflet miniature de notre société actuelle, l’intrigue nous révèle les qualités et les défauts et se veut un véritable roman d’apprentissage pour comprendre l’environnement de l’enfant et lui permettre une bonne socialisation dans celui-ci. Je ne dis pas que l’idée est originale mais elle est ici très bien exploitée, ce qui fait le charme du livre, ce qui fait également que ce roman devrait être lu par un plus grand nombre.


            En conclusion, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus développé et moins long, si bien que je fus légèrement déçue par cette intrigue pourtant prometteuse et intéressante par certains côtés. Les personnages sont creux dans le sens niais et candide mais porteur d’une morale importante pour un enfant dans l’appréhension de son environnement et sa socialisation. Je ne regrette pas de l’avoir lu, mais je n’en garderai pas un souvenir agréable, bien que marquant.


28 sept. 2015

#56 - 28 septembre au 04 octobre 2015



Livres loisirs :



- Le Pacte des Marchombres, tome 3 - La Prophétie de Pierre Bottero

Synopsis :


"L'ouverture est le chemin qui te conduira à l'harmonie. 
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les forces qui constituent l'univers. 
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui. 
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre." 










- Continuer Ilium, tome 1 de Dan Simmons (LC dés 07 septembre)

Synopsis :

Imaginez que les dieux de l'Olympe vivent sur Mars. Ils se déplacent librement dans le temps et l'espace grâce à leurs pouvoirs quantiques. Leur plus grand plaisir, c'est la guerre de Troie qui se joue sous leurs yeux. Pour y mettre un peu plus de piment, ils envoient des érudits terriens modifier les évènements à leur gré, en gardant toutefois le récit d'Homère comme référence. Mais en orbite autour de Mars, de petits observateurs surveillent les jeux divins.






- Terminer Harry Potter, tome 4 - La Coupe de Feu de J. K. Rowling (LC Septembre)


Synopsis :

Harry Potter a quatorze ans et entre en quatrième année au collège de Poudlard. Une grande nouvelle attend Harry, Ron et Hermione à leur arrivée : la tenue d'un tournoi de magie exceptionnel entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les délégations étrangères font leur entrée. Harry se réjouit... Trop vite. Il va se trouver plongé au cœur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter. Dans ce quatrième tome bouleversant, drôle, fascinant, qui révèle la richesse des enjeux en cours, Harry Potter doit faire face et relever d'immenses défis.





- Sa Majesté des mouches de William Golding



Synopsis :

Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte. L'aventure apparaît aux enfants comme de merveilleuses vacances : ils se nourrissent de fruits, se baignent, jouent à Robinson. Mais il faut s'organiser et, suivant les meilleures traditions des collèges anglais, ils élisent un chef... Un grand roman d'aventures, mais surtout un magnifique roman d'apprentissage de la vie en société avec ces règles et ses cruautés.


Livre de cours :


- Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde

Synopsis :

"- Ainsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût, n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant."

27 sept. 2015

Les Rougon-Macquart, tome 14 - L'Oeuvre

Synopsis :
 
            L’ouvrage nous entraîne dans le monde de l’art et des artistes, à travers le portrait d’un peintre maudit, Claude Lantier, dont le personnage évoque celui de Paul Cézanne, grand ami de Zola, qui se brouillera avec l’écrivain après la publication du roman.
Claude Lantier est le fils de Gervaise Macquart et d’Auguste Lantier (voir l'Assommoir, roman où l’on apprend qu’il a été amené à l’âge de huit ans à Plassans par un vieux monsieur séduit par la qualité de ses dessins). Il apparaît aussi dans Le Ventre de Paris. Il est ici l’ami d’enfance du romancier Sandoz, personnage dans lequel Zola a mis beaucoup de lui-même. Avec Sandoz et d’autres peintres ou sculpteurs, Claude combat pour imposer une nouvelle forme de peinture, bien éloignée des canons néo-classiques qui ont la faveur des expositions officielles. Si certains d’entre eux réussissent finalement à s’imposer, Lantier va pour sa part d’échec en échec, demeurant incompris du public et souvent de ses propres amis.

Mon avis :

            Une fois de plus lu dans le cadre de mes cours, je connaissais la plume de Zola pour avoir découvert Nana en Seconde. Je savais déjà que le style ne me dérangeait pas plus que cela, malgré quelques difficultés à m’immiscer dans le récit.

            Ce fut également le cas pour L’Oeuvre. Nous tombons sur le champ dans l’univers de l’art au travers de Claude Lantier, fils de la célèbre Gervaise et peintre raté. Dés le début nous percevons ses difficultés à peindre, ne trouvant pas de sujet ou de modèle approprié à l’esprit nouveau qu’il souhaite créer. En effet, Claude Lantier fait parti de ces artistes qui fuient le romantisme et autres mouvements bien ancrés dans l’art ; il est à la recherche de quelque chose de neuf, de plus distingué, qui révolutionnera le domaine.
            Tout est vu et observé selon Claude et Christine, deux jeunes gens rencontrés dés les premières pages et qui ne pourront plus se lâcher par la suite. Le lecteur devine aisément comment leur histoire va évoluer, mais l’émotion n’en est pas moins prenante au détour des pages et de leurs péripéties. En effet au travers ce couple, c’est toute la misère conjugale que va s’amuser à décrire Zola, avec des termes forts ne pouvant que susciter pitié et compassion chez le lecteur.
            La fin représente la décadence même de la vie. Claude devenu obsédé perdra toute notion de réalité pour se cloîtrer dans sa volonté de conquérir ce qu’il considère comme sa plus belle toile, sans s’apercevoir en parallèle toute la souffrance que cela procure à ses proches. Là encore, l’émotion est forte, poignante, décuplée jusqu’à la dernière page par l’horreur du vide à l’ultime événement du récit. Pitié, effroi, souffrance, compassion, oui, ce livre ne peut pas laisser indifférent le lecteur, complètement subjugué par une œuvre si bien menée.
            A ma grande surprise, Emile Zola n’est pas avare en dialogue, je n’avais pas souvenir de cela dans Nana. Or ici, chaque dialogue détient son importance et sa richesse, que ce soit par son contenu fort et sérieux ou par l’objectif recherché, faire naître l’émotion ou la réflexion.

            Les personnages ne font pas foule dans ce roman, confortant un esprit intime entre chacun d’eux.
            Claude incarne la figure libre du peintre consacré à son œuvre. Cette quête permet également de tenir l’argent loin de l’œuvre, ce qui est assez original à cette époque, du moins si on compare avec les romans de Balzac et sa Comédie humaine. Si ce protagoniste abonde dans l’esprit expérimental des naturalistes, il met également en avant le doute et l’amertume que peuvent ressentir les artistes lorsqu’ils doivent faire face à l’avis du public ou aux échecs répétés. C’est dans ces épreuves qu’entre la conviction, une notion importante lorsque l’on se destine à un métier du domaine artistique.
A ses côtés vit Christine, jeune femme simple et sans éducation, éperdument amoureuse de son peintre. Si le début la présente comme une jeune femme mijaurée et agaçante, elle évoluera au même titre que son compagnon pour devenir une femme dévouée à la cause de son mari, elle si récalcitrante à ses peintures dans les premières pages. Pourtant l’état dans lequel elle finira à la toute fin du récit dégagera une forte émotion qui ne peut pas laisser le lecteur indifférent face à une situation si cruelle et sombre.  
            D’autres personnages gravitent naturellement autour de ce couple principal : Sandoz le fidèle ami d’enfance, fidèle jusqu’à la toute fin ; Dubuche l’architecte autant raté que Claude ; et d’autres artistes qui ne perceront pas non plus hormis un seul, grâce à l’appui d’un riche intervenant. Toute cette diversité des artistes confortent l’idée que l’art est un domaine fermé où se faire un nom est une chose difficile, presque irréalisable.

            Je ne suis pas assez cultivée sur les œuvres publiées à cette époque, mais le style d’écriture me paraît assez semblable aux plumes des autres contemporains de Zola. Même si cela est moins percutant et dérangeant que dans les romans de José-Karl Huysmans, le style de Zola est assez lourd, notamment par l’abondance de propositions insérées par les virgules, amenant une abondance des détails, que ce soit dans la narration ou les dialogues.
            Pourtant une sensible légèreté se dégage également de ses phrases, une légèreté que je serai bien en peine d’expliquer. Emile Zola écrit sur des sujets d’importance, mais de manière à ce que nous ayons envie de le suivre jusque dans ses bouts pour découvrir le fin mot de ses propos.
            Personnellement, je m’attendais à quelque chose de dur à lire, car le style de notre français a fortement évolué depuis le XIXe siècle. Or, j’ai grandement apprécié, j’ai même été emporté par ce style si différent, si bien que je trouve que cela en fait une force dans ce récit. Après, tout le monde ne partage pas le même avis sur la question, il vaut mieux savoir dans quoi on se lance avant de découvrir par soi-même !

            Il n’est pas difficile de se rendre compte que ce roman cherche à mettre en avant les vertus du naturalisme, mouvement créé par Emile Zola lui-même. Au travers d’un Claude Lantier fuyant le romantisme, nous retrouvons l’auteur et son envie d’un mouvement nouveau, avec plus d’observations et d’expériences.
            De plus, si les observations portent sur la quête d’une révolution ratée dans l’art, Zola décrit également les conditions des femmes souvent ravalées au rang d’objets dans un ménage où l’homme est bien supérieur.
            Et comme toujours, Emile Zola s’engage dans la cause prolétaire pour dénoncer la misère de leurs conditions de vie. Ce thème reste pourtant dans le flou ici, à tout le moins plus en retrait que d’autres, donc je ne m’attarderai pas trop là-dessus dans cet avis.


            En conclusion, je redoutais cette plongée dans une œuvre d’Emile Zola, j’en ressors finalement agréablement surprise. Que ce soit au travers des personnages ou de l’enchaînement des péripéties, cette quête du renouveau dans l’art, si on oublie la comparaison avec l’émergence du naturalisme, permet d’observer et de décrire un monde miséreux où le talent est parfois injustement laissé dans l’ombre par les pairs. L’émotion en ressort plus poignante, entre pitié, compassion et souffrance partagée, accentuée par une fin bien loin de nos « happy end » actuels. Zola fait parti des auteurs classiques à lire une fois dans sa vie.



Les autres titres de la saga :
1. La Fortune des Rougon
2. La Curée
3. le Ventre de Paris
4. La Conquête de Plassans
5. La Faute de l'Abbé Mouret
6. Son Excellence Eugène Rougon
7. L'Assommoir
8. Une page d'amour
9. Nana
10. Pot-Bouille
11. Au bonheur des dames
12. La Joie de vivre
13. Germinal
14. L'Oeuvre
15. La Terre
16. Le Rêve
17. La Bête humaine
18. L'Argent
19. La Débâcle
20. Le Docteur Pascal
- saga terminée -

22 sept. 2015

Le poids des secrets, tome 5 - Hotaru



Synopsis :

            A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu'elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu'elle fut de le révéler à son mari. Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l'innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d'expérience, et leur destinée s'en trouve à jamais bouleversée.



Mon avis :

            Il était tout bonnement impossible que je m’arrête en si bon chemin, raison pour laquelle j’ai enchaîné avec le cinquième tome du Poids des Secrets.

            Si ce dernier volume n’offre rien d’original quant aux faits révélés, il n’en garde pas moins son pourcentage d’intérêt puisqu’il nous révèle ni plus ni moins que le témoignage de Mariko, personnage au cœur de la tourmente lorsque la bombe détruisit la ville de Nagasaki. Plongé au cœur des secrets qui ont liés plusieurs familles, nous ne pouvons pas dire que ce sont de réelles révélations puisque nous sommes au courant de tout, mais le témoignage de Mariko apporte une touche d’émotion poignante qui relève encore l’attachement envers cette histoire.
            Dans cet ultime témoignage, alors qu’Obashan Mariko allège son fardeau avant de mourir, la majeure partie des personnages apparaissent comme pour étendre la fresque de l’œuvre sur un dernier appel et un dernier salut. La cruauté des uns nous frappe quand à l’inverse la bonté des autres adoucit les peines de la vie. C’est le grand résumé de ce livre, si je puis dire.

            L’émotion est également présente grâce au personnage principal d’Hotaru, Mariko. Présente dans le passé et le présent, ces remords font éprouver au lecteur de la pitié et de la compassion jusqu’à la fin.

            Le style d’écriture est toujours aussi exotique, aussi envoûtant. Il subsiste une simplicité dans le choix des mots, qui semble bien plus éloquent des phrases à rallonge ou des figures de style sans queue ni tête.
            Cette saga est courte, bien trop courte pour nous révéler tous les petits détails d’un secret. Elle reste cependant utile pour nous rappeler l’importance d’apprécier une chose sans en rechercher une explication et une cause. En là réside le message du livre, la beauté du monde se ressent dans l’observation et l’apparence, et non dans la recherche de connaissances.

            En conclusion, j’aurai été une fois de plus bluffée par la magnificence de l’écriture nippone, avec cette légèreté de la plume et cette divulgation percutante des émotions poignantes. Il aurait fallu plus de cinq tomes pour obtenir l’ensemble de tous les témoignages et donc de tous les détails des secrets qui nous entourent. Le message de l’auteure ici détermine la beauté du monde, qui réside dans l’appréciation et l’observation de ce qui nous entoure. Ce ne sera pas une saga coup de cœur, pourtant elle laissera forcément une trace…



Les autres titres de la saga :
1. Tsubaki
3. Tsubame
5. Hotaru
- saga terminée -

21 sept. 2015

Le poids des secrets, tome 4 - Wasurenagusa




Synopsis :

            Je réfléchis à l'histoire de mes parents, que le bonze m'a racontée. Au début, j'ai été choqué, mais, à mesure que j'y pense, j'ai le sentiment qu'ils étaient simplement les victimes d'une tradition familiale. Pour mon père, ce fut une humiliation de se savoir stérile. Et pour ma mère, ce fut une catastrophe de ne pas pouvoir tomber enceinte et d'être jugée stérile à la place de mon père.




Mon avis :

            Après le succès des trois premiers tomes, je fus bien contente de retrouver la plume d’Aki Shimazaki avec le quatrième tome du Poids des Secrets. Il faut dire que je les empruntais à la bibliothèque municipale mais j’ai mis quelques mois pour obtenir les deux derniers tomes ! Voilà chose faite, et j’ai avalé le tout en une heure tapante entre deux livres de cours.

            La mise en abîme dans l’intrigue fut pourtant périlleuse. Je l’ai peut-être déjà précisé dans les chroniques précédentes, mais cette série repose sur une même histoire, celle de plusieurs familles aux destins croisés, mais racontée par divers protagonistes à diverses époques avec pour point d’ancrage la bombe de Nagasaki lâchée par les Américains. Ainsi ce sont les mêmes personnages que nous retrouvons tout au long de l’œuvre. Seulement, avec les noms nippons très différents des occidentaux, il faut bien avouer que j’ai eu du mal à me repérer. Heureusement, j’ai progressivement retrouvé pied grâce aux faits rapportés (et à ma bonne mémoire) qui m’ont permis de déterminer la place de chacun.
Une première critique serait donc pour le manque de rappel. Je reconnais que cela ferait tâche dans le paysage, surtout lorsqu’on regarde l’épaisseur du livre qui compte une centaine de pages. Pourtant, si on les lit de manière espacée, les lecteurs peuvent être rapidement perdus, d’autant plus quand l’identité de certains protagonistes se ressemblent…

Si on oublie ce petit incident technique, j’ai pris grand plaisir à retrouver cette histoire de plusieurs familles liées par un événement. Je ne pensais pas aimer ce genre de lectures, mais ce livre représenté une force du destin sur une grande échelle si bien que, malgré le manque d’action du à la psychologie prépondérante, on ne peut être qu’entraîner par ces petites révélations.

L’intervention de ce protagoniste est très intéressante. Déjà parce qu’il éclaire sur certaines évolutions de d’autres personnages comme Mariko et son fils Yukio, et le pourquoi ils ont fini par se marier, mais surtout parce qu’il est la preuve de la dureté des traditions nippones. En effet, le Japon est très à cheval sur la généalogie et la descendance, sur le droit à la succession et à l’héritage. Au travers du protagoniste, Aki Shimazaki nous dépeint cela. Aujourd’hui en Occident, les mariages arrangés nous feraient tout simplement rire. Mais au Japon, on en parlait encore du temps de la Seconde Guerre mondiale. C’est entre autre un exemple sur les détails du quotidien et de la société en général.

Le style d’écriture est toujours aussi simple et entraînant. Je ne me risquerai plus à dire qu’il est poétique, mais il a un côté exotique, différent de ce qu’on peut lire en Occident, et par la même séducteur. Le style d’Aki Shimazaki est la plume de l’âme, privilégiant la fluidité et l’émotion à la lourdeur de phrases longues et d’action.

En conclusion, je désespérais de lire la suite des Poids des Secrets, me voilà rassurée. Si je fus un peu perdue au début, j’ai rapidement retrouvé pied et plaisir à découvrir à nouvelle fois, mais sous un nouvel angle, une intrigue liée à la bombe de Nagasaki. La plume légère et le caractère des personnages nous tirent sans forcer jusque la fin, qui arrive bien trop rapidement. Ce quatrième tome s’est également focalisé sur les traditions nippones, notamment liées à la succession, que ce soit familiale ou sociale avec le travail. Toujours aussi agréable à lire, je le conseille aux lecteurs en quête de légèretés sensées.



Les autres titres de la saga :
1. Tsubaki
3. Tsubame
4. Wasurenagusa
5. Hotaru
- saga terminée -

#55 - 21 au 27 septembre 2015



Livres loisirs :



- Le Pacte des Marchombres, tome 3 - La Prophétie de Pierre Bottero

Synopsis :


"L'ouverture est le chemin qui te conduira à l'harmonie. 
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les forces qui constituent l'univers. 
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui. 
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre." 












- Continuer Ilium, tome 1 de Dan Simmons (LC dés 07 septembre)

Synopsis :

Imaginez que les dieux de l'Olympe vivent sur Mars. Ils se déplacent librement dans le temps et l'espace grâce à leurs pouvoirs quantiques. Leur plus grand plaisir, c'est la guerre de Troie qui se joue sous leurs yeux. Pour y mettre un peu plus de piment, ils envoient des érudits terriens modifier les évènements à leur gré, en gardant toutefois le récit d'Homère comme référence. Mais en orbite autour de Mars, de petits observateurs surveillent les jeux divins.




- Le poids des secrets, tome 5 - Hotaru d'Aki Shimazaki (Emprunt)


Synopsis :

A la saison des lucioles (hotaru), lorsqu'elle rend visite à sa grand-mère Mariko Takahashi, Tsubaki est loin de se douter que celle-ci lui confiera bientôt le secret qui ronge sa vie depuis cinquante ans, incapable qu'elle fut de le révéler à son mari. Etudiante en archéologie, Tsubaki apprend à travers cette confession les lois cruelles de la vie : l'innocence et la naïveté des jeunes filles sont souvent abusées par les hommes de pouvoir et d'expérience, et leur destinée s'en trouve à jamais bouleversée.






- Harry Potter, tome 4 - La Coupe de Feu de J. K. Rowling (LC Septembre)



Synopsis :

Harry Potter a quatorze ans et entre en quatrième année au collège de Poudlard. Une grande nouvelle attend Harry, Ron et Hermione à leur arrivée : la tenue d'un tournoi de magie exceptionnel entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les délégations étrangères font leur entrée. Harry se réjouit... Trop vite. Il va se trouver plongé au cœur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter. Dans ce quatrième tome bouleversant, drôle, fascinant, qui révèle la richesse des enjeux en cours, Harry Potter doit faire face et relever d'immenses défis.



Livres de cours :

- Les Rougon-Macquart, tome 14 - L'Oeuvre d'Emile Zola

Synopsis :


L’ouvrage nous entraîne dans le monde de l’art et des artistes, à travers le portrait d’un peintre maudit, Claude Lantier, dont le personnage évoque celui de Paul Cézanne, grand ami de Zola, qui se brouillera avec l’écrivain après la publication du roman.


Claude Lantier est le fils de Gervaise Macquart et d’Auguste Lantier (voir l'Assommoir, roman où l’on apprend qu’il a été amené à l’âge de huit ans à Plassans par un vieux monsieur séduit par la qualité de ses dessins). Il apparaît aussi dans Le Ventre de Paris. Il est ici l’ami d’enfance du romancier Sandoz, personnage dans lequel Zola a mis beaucoup de lui-même. Avec Sandoz et d’autres peintres ou sculpteurs, Claude combat pour imposer une nouvelle forme de peinture, bien éloignée des canons néo-classiques qui ont la faveur des expositions officielles. Si certains d’entre eux réussissent finalement à s’imposer, Lantier va pour sa part d’échec en échec, demeurant incompris du public et souvent de ses propres amis.





- Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde

Synopsis :

"- Ainsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ? Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût, n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant."

Là-bas


Synopsis :

            Partout les formes obscènes montent de la terre, jaillissent en désordre dans le firmament qui se satanise ; les nuages se gonflent en mamelons, se fendent en croupes, s'arrondissent en des outres fécondes, se dispersent en des traînées épandues de laite ; ils s'accordent avec la bombance sombre de la futaie où ce ne sont plus qu'images de cuisses géantes ou naines, que triangles féminins, que grands V, que bouches de Sodome, que cicatrices qui s'ébrasent, qu'issues humides !... et il voudrait bafouiller dans de la chair de déesse, il voudrait trucider la Dryade, la violer à une place inconnue aux folies de l'homme ! "


Mon avis :

            Lu dans le cadre de mes cours, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre de cette œuvre à moitié en perdition (avouons qu’il n’est lu que pas les universitaires !), hormis ce que laissait entendre le résumé.

            Le premier chapitre m’a laissée très perplexe. Huysmans pose au travers de son protagoniste Durtal les prémices de son intrigue, en implantant un décor à la fois neutre et sombre. Les premières critiques, qu’elles soient portées sur la société en général ou plus précisément les dogmes, ne tardent pas non plus à apparaître, si bien que le lecteur comprend rapidement dans quel livre il a atterri.
            En quelque sorte, le livre se décompose en deux parties. D’abord, on découvre le fil de narration en lui-même, avec les diverses rencontres de Durtal et ses recherches quant au culte satanique de son époque. C’est en parti dans ces passages là que se dressent les satires de l’auteur. Or, pour que ces dernières soient plus percutantes, au travers du protagoniste nous seront rapportés des anecdotes historiques concernant le célèbre Gilles de Rais qui, après avoir soutenu Jeanne d’Arc dans ses diverses entreprises chrétiennes, aurait mal tourné et aurait perpétré des crimes impitoyables sur les enfants du Grand Ouest de la France. L’auteur nous offre donc une comparaison entre les pratiques d’une époque reculée et celles de son époque actuelle.
            La fin prend alors toute son importance. Alors que Durtal accomplit son vœu le plus cher par l’entremise d’une bonne femme, l’horreur des rites va se révéler à lui, si bien qu’un possible penchant pour une quelconque foi bienfaitrice peut commencer à l’attirer.

            Là encore, les personnages ne sont pas dessinés pour plaire.
Le protagoniste Durtal nous est dépeint comme un manipulateur changeant, qui n’aime pas les femmes depuis toujours jusqu’à ce qu’il rencontre Mme Chantevoue. Au début amoureux, il utilisera finalement la passion pour parvenir à ses fins, apparaissant ainsi et aussi comme un pécheur sans morale.
A l’instar de lui Mme Chantevoue incarne la figure de la tentation, l’éternelle Eve qui eut la curiosité de goûter au fruit de la connaissance, car c’est grâce à elle que Durtal accède aux réponses à ses interrogations. Ainsi on découvre les gros traits caractérisant le catholicisme dans les personnages en eux-mêmes.
En parallèle, les pas de Durtal nous mènent chez les Carhaix, un couple de gens dont le mari s’occupe de faire sonner les cloches. Ces rencontres et ces repas sont prétextes à discuter de la religion, à mettre en place cette satire des dogmes, mais également de préciser les contours de leur bienfait selon les Carhaix. Ainsi je n’ai pas l’impression que l’auteur imposait sa vision des choses mais soumettait des arguments afin de susciter une réflexion et un débat chez son lecteur.

Je ne pense pas que le style d’écriture soit celui qui attise le plus le plaisir des lecteurs. Avec un penchant assez lourd, notamment à cause du surplus de détails insérés dans les phrases par des virgules, ce qui coupe le rythme de lecture, la plume m’a fait penser à celle de Marcel Proust, même si elle reste bien plus accessible dans Là-bas ! Personnellement, j’adore ce style lourd, je pense que c’est celui qui me correspond le mieux. En revanche, les amoureux d’une plume fluide ne trouveront pas là leur bonheur…

Quand j’eus fini le livre, je me suis demandée quelle place avec cette œuvre dans la littérature de l’époque. Si on se replace dans le contexte, la religion occupe toujours une position importante dans les mœurs. Or ici il ne fait que la dénigrer (du moins au premier abord car j’avoue ne pas avoir approfondi la lecture dans des interprétations sans queue ni tête !). Donc était-il accepté ou n’est-il que par une infime partie de la populace ?
Si on réfléchit selon la pensée de nos jours et que l’on compare avec les lectures qui nous parviennent de cette époque, Là-bas est tout à fait original même s’il n’est pas unique non plus. Le sujet est tout à fait traité de manière innovante, avec pour but de faire réfléchir le lecteur sans imposer un point de vue quelconque. Je pense que la force du livre réside en cela, et j’ai grandement apprécié.


En conclusion, un livre innovant tant par la forme que par le contenu, avec des personnages atypiques et pas très attachants mais non pas moins intéressants. Le thème traité qu’est le satanisme est assez difficile, surtout à l’époque, mais la manière qu’à l’auteur de raconter par l’intermédiaire de l’histoire de Gilles de Rais a permis d’attiser la curiosité du lecteur. Une très belle surprise que je ne regrette pas d’avoir découvert.