Moi, Jean Sylvestre, je n'ai pas le
moindre pouvoir magique. Normal, me direz-vous... Pas tant que ça, quand on
sait que ma mère, mes tantes et même ma petite sœur sont des sorcières hors
pair. Je n'y voyais aucun inconvénient. Jusqu'à ce qu'un terrible buveur de
magie s'attaque à elles !
Mon
avis :
Fanatique et idolâtre de la plume de
Pierre, je ne pouvais pas ne pas lire une autre œuvre de lui, bien que celle-ci
soit destinée à un public plus jeune.
J’ai bien aimé la mise en abîme du
récit alors que Jean Sylvestre, le personnage principal, nous présente
progressivement son « univers », ses fins de vacances chez ses
grands-parents, ses amis, sa famille un peu spéciale. Contrairement à d’autres
livres jeunesses, les aventures prennent suffisamment de temps avant de
démarrer afin que le lecteur puisse correctement appréhender l’environnement et
j’ai trouvé que cela apportait un vraiment plus car on s’attachait plus
facilement à tout cela.
Une fois l’élément déclencheur
lancé, le rythme change du tout au tout, passant de la croisière à l’avion à
réaction. Les disparitions s’accumulent, le danger enfle et explose, les
rebondissements sont de mises. De quoi éveiller le plaisir du lecteur jeune et
faire passer un agréable moment aux plus vieux.
J’ai trouvé touchant l’arrivée d’un
certain personnage au cours de l’intrigue, qui pose le problème de la garde
partagée ou encore des décisions difficiles à prendre, que ce soit pour
soi-même mais surtout pour l’équilibre de l’enfant au sein des conflits de ce
type.
La fin est certes bateau, bien qu’il
y ait de petits rebondissements pour tenir le lecteur en haleine le temps de
quelques pages ; elle apporte une véritable morale du point de vue
familial, notamment conjugal. Et la petite touche finale a de quoi faire
sourire. En bref, un livre jeunesse qui est loin de m’avoir laissée
indifférente !
Jean Sylvestre est un garçon des
plus perspicaces. Si toutefois il garde un côté enfantin et candide dans ses
actes et ses décisions, ce n’est pas pour autant qu’il nous semble immature et
niais. En revanche du côté de sa sœur, Lisa Sylvestre, subsiste une petite
touche d’irréalisme puisque l’enfant fait preuve d’une intelligence rare pour
une personne de son âge. Bien sûr, nous pouvons prétexter que la magie qu’elle
détient est à l’origine de cet effet mais cette raison ne disculpe pas ce
phénomène.
A côté de ces deux enfants, le livre
est jonché d’adultes au comportement plus farfelu les uns que les autres. Entre
la grand-mère trop crédule ou les sœurs au tempérament très varié, on n’a pas
le sentiment d’une famille unie, plutôt d’une bande de copines se retrouvant après
une soirée.
L’ennemi n’est pas aussi caricatural
que dans d’autres mêmes types d’œuvres, puisque ce dernier est tout simplement
absent la majeure partie du récit. S’il apparaît dans le dialogue et le
contexte, sa présence reste discrète, étant simplement là pour susciter la peur
et la tension chez le jeune lecteur. C’est là encore un point fort selon moi.
Dans un tel livre, dire que le style
de l’auteur est accessible coule de source. En revanche, la plume de Pierre me
captive toujours autant par sa fluidité et sa facilité à l’appréhender dans un
récit. C’est léger, enivrant, on n’a pas envie de lâcher le livre avant la fin
malgré qu’il soit destiné à un public ô combien plus jeune.
Dans les petits plus, j’ai apprécié
la référence aux autres œuvres de Pierre, notamment « la rue d’Al-Jeit »,
gros clin d’œil à l’univers gwendalavirien.
En
conclusion, un livre jeunesse touchant et envoûtant qui plaira aux plus
petits et aux plus grands. Les personnages sont attachants, bien que très hétéroclites,
et la présence discrète du méchant permet de ne pas faire tomber l’œuvre dans
le cliché. La fin est toute mignonne, l’ensemble du livre évoque des sujets
difficiles dans un contexte bon enfant ; voilà encore une belle histoire
que nous a livrés Pierre Bottero.