"Ses longs cheveux noirs tombant en rideau devant
son visage, son attitude, position de combat ou figure de danse, l'énergie qui
se dégageait d'elle...
La fille n'était plus une fille.
C'était un oiseau.
Prêt à l'envol."
Mon
avis :
Au même titre que le premier tome,
j’ai du mal à me lancer dans cette chronique. C’est assez paradoxal, quand on
sait que Le pacte des marchombres
s’assimile à une Bible à mes yeux. Mais j’ai tellement peur d’en dire trop, de
ne plus laisser assez de surprise, ou à l’inverse de ne pas en dire assez, de
prodiguer cette envie de découvrir ce bijou de la fantasy française… Mais bon,
comme on dit, il va bien falloir se lancer, ce que je m’apprête à faire.
J’ai grandement apprécié le début de
ce nouveau tome. Pierre Bottero a une manière bien à lui de faire pénétrer son
lecteur dans le récit en innovant toujours dans la manière de s’y prendre. En
ce qui concerne L’Envol, on atterrit
au cœur d’un grand événement organisé par l’empire alavirien, puisqu’il s’agit
d’un tournoi, composé de dix épreuves. Outre le fait que cet événement permet
encore et toujours à Ellana de progresser sur la voie et la doctrine
marchombre, il offre également un joli clin d’œil aux Ewilan, puisqu’on y retrouve plusieurs personnages clés de ces
sagas. Une bonne façon de retrouver la prose de Pierre, n’est-ce pas ?
Difficile d’évoquer le déroulement
de l’intrigue sans révéler trop de détails. Ellana a mûri, que ce soit en âge
ou en maturité. Il en va de même au sujet de son parcours, de sa progression
sur la voie, bien plus complexe mais toujours aussi agréable à découvrir dans
ce second tome. De nombreux rebondissements vont là aussi venir jalonner sa
route, qui tendent vers le sourire du lecteur, de multiples pincements au cœur,
beaucoup de larmes à plusieurs passages du livre. Ce livre se lit et se
découvre au travers de nombreuses émotions qui nous submergent toutes de la
même manière, dans la même intensité.
On retrouve de nombreux composants
déjà présents dans d’autres titres, tels que l’amour et l’amitié, la trahison,
la confiance, et j’en passe, mais d’autres s’immiscent plus sournoisement,
comme le doute pour ne citer que celui-ci. La voie du marchombre est propice à
la remise en question, et Ellana, pourtant représentée comme une battante
jusque-là, s’enfoncera dans les affres du doute et de la dépression. Une
occasion pour Pierre de faire intervenir deux personnages tirés d’une autre de
ses œuvres, écrite quelques années plus tard, mais également un magnifique
principe que tout le monde devrait garder en mémoire (et que je ne citerais pas
ici pour vous laisser la surprise, même si je le connais par cœur).
La fin est là aussi un joli clin
d’œil à d’autres titres, et on ne peut que se dire que la boucle est bouclée,
qu’Ellana a trouvé sa place et que la prophétie est en marche… Prophétie.
Etrange, c’est le titre du prochain tome !
[/!\ Spoiler :
Il était impossible que je rédige une chronique sans laisser trace de deux
passages importants de L’Envol. Mais
comme je vais les nommer et les évoquer avec plus de détails, ceux qui n’ont
pas lu le livre devraient passer leur chemin s’ils veulent vraiment ressentir
une émotion poignante lors de leur lecture.
Vers les deux tiers du récit, le
maître marchombre Jilano conduit sa jeune apprentie vers ce qui est alors sa
dernière épreuve, même si personne sauf lui ne le sait encore. Une montagne, le
froid d’un printemps naissant, des chaînes. Après la douleur, l’incompréhension
et l’énervement, la libération et la reconnaissance interviennent. Et les
larmes. Ellana est libre mais se sent perdue, veut rester apprendre encore et
encore auprès de son maître. Elle comprend pourtant qu’elle doit voler de ses
propres ailes si elle veut devenir marchombre à part entière. On ne peut que
pleurer lors de ce passage, parce que Pierre insuffle tout simplement de
l’émotion brute, avec des mots simples et poignants. Et puis, Jilano aussi
pleure, alors pourquoi le lecteur devrait-il s’en priver ?
Je me rappelle que, lors de ma
première lecture, je m’étais demandée ce qui se passerait alors dans le dernier
tome, si l’apprentissage d’Ellana était terminé. Mais ça, c’est une toute autre
histoire !
Le deuxième et dernier spoil portera
également sur un passage vers la fin du livre. Alors que Jilano, à l’écoute du
vent, perçoit la blessure de son ancienne élève, il va courir, sur plusieurs
courts chapitres, à son secours. Or c’est dans un piège qu’il tombera.
Pourtant, il ne luttera pas et, pour un nouveau moment intense et poignant, ces
dernières pensées seront pour Ellana qui, lorsque la mort aura frappé,
s’effondrera malgré qu’elle se trouve à des lieux de là.
Quand je vous dis que Pierre Bottero
nous fait vivre son livre, autant vous dire que je pèse mes mots. Parce que,
pour ce second tome et malgré les quelques joies qu’on y découvre, ce sont
surtout beaucoup de larmes qui en ressortent…]
Malgré son mûrissement, Ellana n’a
pas changé. Franche et imprévisible, elle sillonne la voie marchombre avec
cette facilité qui la caractérise. Même si l’heure du doute va sonner, son
retour sur la voie se fera dans une simplicité presque exaspérante, mais qui
est toujours aussi bien amenée par l’auteur. Il n’empêche, sa douceur, son
humour et sa combativité en font un personnage attachant que l’on prend plaisir
à suivre.
Et à ses côtés, toujours le grand
Jilano qui s’efforce de prodiguer soins et conseils, des principes qui marquent
l’esprit, même lorsqu’on referme le livre.
Comme
toujours, les choses sont dites avec une légèreté qui caractérise si bien la
plume de Pierre Bottero. La douceur y ont également leur place, et c’est
doublement intéressant par le fait que les sujets et thèmes évoqués sont
parfois lourds de sens. Déclarer des notions complexes avec une simplicité si
désarmante, voilà ce dont le Maître des Mots, ainsi appelé par un grand nombre
des lecteurs, est capable pour conquérir les cœurs.
En conclusion, j’ai retrouvé Ellana
avec un immense plaisir. La voir douter et trébucher sur la voie marchombre la
rend plus attachante, plus humaine, et cela a permis d’équilibrer la balance,
elle qui avance habituellement sur la voie avec tant d’aisance. La plupart des
thèmes sont lourds de sens et de portées, confinant à ce second tome un degré
plus sérieux, plus supérieur encore à celui qui le précède, mais la simplicité et
la légèreté avec laquelle Pierre évoque l’ensemble de l’œuvre amoindrissent la
dureté et lui confèrent une harmonie qui s’apprécie. De la joie, des pincements
au cœur, des larmes… Beaucoup de larmes… Pour un coup de cœur que je ne suis
pas prête d’oublier (et que je relirai avec plaisir).
« La
douleur infinie de celui qui reste.
Comme
un pâle reflet de l'infini voyage.
Qui
attend celui qui part… »
J'ai un énorme coup de cœur pour cette trilogie :)
RépondreSupprimerOui, c'est une grande trilogie pour beaucoup de lecteurs, et le deux est bien le meilleur des trois ;)
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