En 1979, Ursula K. Le Guin est au sommet de sa gloire : ses romans de science fiction et de fantasy se sont imposés comme des chefs d'œuvres et elle est une des romancières américaines les plus primées. Toutefois, parallèlement à ces succès publics, elle a la réputation d'être une théoricienne hors pair, et une oratrice remarquable. Elle parcourt alors universités, congrès, bibliothèques et librairies pour parler des sujets qui la passionnent : le féminisme, l'anarchisme, le rôle humaniste de la littérature, et, surtout, la fonction des littératures de l'imaginaire. Le Langage de la nuit est le recueil d'essais littéraires qui résument sa pensée et composent un manifeste pour l'imaginaire, car si nous pensons et parlons le jour, la moitié de notre vie se passe la nuit, où se réfugient la poésie et l'imaginaire. Pourquoi les littératures de l'imaginaire ont cessé, au vingtième siècle, d'être le cœur de la littérature ? Que permet la science-fiction ? Quelle est la place de la littérature jeunesse dans la littérature ? Autant de questions qui occupent les lecteurs depuis cinquante ans et qui trouvent des réponses dans ce volume, préfacé par le romancier Martin Winckler, fin connaisseur de la science-fiction, et grand admirateur de l'humanisme merveilleux de Le Guin.
Pourquoi ce livre ? Pour la même raison que l'ouvrage de Fantasy par Anne Besson, c'est-à-dire que j'ai poursuivi mes recherches sur le genre afin d'étayer les propos de mon mémoire. Il me semblait en plus très intéressant de lire les idées d'une auteure pleinement concernée puisque Ursula Le Guin a écrit bon nombres d'ouvrages de Fantasy eh de Science-fiction (et dont l'un d'eux apparaîtra bientôt sur le blog !).
Ce livre fut plus difficile à lire. D'abord la structuration est différente, Ursula Le Guin opère toujours une petite introduction par parties, on en dénombre cinq ou six, ou une mise en contexte qui, certes, aident à la compréhension du propos mais qui semblent parfois totalement hors sujet. De plus, son propos est entièrement édulcoré au milieu d'une foule d'exemples, de souvenirs, si bien qu'il est souvent complexe d'en tirer quoi que ce soit.
J'ai débuté cette critique par les défauts relevés mais il faut savoir que cela reste très intéressant à découvrir. On entre dans l'esprit d'une auteure de renom, on apprend comment elle en est arrivée là, sa vision sur l'évolution du genre, les petites anecdotes de sa vie mais également ses analyses sur des œuvres majeures. Elle critique notamment Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, en disant qu'au-delà de l'aspect manichéen, il existe quelque chose de tellement plus profond, comme les personnages qui fonctionnent par paires, ou qui possèdent une ombre qui les suit : l'exemple parfait de Frodon dont l'ombre serait évidemment Sam, mais aussi Gollum (il faut le reconnaître) et lui-même. Pourquoi ? Lisez ce bouquin, Ursula vous l'expliquera bien mieux que moi.
Le style est également plus ardu à appréhender. Cette fois-ci, je ne pense pas que ce livre soit à la portée du premier venu. Il faut véritablement être passionné par le sujet, avec une volonté d'apprendre de manière indirecte : le propos étant confus au milieu de tant d'idées, il faut parfois savoir faire le tri...
Si j'ai moi-même su apprécier cet essai critique, je suis loin de le recommander à tout le monde. Y'a quelques idées intéressantes au milieu de tant de matières, mais la lecture n'est pas aisée et j'ai l'impression qu'il faut une réelle motivation ou un véritable intérêt pour venir à bout de cet ouvrage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire