1 juin 2018

Le commando des immortels




Au lendemain de Pearl Harbor, l'armée américaine est en déroute dans le Pacifique. Les japonais s'apprêtent à conquérir la Birmanie. Les Etats-Unis décident de faire appel aux êtres les plus aguerris aux combats en forêt, un peuple en harmonie avec la nature et aux sens plus développés que ceux des humains: les Elfes. Ils ne sont plus qu'une poignée et vivent dans la dernière réserve du territoire américain. Le gouvernement leur promet une véritable reconnaissance et les Elfes acceptent d'envoyer cinq des leurs former les soldats en Asie. A une condition emmener avec eux un vieil Anglais spécialiste de l'elfique, un professeur nommé... J. R. R. Tolkien. Au cœur d'une jungle hostile, le cauchemar commence pour les humains et les Elfes...



Pourquoi ce livre ? Je reconnais qu’il y a encore quelques mois seulement, je ne connaissais ni cette œuvre, ni son auteur. Il aura fallu rencontrer un autre grand fan de Littérature de l’Imaginaire pour en entendre parler, après quoi je lui ai emprunté le bouquin pour le lire rapidement.

Je peux honnêtement remercier mon copain pour cette superbe découverte. Je craignais qu’il me l’ait survendu mais, un point mis à part, ce fut une lecture excellente, qui a frôlé le coup de cœur de très près !

C’est la guerre. Malgré une coalition entre Américains et Britanniques, le Japon gagne du terrain sur les côtes asiatiques. La Birmanie est tombée, d’autres pays sont sur le point de céder à l’envahisseur. Seule une alliance avec les Elfes peuvent tirer les pays alliés de cette mauvaise passe. Cette race extrêmement fière et discrète accepte de confier cinq de leurs plus puissants guerriers dans ce combat à une seule condition : qu’un mystérieux professeur britannique se joigne à l’expédition.
Le résumé officiel de l’édition lue dévoile l’identité de ce fameux personnage. Cette révélation est une déception en soi, j’aurai préféré prendre connaissance de cette drôlerie au cours de ma lecture. Pourtant, ce fut l’élément qui m’a convaincu de me jeter sur l’ouvrage, je peux donc comprendre qu’il soit mis en avant par les éditeurs… Le mystérieux professeur est donc le fameux Ronald R. R. Tolkien, le même qui a composé Bilbo le Hobbit ou encore la saga du Seigneur des Anneaux. Dans le livre, le professeur traverse une période difficile dans son travail d’écriture, étant incapable de poursuivre les aventures de Frodon et Sam dans un troisième et dernier tome, et ce malgré le succès rencontré par ses précédentes publications. Peut-être cette expédition militaire, à laquelle il accepte de se joindre pour le seul plaisir de tenir compagnie à des Elfes, saura-t-elle lui redonner une imagination ?

J’ai adoré du début à la fin ! Cette uchronie permet de côtoyer un grand auteur de la Fantasy, un pilier du genre, comme si c’était une connaissance de longue date. On se prend rapidement d’attachement, notamment grâce à sa naïveté voire son ignorance à l’égard des arts de la guerre alors même que sa grande saga épique repose sur des combats. Il cabriole comme un enfant lorsqu’il rencontre des Elfes, incapable de retenir le flot de questions qui l’assaille à leur contact.
En parallèle se développe la mission militaire. Le commando de Chindits, c’est ainsi que souhaitent s’appeler les soldats du commando, a pour objectif de pénétrer au cœur du territoire birmane aux mains de l’ennemi afin de détruire des chemins de fer utilisés pour alimenter les soldats sur le front et conduire de nouveaux bataillons aux frontières. Une mission périlleuse, la plus à même d’inclure le lecteur dans cette ambiance effroyable perpétuellement sous tension.
C’est sur cette psychologie que tourne l’ensemble de l’intrigue. L’action est peu présente, ce fut là ma principale surprise et ma très légère déconvenue. L’ensemble ne manquait pas de rythme, d’autant plus que l’auteur nous maintient dans une ambiance suffocante qui nous plonge dans l’incapacité de lâcher le livre. Pourtant, j’aurai souhaité un peu plus d’action en milieu d’intrigue, que l’on soit vraiment scotché aux pages sans possibilité de décrocher.
La fin vient très rapidement, sans qu’on s’en aperçoive. Un peu moins réaliste, elle plonge le récit dans un fantasme horrifique, on s’interroge sur la santé mentale des personnages. Certains sont sacrifiés, d’autres survivent, aucun n’est épargné. Je fus secouée par le choc émotionnel, Christophe Lambert malmène ses personnages avec une dureté bienvenue, loin des classiques du genre. Si je fus triste au départ par la fin choisie, je ressors finalement pleinement contente car j’étais incapable de prévoir une pareille fin. C’est probablement ce qui en fera une lecture marquante.

Les personnages sont la force de cette œuvre. En l’absence d’action, la psychologie est bien entendu mise en avant au même titre que les relations qui touchent les personnages. Tolkien est loin d’incarner la figure charismatique et forte que je m’imaginais. D’apparence anodine, il manque d’endurance si bien que la mission est une lutte constante dans cette forêt dense. S’il saura faire ses preuves le moment venu, Christophe Lambert le place tel un boulet suivant son pied, à savoir le commando. Rassurez-vous, l’auteur n’a pas non plus fait n’importe quoi avec cette personnalité importante, on retrouve avec joie de vraies anecdotes et une manière de s’exprimer tout à fait réalistes. J’en profite pour dire que Lambert a réalisé un véritable travail de documentation, rendant l’ensemble crédible.
Les soldats sont là pour étoffer l’atmosphère de danger. La plupart restent discrets tout au long de l’aventure, seuls les officiers et quelques autres têtes se détachent du lot. Foster et Brody, deux hauts gradés qui ne pouvaient se supporter, le médecin également, trois personnages que je ne saurai oublié.
Je n’oublie pas non plus Cealendar, ce demi-elfe qui ne trouve sa place ni dans le monde des Elfes, ni dans le monde des Hommes. Sa situation cruelle m’a d’emblée conduite à le prendre en sympathie, sans aller jusqu’à la pitié. Et puis la Bête-qui-a-soif le ronge à petit feu, le plaçant à côté de Tolkien sur l’échelle des boulets. Pas étonnant qu’ils s’entendent si bien.
Les cinq Elfes ont été façonnés tels que je les imagine : fiers, hautains, distants. Il se dégage de ces êtres de la glace que les humains ont bien du mal à percer. Là encore, je fus agréablement surprise par le sort qui les attendait.

La plume est géniale. Elle délivre son intrigue avec à la fois cette dureté qui sied à l’ambiance et cette douceur qui tranche avec elle. Je ne saurais véritablement expliquer mon ressenti face à cette étrangeté, je peux néanmoins affirmer que les mots s’avalent facilement, le livre se lit d’une traite et la plume contribue à cette facilité.



Voilà bien un ouvrage méritant. Les personnages sont géniaux, les liens qui les unissent sont ténus, pourtant ils se dégagent de leur groupe une notion d’unicité bienvenue. La mise en avant de Tolkien dans un milieu elfique est une idée originale, maîtrisée, parfaite. L’auteur se défend et justifie ses choix en mettant en avant toute la documentation nécessaire à la réalisation de ce projet, un véritable plus pour les amoureux comme moi de la Terre du Milieu qui craignais trop de prises d’initiative de l’auteur. Finalement je fus comblée du début jusqu’à la fin. Seule l’absence d’une véritable action m’empêche de ressentir un gros coup de cœur. Ca n’en reste pas moins une excellente lecture, que je recommande à tous les passionnés de Fantasy et de Tolkien.



18/20




2 commentaires:

  1. Génial, je me le suis trouvée sur une brocante il n'y a pas longtemps. Maintenant, j'ai hâte de le lire !

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