14 juil. 2018

Brainless




Jason, adolescent médiocre surnommé Brainless, habite Vermillion, petite ville du Dakota du Sud où la jeunesse s’ennuie. Tous les jours, Brainless se fait une injection de formol, pour ne pas pourrir. Depuis qu’il est mort, étouffé par une ingestion massive de maïs, les deux hémisphères de son cerveau peinent à communiquer. Son estomac ne digère que de la viande crue. Il a cessé de dormir et de respirer. En dehors de cela, son quotidien n’a pas beaucoup changé depuis qu’il est atteint du SCJH – le syndrome de coma homéostasique juvénile, une nouvelle maladie touchant les adolescents, de plus en plus répandue aux États-Unis – depuis qu’il est un zombie, autrement dit... Il lui arrive seulement, de temps à autres, de se demander quel goût a le cerveau humain. Mais parmi ses camarades de classe, certains ont des projets bien plus macabres.



Pourquoi ce live ? Lu dans le cadre d’une lecture commune, je suis heureuse d’avoir sorti ce petit livre de ma PAL.

Brainless est le surnom du personnage principal, de son vrai prénom Jason. Dès le prologue, l’adolescent nous met devant le fait accompli en révélant le plus étrange de toute cette histoire : il est mort et, pourtant, il est toujours en vie, en quasi pleine possession de ses moyens. Si sa mère est au courant et subit plusieurs phases de traumatisme, la majorité de la population est tenue hors du secret et Jason doit vivre en prenant soin de ne laisser aucun détail transparaître. Une intrigue autour de son état va prendre forme, toutefois je dois dire que l’auteur ne souhaite clairement pas se concentrer là-dessus. Au contraire, il fait comme s’il n’y avait aucun problème, comme s’il souhaitait affirmer que cette différence notoire entre le zombie que représente Jason et le reste de la population n’a que peu de valeurs.

Une autre intrigue prend forme autour du commerce de drogue. Le lycée en est envahi et les jeunes ne font qu’accroître leur consommation sans se soucier de la provenance de cette drogue. Un petit air à la Breaking Bad vient amplifier tout cela. Enfin, rassurez-vous, c’est suffisamment nuancé dans l’intrigue pour ne pas faire comme un copié-collé de cette série.

De la violence vient pimenter le récit de quelques touches d’actions. Cela colle bien à l’univers, à l’ambiance zombiesque et j’en passe. Jérôme Noirez n’a pas cherché à en faire trop, il est resté raisonnable tout en développant les divers aspects de la vie d’un zombie au travers de plusieurs personnages, un procédé bénéfique.

Pourtant, je ne suis pas totalement convaincue par une chose. Soit je n’ai pas été attentive sur l’ensemble de ma lecture - ce qui est impensable en vérité - soit l’auteur a choisi de ne pas creuser les recherches de Jason sur la cause de sa mort. Enfin, je veux dire qu’on sait comment le personnage décède - c’est d’ailleurs une scène cocasse qui a su me tirer plus d’un sourire. Toutefois cela ne révèle en rien la raison du retour de Brainless parmi les vivants… L’intérêt de l’oeuvre n’est pas là, pourtant je ne peux m’empêcher d’être déçue par cette information manquante. C’est frustrant, pour résumer la chose.

Les personnages sont extrêmement neutres. Par exemple, j’imagine bien Jason et sa nouvelle amie comme les deux jeunes de la série The End of the F***ing World (ouais, beaucoup de références en série dans cet article, faut dire que Brainless recoupe bien plusieurs scénarios télévisés). Bref, j’ai eu quelques peines à m’attacher à eux, et c’est notamment pour cela que j’ai bien aimé ma lecture. L’auteur n’a pas voulu créer d’attachements, je ne pense pas que c’était sa volonté qu’on ressente de la chaleur envers les personnages, surtout quand on voit leur caractère. De fait, cela démarque le livre de tous les ouvrages pour lesquels on ressent de la sympathie pour des créatures bizarroïdes.
Ce livre compte beaucoup de personnages, plus que ce que je m’attendais pour un livre si court, pourtant on ne perd pas le fil de notre lecture, preuve que l’auteur maîtrise son propos et son univers.

Comme signalé ci-dessus, la neutralité est le ton majeur de cet ouvrage et Jérôme Noirez le respecte également dans sa plume. Aucune chaleur, aucun sentiment, juste une lecture comme ça, qui en dit pourtant beaucoup sous ses airs de totale indifférence.



Je suis extrêmement contente d’avoir enfin sorti ce livre de ma PAL. Je lis très peu de romans sur les zombies (j’ai dû faire une overdose avec The Walking Dead (parce que jamais deux sans trois) pour en finir sur les références télévisées) et celui-ci était parfait pour renouer avec ces créatures. Le protagoniste respecte le code des zombies même s’il est un poil différent, plus développé. L’univers et le ton neutre sont également parfaits pour voir Brainless progresser. Les personnages ne sont pas attachants mais on sent bien que c’était un souhait de l’auteur. Le livre aborde également quelques grands thèmes actuels. En somme, les bons points s’enchaînent. Ma seule déception concerne le manque de révélations mais c’est dérisoire face aux aspects positifs. Une bonne lecture, courte qui plus est, que je recommande à tous ceux qui réclament de la fraîcheur quant à ce mythe vu et revu.



15/20




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