11 juin 2020

Les Noces de la Renarde




1461, Japon. Hikari vit dans les forêts peuplées de croyances et de dieux du Japon du 15ème siècle et s’intéresse de près au village installé au pied de la montagne… à ses risques et périls.

2016, Tokyo. Mina, qui a le pouvoir de voir les yokaï, esprits et monstres du folklore japonais, va se laisser entraîner dans une chasse au démon, en plein cœur de Tokyo.

Deux univers qui se croisent et s'entremêlent, entre quête d'identité et désir d'émancipation.



Pourquoi ce livre ? C’est une copinaute qui m’a donnée envie de lire ce livre. Elle avait beaucoup aimé, me l’a bien vendue par messages privés puis, après ajout dans ma wishlist, me l’a envoyé au cours de notre premier swap. C’est lors d’une lecture commune que j’ai sorti le livre de ma PAL, qui y aura traîné moins de quatre mois !

Les Noces de la Renarde est un roman jeunesse intelligent. Loin de reprendre tous les clichés de la littérature dédiée à la pré-adolescence et à l’adolescence, l’autrice a su s’émanciper des clichés pour produire un roman mature et bien foutu. Autour du rapport entre société contemporaine en perpétuelle évolution et traditions stagnantes, elle propose un récit où les femmes, démones ou humaines, sont à l’honneur.
Ca se lit tout seul et je dois dire qu’une fois que j’avais le nez dedans, il était difficile d’en sortir. Les chapitres sont courts, la typographie est très aérée, tout est fait pour qu’on dévore ce roman - ce que j’ai fait sur un jour.

Pourtant il m’a manqué la tension. D’abord dans un rythme tranquille une bonne partie du roman, on sent une accélération vers la fin, quand le passé se rapproche un peu trop du présent. Mais je n’ai jamais ressenti de réelle tension et la résolution du conflit est expédiée. Alors oui, c’est déjà un gros pavé pour du jeunesse, mais je pense qu’une trentaine de pages supplémentaires n’aurait pas été superflue.
En revanche, sans tomber dans la violence, la cruauté a sa place dans ce récit et je dois dire que je me suis révulsée à plusieurs reprises devant la méchanceté de certains.

Point qui pour moi a son importance, je disais que l’autrice évitait tous les écueils de la jeunesse… Il n’y a pas de romance futile et inutile ! Oui, l’amour est présent dans ce récit mais se présente sous diverses formes, comme le respect d’un croyant envers les divinités. Un couple se forme mais de manière douce, discrète, on le sentait venir et on l’accepte plus qu’aisément, sans fatalité. Ça m’a fait un effet rafraîchissant !

Le respect de la tradition et les coutumes sont plutôt bien développés mais il m’a manqué des descriptions pour être entièrement convaincue. Entre la ville de Tokyo et la montagne à l’époque féodale, il y avait de la matière à nous faire voyager. Je comprends que pour le deuxième, ce soit moins évident de décrire, il faut faire des recherches, parfois exhaustives, pour s’imprégner de la vie quotidienne et de l’ambiance générale. Cela aurait également rendu le livre plus indigeste pour de la jeunesse. J’aurais malgré tout aimé un peu plus pour être pleinement imprégné de la culture nippone.

Les personnages sont intéressants et présentent des caractères variés. L’héroïne, Mina, a un don qu’elle ne s’explique et qu’elle ne veut pas. Pourtant elle sera prête à se sacrifier pour venir en aide à une amie, même si on sent le fardeau derrière la bonne volonté. J’ai perçu l’autre amie comme une peste qui veut bien faire, j’ai eu du mal à l’apprécier et à la haïr à la fois.
J’ai adoré Hikari. Forte, indépendante, différente, ses émotions m’ont traversée et j’avais le sentiment de la comprendre parfaitement. J’ai été touchée par sa situation de bout en bout, je ne pensais pas qu’un tel personnage pouvait me faire si forte impression.

Le style de Floriane Soulas est très léger et m’a parfois fait penser au pas feutré des Japonais. Ca collait bien au fait qu’aucune tension n’apparaisse dans le roman, ce qui est pour le coup un mauvais point. Mais dans l’ensemble, j’ai bien aimé cette légèreté entraînante.



C’est mon premier Floriane Soulas et il se pourrait que je me penche sur Rouille. L’univers est immersif malgré des lacunes dans les descriptions. On s’imprègne toutefois des us et coutumes et des croyances. La confrontation entre le passé et les traditions et la dureté contemporaine, sans foi, est bien amenée. J’ai également apprécié les personnages qui ne tombent pas dans les stéréotypes attendus pour de la jeunesse. Non, vraiment, j’ai bien aimé, même si j’aurais souhaité plus de tension sur la fin. Une bonne lecture malgré tout !



14/20





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