5 mai 2022

Nos futurs solidaires




On nous promet souvent des futurs qui déchantent. Mais ils peuvent être aussi solidaires ! Voici 14 nouvelles de science fiction qui se projettent dans notre "à venir", tournent autour des formes et paradoxes de l'inclusion sociale, de l'entraide et du "vivre ensemble" , de la précarité et de nos vulnérabilités, des tiers lieux à l'écologie solidaire, de l'attention à l'autre et de l'accès de tous et toutes à la santé...



Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !

Pourquoi ce livre ? A peine fini le recueil de nouvelles Nos futurs, pour sa réédition en poche, que l’éditeur propose un nouvel édifice du même acabit avec Nos futurs solidaires. Depuis que j’ai découvert les projets d’Ariel Kyrou, je n’ai pas été déçue, c’est pourquoi je me suis également penchée sur ce recueil.

En parlant d’Ariel Kyrou, j’ai une fois de plus apprécié son introduction, courte mais suffisamment vaste pour évoquer l’étendue des sujets évoqués. Une très bonne mise en bouche avant de goûter aux nouvelles.

J’ai beaucoup aimé La Map d’Iris de Li-Cam. Beaucoup de choses sont brassées ici, que ce soit l’accès à la technologie, l’écologie ou la maladie, sous divers angles. C’est une nouvelle axée sur le social, les relations qui en découlent, par un intermédiaire ou non. Je ne peux pas dire qu’il m’en restera un souvenir d’ici quelques mois, pourtant j’ai passé un bon moment. (13/20)

Je ne connaissais pas du tout Régis Antoine Jaulin mais j’ai adoré sa nouvelle L’Affection. Déjà parce que le titre joue sur deux mots phonétiquement proches dont le sens n’a rien à voir : affection/infection. C’est justement le sujet, quand un virus rend les gens plus sympathiques, plus ouverts aux autres, avec une volonté de faire le bien pour la société et la planète. J’ai adoré la forme, cette succession d’entretiens où les gens contaminés livrent leur transformation. C’est un style plus vivant, qui laisse place à l’humour et à la fraîcheur. Et puis j’ai aimé découvrir ses différents portraits, de classes différentes, touchés là aussi différemment mais toujours avec autant de bienveillance - à une exception près. Bref, j’ai adoré ! (18/20)

En dépit d’une fin belle et pure, j’ai été gênée par la portée de la nouvelle d’Audrey Pleynet, Entrer en résonance. Le problème n’est pas d’imaginer des multivers où il existerait d’autres versions de chacun d’entre nous, le problème est d’anticiper et de comprendre le mal être de certaines versions, à se comparer à son “autre” et à se sentir rabaissé, mal dans sa peau, par cette impression que la vie est plus mauvaise, plus détestable, etc. D’un côté chaque humain ne sera plus jamais seul, d’un autre côté un humain peut très vite développer des complexes à voir ses autres. Comme je le disais, j’ai été très gênée par ce que cela implique. Au moins, cette nouvelle fait grandement réfléchir ! (15/20)

J'aime beaucoup ce que produit Chloé Chevalier, que ce soit roman ou nouvelle, ça n'a pas manqué avec Les Déroutés. Cela ne touchera pas forcément lecteurs de la même manière mais je me suis sentie concernée par ce groupe d'amis qui grandissent, deviennent adultes et cherchent leur voie. L'aspect science-fiction sociale en moins, ça a fait écho à mon propre parcours, ce qui m'a aidée à m'impliquer dans cette lecture. Là encore, j'ai bien aimé la forme du récit, qui rend les discussions et l'évolution de chacun plus vivants. (15/20)

L’Enfant de thérapie de Vincent Borel est loin de m’avoir plu. Enfin, elle ne m’a pas tant déplu mais je suis restée hermétique au discours du personnage. Après, je conçois qu’il y ait des notions importantes dans le développement de notre société, avec un chômage exponentiel suite à l’omniprésence de la technologie, seulement le personnage évoque tout cela avec tellement de neutralité, avec un regard si extérieur, que je n’ai jamais réussi à rentrer dedans. Un peu déçue donc. (11/20)

C’est toujours étrange de se lancer dans un texte de Catherine Dufour, qui aime les styles décalés et originaux. Bootz change de mode n’échappe pas à la règle. Le début est très étrange, avec un langage qui a suivi une certaine mouvance, une nette évolution. J’ai un peu eu du mal à rentrer dedans, le personnage ne m’intéressant pas forcément. En revanche, on rentre très vite dans le cœur du sujet, qui fait écho à la Première conversation. Dans l’ensemble j’ai bien aimé ! (14/20)

Auxi' d'Anne-Sophie Devriese m'a laissée de marbre. En fait, je trouve le concept très intéressant, poussé à l'extrême. Mais il m'a manqué un petit quelque chose pour que j'accroche véritablement. On a aucune explication sur le pourquoi du comment, ce qui est très frustrant. De plus, ça ressemble énormément à un film/livre, Never let me go, si le principe, je n'avais pas donc le bénéfice de la découverte. Par contre, j'ai aimé le regard final, où la protagoniste comprend que le don était déjà manipulé par le pouvoir en place. (13/20)

J'ai eu beaucoup de mal avec Baobab city de Philippe Curval. Autant je comprends parfaitement la notion de solidarité dans cette histoire en douceur malgré un sujet sensible, autant je ne me suis pas du tout sentie impliquée dans cette exploration. Je ne peux pas dire que ce soit un échec, mais je m'attendais malheureusement à mieux… (11/20)

J'ai bien aimé Reliance de Sabrina Calvo, même si je ne suis pas certaine d'avoir perçu toute la portée de l'œuvre. C'est très étrange de voir qu'avant de traiter l'aspect solidaire, l'intrigue autour de la science et de cette forme de transhumanisme fait preuve d'une certaine tension, dont on n'a pas été très accoutumé dans ce recueil jusqu'à maintenant. J'ai beaucoup aimé la forme de solidarité développée ici. Maintenant, il faudra probablement relire cette nouvelle pour en comprendre une nouvelle strate. (14/20)

Pour avoir déjà lu des nouvelles de Michael Roch, je savais que j'allais aimer et je ne fus pas déçue avec Les Vies de Man Pitak. J'ai grandement apprécié son traitement de la solidarité, là encore par le biais de la technologie et du transhumanisme. Sans être un crack il est nécessaire de connaître la base du vocabulaire lié à l'informatique et dans le concept de la transhumance car l'auteur creuse assez loin la question. La fin, la discussion entre le protagoniste et Hali m'a beaucoup émue, c'est voir le réseau informatique sous un angle moins péjoratif, plus positif. (16/20)

Là encore je connais Léo Henry pour ses nouvelles et je me doutais que j'allais apprécier ses idées. Un jour, tout ceci sera à toi est une ode à la douceur. On retrouve un peu l'ambiance croisée dans Les Déroutés de Chloé Chevalier, avec l'aspect post-revolution en plus. J'ai beaucoup aimé la relation entre Perle et la Vieille même si le déroulement ne laisse aucune place quant à l'issue de l'œuvre. Cela dit, la dernière phrase est magnifique et tombe sous le sens. Un petit succès, une fois de plus ! (16/20)

Je vais être brève sur De nos corps inveillés viendra à la vie éternelle de Norbert Merjagnan : je n'ai pas aimé. Manque de chance, c'est aussi le texte le plus long du recueil. En fait, j'ai très vite décroché en raison des changements de scène brutaux et des petites "chroniques" qui jalonnent le texte. A côté de ça, je ne me suis pas passionnée pour les personnages et je n'ai pas compris le lien avec la solidarité. Je suis malheureusement passée à côté… (09/20)

Même si la fin manque de surprise, j'ai adoré Éligibles de Sylvie Lainé. Pour le coup, on perçoit clairement la solidarité qui se développe autour de ce groupe composé d'inconnus qui finissent par se confier, se livrer et finalement créer des choses ensemble. Comme je le disais, la fin était prévisible, toutefois je suis contente d'avoir appris l'origine du concept de ce concours. C'est aussi une nouvelle qui montre que l'humain est capable de se concerter quand le but est de gagner quelque chose. Tiens, à bien y réfléchir, je suis curieuse de savoir si cette nouvelle communauté tiendra longtemps, après cette fin. Dans tous les cas, petit coup de cœur ! (19/20)

Et pour finir, j'ai beaucoup aimé Six faces d'un même Cube de Ketty Steward, Autriche très connue dans le monde de la nouvelle de science-fiction. Ici la solidarité arbore de multiples formes et j'ai apprécié la façon dont on découvre l'univers, l'évolution de notre société, par le biais de ces monades, forme de Pacs évolué. (16/20)

Les nouvelles sont complétées par quatre conversations disséminées dans le recueil. Ces conversations permettent d'étudier la question de ce qu'est la solidarité, thème central du recueil, sous différents angles. C'était très intéressant, d'autant plus que les participants sont vraiment partis loin dans certains exemples, permettant d'ouvrir le sujet à bon nombre de recherches et/ou lectures complémentaires.



C'est un ouvrage bien pensé, un recueil de nouvelles autour de la question aussi fondamentale que nécessaire qu'est la solidarité d'hier d'aujourd'hui et de demain. Les auteurs ont pris différents chemins pour aborder cette notion et j'ai aimé la plupart des voyages. Je relirai le recueil avec plaisir et j'en parlerai autour de moi avec plaisir !



15/20




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire