11 nov. 2025

Katie




Lorsque Philomela Drax reçoit une lettre de son riche et impotent grand-père, qui craint pour sa vie, désormais aux mains de la famille Slape, elle se précipite à son secours. Mais Katie Slape, douée de voyance, part à sa poursuite, des rues poussiéreuses d'un village du New Jersey aux trottoirs étincelants de Saratoga en passant par les quais brumeux de New York.



Pourquoi ce livre ? On ne présente plus Michael McDowell dans le coin, auteur du siècle passé remis au goût du jour en France par le travail formidable de Monsieur Toussaint Louverture. Katie est sorti depuis un an, traînait dans ma PAL depuis longtemps, et c'est à l’occasion d’Halloween qu’il en est sorti. Il est également nominé au Prix Livraddict, catégorie Horreur.

Sans y aller par quatre chemins, j’ai bien aimé ma lecture mais cette dernière est selon moi la bonne des textes traduits jusqu'à maintenant.
Katie est une jeune femme douée de prescience. Malheureusement elle ne met pas son don au service de la communauté, en raison d’une éducation très douteuse. Au contraire, elle a appris à faire le mal et adore prendre la vie de ses clientes les plus fortunées. Manque de chance, sa propre “cousine” est pauvre mais son grand-père, lui, possède un patrimoine confortable. Une rivalité va naître et durera le temps de notre lecture.

Ce n’est pas de l’horreur à proprement parler, en tout cas pas de l'épouvante - en dépit d’un prologue profondément choquant. Oui, c’est profondément gore avec des scènes trop choquantes, qui concernent tant la maltraitance animale que les meurtres obscènes. J’ai grimacé à plusieurs reprises, allant même jusqu’à gémir de dégoût - les collègues en sont témoins. L'hémoglobine est un personnage à part entière ! Heureusement entre temps, certaines scènes sont plus positives et de belles relations naissent, qui nous font oublier la violence qui se trame en parallèle.

Ça se lit très bien. L’auteur a toujours cette plume envoûtante qui nous plonge dans son univers sanglant avec délice. Pas de doute que retrouver son style est comme enfiler des chaussons…

… Sauf que cela ne suffit pas à rendre la lecture parfaite. Je ne me suis jamais ennuyée car le personnage Philo est passionnant à suivre, pour son abnégation et sa gentillesse, pour les malheurs et la bonne fortune qui s’abattent tour à tour sur elle.
Cependant l'intrigue est assez convenue, avec une cascade de faire tous plus gores les uns que les autres. L’issue de cette lecture ne laisse place à aucun doute, on voit même venir la fin assez rapidement.

J’ai été choquée par le manque de réactions et d'émotions de certains personnages. Par exemple, le noble Henry perd un proche sans que cela ne le plonge en état de choc ou dans une tristesse évidente. Il ne pense qu’à Philo et à sortir du pétrin dans lequel ils se trouvent. Cela ne me semble ni cohérent avec le personnage ni cohérent avec la nature humaine, profondément fragile.

Dans l'ensemble les personnages m’ont bien plu. Henry ne laisse aucune surprise quant à ses intentions et ses sentiments, ce qui brise un peu la magie du fameux moment. En dehors de ça, la rivalité entre Philo et Katie est fort bien menée, soulevant frissons et grincement de dents. Philomela parvient malgré tout à garder une personnalité discrète et forte, ne perdant jamais courage. Grand respect à Ella et Mme Maitland, de belles rencontres dans le parcours difficile de l’héroïne, même si j’aurais voulu des personnalités plus nuancées, plutôt que d’incarner la gentillesse-même.
Difficile de se satisfaire de la fin des Slape, la famille de Katie. Je crois que j’aurais préféré une fin plus édulcorée ou mystérieuse, qu’on n’ait pas une idée précise de leur situation. J'aurais trouvé cela plus glaçant plutôt que de savoir que la menace est définitivement écartée.




J’ai passé un bon moment de lecture, cependant l'intrigue aurait pu être davantage travaillée, avec plus de revirements inattendus de situation. Dans un style toujours aussi descriptif, le frisson est là et j’ai grimacé à plusieurs reprises face à certaines scènes très choquantes. Les personnages sont marquants, même s’ils manquent de nuances dans leur personnalité. On voit tout de suite qui sont les bons samaritains des parfaits salauds. C'était donc sympa mais ce ne sera pas l'œuvre de McDowell qui me marquera le plus - à part peut-être pour son prologue…


14/20

Katie de Michael McDowell, Monsieur Toussaint Louverture, 459 p.
Traduit par Jean Szlamowicz, Couverture par Pedro Oyarbide


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