5 nov. 2025

Les Fauteurs d'ordre




Azurée Capitolina s’est récemment emparée du conseil de Régence en s’appuyant sur l’exaspération populaire contre la corruption des élites.
À son service, le conseiller Praetor est chargé de la politique d’épuration dans le royaume. Il applique les nouvelles lois de restauration de l’ordre et de purification ethnique avec un zèle et une efficacité - redoutables. Spoliations, interrogatoires musclés, pendaisons arbitraires, intimidations… son quotidien le satisfait pleinement, convaincu qu’il est d’être dans son bon droit et d’œuvrer pour le bien commun. Et si les honneurs venaient le récompenser, ce ne serait que justice.
Mais est-il pour autant à l’abri d’un inattendu revers de fortune ? Ce pouvoir dont il est le bras armé ne risque-t-il pas de mordre – voire dévorer – la main qui le sert ?



Pourquoi ce livre ? Après une lecture mitigée, j’avais besoin d’un retour aux sources avec un auteur que j’affectionne particulièrement. Etant donné que ce n’était pas du tout prévu au programme du mois et qu’à l’heure où j’ai ressenti cette envie, on était le premier jour de novembre, j’avais besoin de quelque chose de court. J’ai donc pioché cette nouvelle, paru l’an passé.

Les Fauteurs d’ordre évoque la propagande populaire par le prisme de la haute société. Très haute même, puisque le « commissaire » que nous suivons sert en réalité la Régente même. Personnage complètement repoussant, son enquête va nous porter à la rencontre de nombreuses castes, allant de la bourgeoisie aux clercs, en passant par les gens du commun.
Evidemment, il faut lire entre les lignes avec ce genre de textes. Loin de simplement retracer les fourberies d’une époque révolue, qui comptait système de tortures et guerre d’opinions dans l’élite entre autres, l’auteur compose un tableau peu reluisant d’une société qui n’est pas sans rappeler ce qu’on peut vivre dans notre quotidien ou ce que les médias veulent bien nous relayer.

Le rythme est aussi efficace que les interrogatoires et autres entretiens, qui filent sans temps mort. Cette nouvelle se lit bien entendu d’une seule traite et mon seul regret concerne la fin, que j’avais deviné dès les premières pages. Cela n’a cependant en rien amoindri mon pli de lecture, car le chemin pour en arriver jusque-là est « délectable », tant par les mots employés que pour les idées émises. Les patronymes des personnages ne m’ont pas marquée mais les castes, elles, restent en mémoire.



Quel plaisir de savourer à nouveau le style aussi relevé et touffu que celui de Jean-Philippe Jaworski ! Cet amoureux des mots partage son savoir et n’a cesse de m’impressionner et de me passionner. Au travers de cette nouvelle, il dépeint toute un pan de la société de la Renaissance, société qu’on pourrait transposer à une époque plus contemporaine – genre, aujourd’hui. J’ai compris la fin dès le début, ce qui m’a empêché de savourer chaque moment de cette nouvelle. Intelligemment court et extrêmement percutant !


14/20

Les Fauteurs d'ordre de Jean-Philippe Jaworski, Denoël, 32 p.


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