Synopsis :
« L'ouverture est le chemin qui te conduira à
l'harmonie.
C'est en s'ouvrant que le marchombre perçoit les
forces qui constituent l'univers.
C'est en s'ouvrant qu'il les laisse entrer en lui.
C'est en s'ouvrant qu'il peut espérer les comprendre. »
Mon
avis :
La fin de cette aventure en
Gwendalavir approche, et on commence à avancer comme à regret dans cet univers
riche de découvertes et de promesses. D’un autre côté, il fut difficile de résister
aux derniers pas aux côtés d’Ellana… raison pour laquelle j’en suis à poster
cette chronique, d’ailleurs !
Cela dit en passant, l’ensemble de
cet avis risque d’être un flot de spoil donc les curieux qui n’auraient pas
encore eu la bonne idée de tomber dans la marmite des tomes précédents feraient
mieux de passer leur chemin. (Et on ne pourra pô dire que j’aurai pô prévenu !)
Si l’on doit situer cette œuvre dans
l’univers gwendalavirien, les deux premiers tomes du Pacte des Marchombres ont lieu avant les deux sagas concernant
Ewilan. Si la fin du second tome laisse présager un parallèle entre les deux
univers dans ce troisième tome du Pacte,
ce dernier va plus loin puisqu’il rapporte la vie d’Ellana quelques années
après la victoire face à la créature Amour. Des années qui furent bien
mouvementées…
Le début est tout simplement incompréhensible. Alors que
nous avions quitté une Ellana heureuse, épanouie, libre, dans le précédent
tome, voilà qu’elle se retrouve dans cette position fâcheuse, rapportée avec
tellement d’émotions et de « souffrances » par le Maître des Mots que
le lecteur se voit incapable de refreiner son angoisse, voire des larmes pour
les plus sensibles d’entre eux (*cache les trois paquets de mouchoirs vides*).
Souffrance. Qu’elle soit physique,
mentale, palpable et immatérielle, c’est cette émotion qui deviendra le fil
conducteur de l’histoire, qu’elle concerne Ellana ou d’autres personnages. Il ne
faut pourtant pas tomber dans l’idée que cette souffrance tombe dans l’obsession
macabre, car ce serait se leurrer sur le pouvoir de l’auteur. En effet, ce
dernier a eu l’intelligence d’agrandir l’intérêt de son récit par une
alternance des temps, insérant de nombreux flashbacks, sous forme de souvenirs,
pour permettre à son lecteur de faire le lien entre les aventures d’Ewilan et
le moment présent où Ellana se retrouve blessée contre un arbre. Un meilleur
moyen de faire monter la pression et le suspens pour connaître le fin mot de l’histoire,
mais également de jongler avec l’émotion de son public, nous faisant passer de
l’angoisse à la joie, de la joie à l’émerveillement, de l’émerveillement à la
tension, de la tension à l’angoisse. Des larmes aux rires, des rires aux
larmes. En d’autres termes, dans ces six cents pages on ne fait que revivre et
comprendre les termes émotion et sensation.
Ce tome, par l’intermédiaire de la
rétrospection, permet également d’étoffer l’apprentissage de Salim, devenu un personnage à part entière, plus central (et beaucoup moins lèche
botte d’Ewilan). Cela permet également à Pierre Bottero d’indiquer les
similitudes et les variations dans l’apprentissage d’un marchombre, qui quoique ressemblant restera unique. L’Anh-Ju, le Rentaï, des étapes de son
évolution qui ne sont pas sans rappeler celles d’Ellana (et du coup, on a envie
de recommencer la saga ! Cercle vicieux, bouhouhou…).
Le clin d’œil au sujet du monde des
Petits est également l’occasion de verser sa petite larme. Oukilip et Philipip
n’ont pas changé, restés insouciants et innocents malgré les ravages du temps.
Et pourtant… Pourtant, ils avaient tout prévu. Et l’émotion revient, envahit le
lecteur au triple galop.
Je n’ai pas trop envie de m’attarder
sur la fin, le combat final opposant Chaos à la Lumière. Si ce dernier nous
offre enfin la réponse quant au nombre exact de marchombres, ça n’en est pas le
plus important ici. Le plus important, c’est l’union de différents peuples,
différentes civilisations rivales dans la tradition, mais qui s’allieront pour
soutenir Edwin dans sa quête de vengeance (voilà voilà, vous en savez assez
pour avoir l’eau à la bouche sans que j’ai besoin d’en dire plus sur l’intrigue
!).
Vous l’aurez compris, cette
rétrospection permet un retour de nombreux personnages, vivants ou disparus,
vus dans les sagas d’Ewilan ou dans
les deux précédents tomes.
Ellana évolue grandement dans ce
tome-ci. Elle que l’on connaissait rebelle cynique, droite et fidèle, une
battante à qui la simple idée de tuer pour le plaisir révulse, la voilà qui se
dévoile sous un nouveau jour, entraînée par un esprit de vengeance. Prête à
abandonner en début d’œuvre, c’est finalement le goût de la vengeance qui l’emporte
sur sa faiblesse. Par ses émotions elle devient plus humaine, plus accessible,
plus à la portée de son lecteur. Mais au fond, elle reste la même, une femme
hors pair et juste.
Salim est également mis en valeur
dans ce tome. Lui qui apparaissait toujours dans l’ombre d’Ewilan, au point de
passer pour un « gentil petit toutou », le voilà ici plus mature,
plus évolué, plus solitaire également, bien que son attachement pour la jolie
blonde aux yeux violets soit toujours d’actualité. Que cela soit du à un
vieillissement ou aux progrès sur la voie marchombre, le rendu est vraiment
agréablie à lire, si on compare aux sagas sur Ewilan.
Cette dernière change également.
Elle nous apparaît moins sûre d’elle, plus fragile à cause de la fluctuation de
son don. Si cela contraste grandement face à ses sagas pour m’avoir fait tiquer
à plusieurs reprises, cela n’en reste pas moins discret et on comprend
facilement que l’auteur a voulu amoindrir son potentiel pour laisser plus de
place aux capacités des autres. Effet réussi !
Enfin Edwin, guerrier
incommensurable. S’il ne faisait déjà pas très humain précédemment au vu de son
potentiel, il nous apparaît ici vraiment comme une machine à tuer avec son
désir de vengeance et sa volonté de retrouver ce qu’il a perdu… D’un autre
côté, la douleur auquel il doit faire face l’humanise tout autant qu’Ellana, lui
qui laissait peu de place à ses sentiments auparavant, ou du moins qu’il les
cachait.
Ce tome est également l’occasion de
laisser place à Sayanel, personnage discret qui s’était davantage effacé lors
de la trahison de Nillem. Je ne veux pas en dire beaucoup sur lui, mais c’est
un personnage auquel j’accroche énormément si bien que je fus heureuse de le
retrouver dans ce tome. De plus, c’est grâce à lui que l’aventure marchombre a
commencé, il fallait bien qu’il fasse acte de présence de pour clore le
chapitre et tourner la page (si je puis dire).
Passons au style à présent. Mais que
pourrais-je révéler de plus que je n’aurai pas déjà dit ? Le style de
Pierre est de retour, toujours plus fort, au plus proche de la fluidité, la
simplicité, au service de l’émotion et de la discrétion.
Je suis tombée amoureuse de sa
plume, je crois qu’aucune autre plume ne me fera jamais autant rêver et voyager
que la sienne. Le penser est cruel, le clamer haut et fort tient du masochisme,
mais c’est comme ça…
Un dernier grand merci au Maître des Mots, et on
tourne cette fameuse page…
Pour y revenir.
Bientôt.
En conclusion, de l’émotion, de la rétrospection, de l’action. On
passe par plusieurs états dans ce dernier volet, que ce soit la joie à la
tristesse, de l’émerveillement à l’angoisse. Et toujours cette légèreté de la
plume qui nous emmène au plus profond de notre émotion. On ne peut pas rester
insensible à ces angoisses, ces pertes et ces retrouvailles. Le Pacte des
Marchombres est la saga plus aboutie de l’œuvre de Pierre, et ce dernier tome
est une de ses plus belles perles. Un coup de cœur, indéniablement.
"- Tu crois
qu’elle reviendra cette fois ?
- Tu veux dire qu’elle
reviendra pour de bon ?
- Oui, qu’elle
reviendra pour de bon.
- Euh… ça je ne
sais pas, en revanche je sais autre chose. Quelque chose que toi aussi tu sais.
- Et c’est quoi que
tu sais et que je sais aussi ?
- Elle ne nous a
jamais quittés."
Une superbe trilogie :D
RépondreSupprimerOui, une des meilleures que j'ai pu lire ;)
SupprimerBouhuhuhuhuhu :'(
RépondreSupprimer*trop d'émotions*
Non, sérieusement, lire ta chronique m'a rappelé teeeeeeellement de choses. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps avec cette trilogie, je me souviens :D J'ai relu le tome 1 d'Ewilan il n'y a pas longtemps, peut-être devrais-je continuer et me faire une relecture des 3 trilogies. Mais le problème, comme tu le dis, c'est qu'une fois ce tome fini, on a envie de retourner au début :D
Ahah, oui, l'envie comme l'émotion sont là ! ;)
SupprimerJe ne sais pas comment tu fais pour résister à la tentation de lire les autres tomes ! Moi si je commence, je m'arrête plus =D