La rivière des mots: Harry Potter, tome 7

Synopsis :

Cette année, Harry a dix-sept ans et ne retourne pas à Poudlard. Avec Ron et Hermione, il se consacre à la dernière mission confiée par Dumbledore. Mais le Seigneur des Ténèbres règne en maître. Traqués, les trois fidèles amis sont contraints et la clandestinité. D'épreuves en révélations, le courage les choix et les sacrifices de Harry seront déterminants dans la lutte contre les forces du Mal. Avec le dénouement de l'héroïque histoire de Harry Potter, J.K. Rowling signe un chef-d'œuvre d'une grande humanité et d'une maîtrise incomparable.

Mon avis :

La fin de l’année est déjà là, et qui dit décembre dit septième tome d’Harry Potter lié à la lecture commune organisée sur Livraddict.

Je tiens toutefois à préciser que cette chronique va sûrement contenir de nombreux « spoils » (vu le nombre restreint de personnes qui ne connaissent pas encore cette histoire, je ne suis pas certaine qu’on puisse ici parler de spoils), donc les concernés, méfiez-vous !

Je redoutais légèrement cette relecture, en particulier depuis que deux films sont sortis pour relater un tome unique. Avec la division des genres et des rythmes j’avais peur de m’engoncer dans un début long et redondant, alors qu’Harry et ses deux amis partent en quête des Horcruxes, cette forme de magie apparue et expliquée dans le tome précédent. Or, la longueur du film sur la première partie ne se ressent aucunement au cours de la lecture, et c’est là qu’on se dit que la littérature restera toujours meilleurs que le cinéma (mouhaha) !

Si le début prend autant le temps que les deux précédents avant de faire venir la rentrée des classes, il est très étrange de ne pas retourner à Poudlard. En effet entraîné dans sa quête des Horcruxes, Harry doit abandonner ce qui a toujours été son foyer pour chercher de façon hasardeuse des objets dont il ne connaît même pas la provenance. C’est dans ce rythme lent que progresse l’intrigue, avant de subir une brusque accélération après la seconde moitié du pavé, alors que les rencontres contre des Mangemorts se multiplient, alors que la bataille finale entre Bien et Mal approche à grands pas.

En parlant de bataille finale, je trouve celle-ci parfaite. Déjà parce qu’elle alterne les tons, entre rétrospections et explications, lenteur et accélération, combats et repos. Aussi parce qu’elle contient son lot de morts, des personnages adorés ou non, ce qui change de ces sagas où les chouchous des lecteurs sont épargnés de manière prévisible. De plus, la victoire met la totalité des individus à contribution, aucun n’est laissé là à rien faire et les petits clins d’œil aux tomes précédents se multiplient avec bonheur. Enfin, la victoire à l’arrachée s’obtient d’une façon mémorable, sans trop durer dans le temps, ce qui permet une touche d’originalité sans tomber dans la frustration de l’action manquée. Pour résumer, la fin est tout bonnement excellente.

Toutefois je souhaiterais ajouter un mot sur l’épilogue qui, à mon sens, est totalement inutile et bidon. Il bride l’imagination du lecteur et fait un rappel des précédents personnages avec niaiserie. Autant résumer par le fait que j’ai levé les yeux au ciel, ce qui est dommage car cela dénote complètement avec le plaisir pris juste auparavant.

Ainsi le récit gagne en sérieux et maturité, pour le plus grand bonheur des lecteurs les plus âgés.

Seulement, je trouve que les explications apportées à toute cette intrigue liée à la force magique d’Harry et la faiblesse de Voldemort qui en découle est très complexe à appréhender pour un lecteur qui n’aurait que la dizaine, d’autant plus que toutes ces révélations nous tombent toutes dans le chaudron en même temps, en un coup (d’ailleurs, il ne me semble ne pas avoir tout compris à ma première lecture (~~la honte !~~)).

Le plus marquant dans les personnages réside sûrement dans l’évolution d’Harry. Si on compare avec le jeun garçon timide et introverti du premier tome, doublé d’une candeur et une innocence parfois attachante, parfois niaise au point d’arracher de l’agacement, il faut refouler aux oubliettes ce souvenir pour arriver à un jeune adulte mature et en pleine compréhension de la situation précaire, fatale, dans laquelle il se trouve. Epaulé de ses deux fidèles amis, son courage et son acharnement suscitent pitié et compassion et contribuent à mener l’attachement du lecteur vers l’envolée.

L’évolution de on et Hermione, les deux fidèles amis, est également surprenante. Ron gagne en effet une personnalité plus sombre, renfermée, et plus hésitante quant à l’idée de suivre aveuglément Harry dans son combat. Certes, vivre dans l’ombre d’une célébrité n’est pas chose facile, mais ce revirement de situation en un temps si troublé a vraiment été un très bon rebondissement. De même pour Hermione, habituellement si sûre d’elle, la voilà aux prises avec le doute et les énigmes pointilleuses. Ce qui advint d’eux à la fin de la saga fut en revanche d’un prévisible détestable…

De manière plus étonnante, le passé de Dumbledore refait surface malgré sa disparition passée. Seulement, alors qu’on s’attend à un flot de gloire sur sa tombe, les mauvaises surprises vont viennent tout au long de l’intrigue, semant le doute et le chaos dans les pensées d’Harry et ses amis. En effet, le célèbre sorcier n’a pas toujours fait preuve d’un « casier » immaculé, créant stupeur et écœurement.

De manière plus étonnante encore, les révélations sur Rogue ont également apporté leur part d’émotions. Lui qui a gagné un rôle d’importance au cours des trois derniers tomes, même s’il est resté l’ingrat et le méchant inexplicable qu’on connaît depuis le début, voilà qu’il divulgue une bonne dose de larmes (et je dis ça sous plusieurs sens) qui ne nous laisserai sûrement pas indifférents. Apparaissant sous un nouveau jour, influençant notre perception par un passé lourd de solitude et d’autres choses, notre estime autour de son personnage ne peut qu’être relevée.

Le style, quant à lui, est resté fidèle à l’esprit du livre, avec une légèreté et une vivacité à toute épreuve. L’auteur rentre dans les détails de manière appréciable et la psychologie des personnages est passée au peigne fin, une chose bien agréable pour les amoureux des personnages approfondis. En bref, plus on avance dans la saga et plus le style est maîtrisé et intéressant.

En conclusion, un tome qui clôt magnifique bien la saga. Les personnages ont fini de gagner en maturité et les épreuves qu’ils traversent les rendent plus attachants encore. L’intrigue alterne zones de flou et de lenteur et brusque accélération, formant un ensemble qui surprend le lecteur au détour d’une page. Enfin, la bataille finale est tout simplement grandiose et l’auteure mêle les ingrédients de manière à ce que tout le monde soit conquis. Le seul bémol reste sur l’épilogue, superflu à mon sens. Pas un coup de cœur, mais cela aurait pu.