10 déc. 2015

La Trilogie du mal, tome 1 - L'Âme du mal


Synopsis :

            Pas plus que sa jeune acolyte, le profileur Brolin ne pense que les serial killers reviennent d'outre-tombe. Fût-il le bourreau de Portland qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de les découper. Mais le bourreau est mort et le carnage se poursuit. Le nouveau tueur agit-il seul ou fait-il partie d'une secte? Pure sauvagerie ou magie noire ?
Brolin a peur. Cette affaire dépasse tout ce qu'on lui a enseigné. S'immerger complètement dans la psychologie d'un monstre, le comprendre afin de prévoir ses crimes, devenir son double, tels sont les moindres risques de son métier. Peut-on impunément prêter son âme au mal ?

Mon avis :

            Lu dans le cadre du challenge Choisir la prochaine lecture de sa PAL, c’est la première fois que j’ai tenté une lecture de Maxime Chattam, malgré le nombre important de titres que je possède de lui. J’avais un peu peur de me lancer, puisque j’en entends beaucoup de bien et j’avais peur que la magie n’opère pas sur moi, mais je dois reconnaître que je me suis laissée porter sur la vague d’un plaisir paradoxal, au vu du contenu de ce thriller.

            Bien que ce genre ne soit pas tellement ma prédilection, j’ai tout de même eu l’impression de lire un prologue quelconque, commun à ce genre d’œuvres. En effet, dés les premières pages, le lecteur fait face à un type de mal inhérent dans notre société et, si cela réveille notre dégoût, on ne peut pas dire que nous soyons vraiment touchés, contrairement à ce qui suivra ensuite. Il faut toutefois ajouter que ce prologue, quoiqu’il n’ait pas son importance en début d’œuvre, gagne un sens à la fin de l’enquête, en nous divulguant là encore au passage son lot d’horreur.
            L’intrigue en elle-même sera vraiment éprouvante à lire. Le mal à l’état pur est mis en scène dans une intrigue haletante, prenante, où les énigmes et les indices obtenus au compte goutte chassent l’ennui comme un sourire chasserait des nuages. On vit l’enquête, on prend part à elle, on cherche autant que les forces de l’ordre le coupable parmi les suspects, allant même jusqu’à (pour ma part) conjecturer des hypothèses les plus farfelues pour mettre un nom sur la violence des crimes commis.
            Comme je l’ai rapidement fait remarquer, les indices sont extrêmement minces, parfois inexistants, ce qui ralentit considérablement l’enquête et permet d’offrir un côté réaliste à cette dernière. En effet, trop souvent j’ai lu des policiers où les indices affluaient sans pour autant que les inspecteurs mettent en évidence un lien. Or, Maxime Chattam nous offre là un tableau plus commun des enquêtes policières liées à des serial killers naissants.
            L’intrigue s’alterne parfois sur des personnages. En effet, parfois le point de vue se focalise sur Juliette, jeune étudiante en psychologie liée à un premier serial killer, souvent se focalise-t-il sur Joshua, profileur de trente ans qui compromettra son avenir au FBI dans cette enquête pour boucler le coupable. Je souhaite surtout m’arrêter sur cette alternance de profils qui permet un changement dans le rythme de l’intrigue, faisant ressortir le calme avant la tempête ou encore une intensification du suspens, de la tension. Et comme j’ai déjà pu le faire comprendre, on ne résiste pas à cette manipulation du narrateur.
            Bien sûr, c’est la fin qui gagne en intensité, entre des personnages qui se jettent dans la gueule du loup ou d’autres qui essayent de s’en échapper par tous les moyens. On a peur pour certains, on craint la réaction de d’autres, mais jamais on reste indifférent dans cette infernale horreur que nous dépeint Maxime Chattam. Et la toute fin, les tous derniers mots nous offrent toute l’horreur de la situation, enjoignant le lecteur à se procurer la suite sans attendre pour en apprendre plus sur la dernière révélation.

            Je souhaite en particulier m’arrêter sur une petite idylle qui se crée en certains personnages. Certes, dans un monde de violence, les sentiments adoucissent les mœurs mais je trouve que cela devient un topos dans le thriller et j’aurai voulu que l’auteur s’en abstienne, même s’il maîtrise le développement de cette relation de manière tout à fait convenable.

            Les personnages nous sont présentés progressivement, chacun leur tour dans le milieu.
            En premier lieu apparaît Joshua Brolin, inspecteur de police âgé de la trentaine et destiné à une carrière prometteuse au sein du FBI. On s’attache très rapidement à lui, surtout lorsqu’on sait qu’il a besoin de jeux vidéos pour évacuer la tension du travail. Cela le rend humain, presque gamin et on est pris de compassion pour lui.
            En parallèle se découvre Juliette, étudiante en psychologie et victime d’une mauvaise rencontre sur le net. Son comportement et ses connaissances en font une personne très déterminée, douée d’un esprit solidaire et, on ne peut le nier, casse-cou. Les multiples épreuves qu’elle devra traverser la rendront attachante, et là aussi le lecteur est pris de compassion, et à la fin d’un maigre espoir, pour elle.
            Autour d’eux s’englobent un foisonnement des personnages, comme à la police ou dans les contacts de Juliette, qui développent le réalisme de l’intrigue et complexifient légèrement la trame de l’histoire.
De manière plus paradoxale, l’ennemi est attachant à sa façon (et là, on se demande si je ne suis finalement pas un serial killer, moi aussi ! XD). Rejetant toute idée reçue sur les meurtriers répondant simplement à des pulsions maléfiques, le tueur nous apparaît ici comme quelqu’un de très évolué, capable d’une maîtrise littéraire et de conjectures, certes ignobles, mais qui n’en restent pas moins véridiques pour certains de notre monde. Mais là, je pars un peu loin dans mes idées, je voulais surtout dire que, étant capable de penser aussi clairement qu’un humain dit normal, l’auteur place le coupable sur un pied d’égalité avec les lecteurs puisqu’on est tous capables de penser ainsi, si bien que cela amène quelques petites rétrospections sur soi (si vous n’avez pas compris mon idée, je ne vous en tiendrais pas rigueur, j’ai moi-même eu du mal à la relecture).

            Le style est maîtrisé, alliant platitude du quotidien et tension de l’enquête, on se laisse porter sur ces alternances de rythme. Le vocabulaire, sans être trop soutenu, contribue à donner l’impression d’une grande maîtrise et d’une connaissance technique appréciable.

J’ai grandement apprécié les allusions à certains textes littéraires célèbres ou plus obscurs, cela montre déjà l’abondance des connaissances de l’auteur dans son domaine mais aussi une manière de les exploiter qui apporte une force considérable à son intrigue et resserre les ficelles autour de celle-ci.
            De plus, alors que l’auteur nous partage dans une sorte de préface son important travail de recherches sur les institutions de la criminologie américaine ou les termes plus scientifiques liés aux études des indices, toutes ces recherches apportent vraiment du positif au récit car cela procure une maîtrise exceptionnelle et un effet très réaliste, qui permet une meilleure attache encore à l’ensemble de l’œuvre.


            En conclusion, un thriller haletant où le mal s’incarne de plusieurs façons. La qualité et l’abandon des personnages face aux péripéties qu’ils doivent subir et l’intensification du rythme jusqu’à la fin entraînent un profond attachement à l’ensemble de l’œuvre. Vif, piquant, violent, une chose est sûre : on ne reste pas indifférents et la fin est une invitation à se procurer la suite. Résultat de cette lecture, j’ai une forte envie de lire le second tome. « Pire encore », je suis curieuse de me perdre dans d’autres univers de Maxime Chattam.



Les autres titres de la saga :
1. L'Âme du Mal
2. In tenebris
3. Maléfices
- Saga terminée -

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