25 mai 2018

Chroniques lunaires, tome 1 - Cinder




A New Beijing, Cinder est une cyborg. Autant dire une paria. Elle partage sa vie entre l'atelier où elle répare des robots et sa famille adoptive. A seize ans, la jeune fille a pour seul horizon les tâches plus ou moins dégradantes qu'elle doit accomplir pour ses sœurs et sa marâtre.
Mais le jour où le prince Kai lui apporte son robot de compagnie - son seul ami -, le destin de Cinder prend un tour inattendu. La forte attirance qu'éprouvent le beau prince et la jeune cyborg n'a aucune chance de s'épanouir, surtout que le royaume est menacé par la terrible reine de la Lune !
Débute alors pour Cinder une aventure incroyable, où elle découvrira que le sort de l'humanité est peut-être entre ses mains.



Pourquoi ce livre ? Cela fait quelques temps déjà que cette saga s’est inscrite dans le panorama des lectures Young Adult. Si je n’étais pas chaude pour la lire alors qu’on la voyait partout, je n’ai toutefois pas résisté à une lecture commune organisée sur le Challenge Lire ensemble tenu par Kyradieuse.

Chroniques lunaires est basée sur l’idée d’une réécriture de contes de princesses, Cendrillon pour ce premier tome intitulé Cinder. Tout le monde connaît cette histoire dans laquelle la future princesse n’est au départ qu’une servante, celle de sa belle-mère qui ne peut la supporter. C’est également le cas dans cette réécriture, où la marâtre appelée Adri tente de se débarrasser de Cinder par le premier prétexte venu, allant jusqu’à profiter de la détresse de sa propre fille Peony.
La situation à New Beijing est empirique. Une grave peste emporte une part importante de la population sans qu’un remède soit trouvé, malgré les efforts acharnés de chercheurs compétents. Quand la petite Peony, âgée de quatorze ans à peine, est touchée à son tour quand Cinder l’emmène à une décharge et que celle-ci en revient indemne, on se pose énormément de questions… Pas Adri. La belle-mère profite de cette occasion pour faire arrêter sa pupille, l’obligeant à devenir cobaye des derniers remèdes. Et les révélations découleront de ces expériences. Enfin, j’emploie le terme de « révélations » mais je dois dire que j’avais vu venir la fin depuis la rencontre de Cinder avec son chercheur attitré. Pour enfin vous énoncer clairement mon ressenti, j’ai moyennement apprécié ma lecture et le gros défaut de celle-ci provient probablement de ces tentatives de rebondissements qui ne m’ont fait ni chaud ni froid.
Le manque d’action est également à l’origine de ma déconvenue. En tant que lecteur, on passe beaucoup de temps à suivre les errances de Cinder entre divers lieux de la ville, mais rien de très rythmé, c’est plutôt la psychologie qui se développe au fil des pages et pour une fois j’ai moyennement aimé parce que cela ne débouche sur rien de véritablement concret…
Les rencontres avec le prince s’inscrivent dans le même ordre d’idées. Le prince Kai, Kaito de son vrai prénom, tombe sur elle par hasard : elle est mécanicienne, il a besoin de réparer sa gouvernante cyborg. Et bam, le coup de foudre. Je le conçois, j’aurai dû me douter que dans un conte, j’allais avoir droit à de la romance niaise mais comme je partais sur l’idée que ce serait une réécriture, je pensais que l’autrice allait dépoussiérer la vision des contes de princesses. Joli loupé…
La fin n’est impressionnante en rien. Les révélations pleuvent, probablement pour le plus grand bonheur des adolescentes qui n’avaient rien vu venir. Personnellement, je suis ressortie avec cette horrible impression de m’être ennuyée. Si, la toute dernière page m’a surprise, après tout on est lâché sur un cliffhanger, je ne pensais pas que j’assisterai à ça ici. Ca donne envie de se pencher sur la suite mais d’un autre côté, je retiens tous les autres mauvais penchants de ce premier tome et je crains de m’embourber dans une même histoire en ce qui concerne Scarlet, le second volume…

Manque d’action, disais-je, et beaucoup de romances. Celle-ci est loin d’être crédible. Cinder ne se rend pas compte qu’elle s’attache à un homme intouchable, niaise qu’elle est, quand lui refuse de voir les sentiments pour le bien du pays. Et pourtant il tente par tous les moyens d’être en contact avec elle, même si cela met tout le monde en danger. Puis la fin est ridicule, le rejet parce qu’elle est différente de ce qu’il pensait, alors qu’il l’aimait comme elle était. C’est difficile à formuler l’aider sans spolier, mais autant dire que les réactions, voire les sentiments, manquent de profondeur s’ils sont capable de les changer pour un banal statut.
De plus, le problème posé par Levana, la reine lunaire et ennemie de la Terre par nature, aurait pu être résolu dans ce tome si Cinder avait eu la bonne idée d’avouer les dernières annonces sur son statut au prince… Mais non.

Venons-en à l’univers. L’autrice se concentre trop sur la situation de Cinder et son amourette avec Kai au détriment d’un univers dans lequel on reste trop en surface. Oui, on perçoit aisément le développement technologie avec les apparitions répétitives des holoscans volants, des hovers et autres miniscans, avec l’usage des puces ID ou simplement Cinder le cyborg, que l’on découvre dès les premières pages lorsqu'elle se change un pied. Mais c’est tout. Pas de description de la ville, aucune allusion à la Terre, ses situations géographique, climatique, politique. J’ai été déçue par cette absence d’informations nécessaires pour situer l’intrigue et mieux imaginer dans quoi évoluent ses personnages.

Les personnages ne sont pas aussi mauvais que le laisse entendre mon développement. Cinder a une personnalité bien à elle, avec une divergence entre le corps mécanique et un esprit bien humain. Elle marie les deux par obligation, elle n’a jamais eu le choix quant à l’évolution de ses membres, mais tout est lié à son histoire et l’ensemble est défendu par des arguments acceptables.
Le personnage masculin est, pour une fois pour moi, un défaut dans l’intrigue. Si sa psychologie est parfaite vis-à-vis de l’empereur, donc au début du livre, je trouve qu’il oublie bien vite les nouvelles tâches qui lui incombent par son statut pour se focaliser sur son amourette avec Cinder, lui qui n’hésite pas à quitter le château incognito pour la rejoindre sur son étal. Idem, ses changements de position à la fin m’ont fait lever les yeux au ciel à plusieurs reprises.
Les autres personnages ne sont pas foule, ce que je trouve dommage dans un univers où il y avait de quoi développer des caractères intéressants. La belle-mère Adri est exécrable, tout comme Pearl qui incarne le modèle miniature de sa mère. J’ai en revanche apprécié Peony, cette adolescente qui apprécie Cinder sans pour autant renier sa famille. Ca apportait une petite nuance bienvenue dans un univers où tout est blanc ou noir. Côté royal, le conseiller Torin est là juste faire son travail, on n’a pas l’occasion de le découvrir dans des situations de loisirs, on constate simplement son air grave.
Levana, comme dans tout contes, incarne le mal absolu d’apparence si splendide, cette tentation à laquelle il ne faut pas céder. Reine des Lunaires, cette espèce a la capacité de contrôler la psyché et donc d’embellir leur physique et leurs gestes, même entre eux. Il devient alors difficile de leur résister. Levana n’échappe pas à cela, elle contrôle son peuple avec une main de fer, prête à tout sacrifice pour ne pas renoncer à son trône, voire pour étendre sa domination sur d’autres planètes. C’est un peu caricatural, surtout quand la reine pique une colère noire…
Les autres personnages ne sont que des apparitions, ce que je trouve dommage.

La plume correspond à mes attentes. Légère et entraînante, elle délivre sans accroc son intrigue. J’ai envie de dire que son rythme contraste avec l’absence d’action, ce qui n’est pas un mal : si la plume avait été lourde, je n’aurai pas probablement pas suffisamment accrochée pour parvenir au bout de ce premier tome.



Avant l’écriture de la chronique, je ne m’étais pas rendue compte à quel point mon ressenti était négatif sur ce premier opus. L’univers n’est pas assez travaillé, l’intrigue ne dégage aucun rythme, l’autrice se concentre sur la personnalité de ses personnages, les liens qui les unissent et même cela n’a pas rencontré un succès probant avec moi. En réalité, je suis surtout fâchée avec l’univers. La réécriture de conte aurait dû permettre l’implantation de plusieurs idées entièrement nouvelles dans ce genre, et Marissa Meyer s’est contentée de quelques notions de technologie, préférant se concentrer sur une romance qui peine à émouvoir. Je ressors donc déçue, sans savoir si j’arriverai à plonger le nez dans le second tome après cette déconvenue. Ce qui est certain, c’est que cela ne viendra pas avant quelques années, le temps que je digère – oublie – les mauvais détails de Cinder.



10/20




Les autres titres de la saga :
1. Cinder
2. Scarlet
3. Cress
4. Winter
- saga terminée -


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